Sang et Jade : Jewels of the Ocean

X (1)

Chapitre 10 : Un vent de liberté. (partie 1) 

Un doux cliquetis métallique résonnait : le vent, chaud et au doux parfum de litchi et de rose, faisait tinter les clochettes d'argent qui avaient été disposées çà et là, de superbes gravures, aux délicats motifs floraux, avaient été façonnées sur la surface lisse des petites et délicates cloches. Au gré du zéphyr, une mélodie unique mais éthérée s'élevait, les notes apaisaient les esprits les plus vifs, ensorcelaient ceux déjà enivrés par la beauté du paysage environnant.

Le palais de XianLe possédait nombres d'endroits aux vertus relaxantes et d'une beauté pouvant rivaliser avec les panoramas divins décrits dans de nombreux poèmes. L'un d'eux était le jardin intérieur. Pour y accèder, on devait emprunter un long couloir, fait de marbre blanc. à mesure que l'on avançait dans le couloir, un arôme délicat de fleurs parvenait aux sinus, transportant ceux qui sentaient ce parfum agréable et doux dans un monde merveilleux. La lumière extérieure, chaude, naturelle et superbe, réussissait à aveugler les passants ; si on prêtait suffisamment attention aux sons, on arrivait à déceler le chant envoûtants des moineaux aux ailes dorées, le cliquetis mélodieux des clochettes et l'écoulement paisible d'un cours d'eau. Une pancarte en bois de rose, d'un brun clair, trônait au-dessus de l'entrée du jardin.

御天园

    Jardin impérial céleste

L'on pouvait imaginer bien des choses avec un tel nom, surtout pour un jardin. Mais rien ne pouvait égaler la vision enchanteresse qui se dévoilait lorsque l'on rentrait à l'intérieur de la cour du jardin. Le lieu était auréolé d'une lumière chaude, divine ; un parfum sucré et délicat emplissait l'air, comme si l'on laissait infuser du thé blanc aux notes subtiles mais exquises de litchi, de framboise et de rose. Les rayons chaud du soleil se reflétaient sur la surface lisse de l'eau fraîche d'un étang divisé en plusieurs branches qui transportaient des carpes koï aux sublimes et singulières couleurs. Leurs écailles carmin flamboyaient, tel des rubis sous l'eau, certaines possédaient des tâches d'encre, peintes ici et là sur leurs rutilantes écailles diamants ou rubis.

Au centre de l'étang tournoyaient, avec grâce, un couple de carpe koi : l'une possédait des écailles aussi blanches que l'écume, l'autre était aussi noir que les abysses, cependant, la carpe blanche possédait un rond noir au niveau de sa tête, sa comparse sombre en avait un aussi blanc que la lune. Ainsi, grâce à leur apparence singulière et à leur danse gracieuse, éternelle, les passants, serviteurs et membres de la famille royale, les avaient nommés "Yin" et "Yang", en hommage aux croyances taoïstes, et au principe de la complémentarité de deux forces opposées : le Yin était donc la partie noire du cercle et représentait la féminité, la lune, l'obscurité et la fraîcheur, le Yang, la partie blanche, représentait la masculinité, le soleil, la luminosité et la chaleur. On ignorait si ce couple de carpe était la personnification de ce principe ancestral, mais on aimait se complaire dans cette idée.

Le sol était pavé de roches claires, grisées ; au centre du jardin se situait un petit pavillon blanc, aux tuiles dorées et ivoires, considéré comme modeste par la royauté mais qui pouvait accueillir une vingtaine de personne. à l'abri du vent et de la pluie, on y trouvait souvent refuge pour contempler la nature paisible et radieuse. C'était si apaisant que l'on pouvait oublier ses soucis rien qu'en regardant la danse langoureuse des carpes. Cependant, en ce jour pourtant ensoleillé, Xie Lian n'arrivait pas à se détendre. Sa tête était emplie de question, de soucis. Si bien qu'elle avait dû lire, au moins deux fois, la même phrase de l'ouvrage qu'elle lisait.

"Les doux soupirs du vent murmuraient à l'oreille de la princesse, lui rappelant que même les plus belles roses sont prisonnières de leurs épines. Alors que son destin se jouait dans l'obscurité d'une nuit étoilée, elle sentait son cœur battre à l'unisson des étoiles, rêvant secrètement de s'envoler vers des horizons inconnus, bien au-delà des murs du palais."