Chapitre 9

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Je n'arrive pas à détacher mes yeux de lui et il le remarque.

- Tu vas me fixer pendant combien de temps ? me surprend-il d'un ton froid.

- Oh, je suis vraiment désolé... bégaie-je en me retournant.
Je me sens honteux et mon visage rougit. Je prends rapidement mes vêtements et me dépêche d'aller vers la salle de bain. Je commence à m'habiller et à me recoiffer. Il m'a vu... Je cache mon visage entre mes mains en secouant ma tête pour essayer d'oublier ce moment gênant.

Après m'être préparé, je retourne dans la chambre pour prendre mon téléphone. Elle est de nouveau vide, mais le parfum de Brayan est toujours présent. Ça sent tellement bon, j'aimerai le sentir encore plus et encore plus près de moi.

Les autres m'attendent en bas donc je descends rapidement pour ne pas les faire attendre trop longtemps. Mme Maler arrose ses plantes pendant que Brayan fais semblant de prendre son téléphone pour ne pas me faire face. Il m'ignore encore... Mais je n'ai rien fait de mal, si ? Je décide de faire pareil malgré que cette situation m'énerve et me fais mal au coeur.

- Vous êtes charmants tous les deux, dit Mme Maler avec un sourire sincère.

- Nous vous remercions, Madame. Vous êtes aussi charmante que nous, répond Brayan en lui rendant son sourire.

  Nous nous dirigeons vers la voiture rouge de Kate et nous nous mettons en route. Je m'assois à l'arrière et Brayan est assis juste devant, à côté de Kate. Mon regard observe la vue de l'extérieur, il fait déjà nuit et tout le monde est dehors ; les rues sont animés.

- Alors les garçons, vous vous connaissiez déjà ? demande Kate en continuant de fixer la route.

Avant que je puisse répondre, mon colocataire prend la parole :

- Non, nous ne nous connaissions pas et nous n'avons pas énormément de point commun.

Cette phrase me transperce cruellement le coeur, je reste là, bouche bée, les yeux grands ouverts. Je ne dis rien même si l'envie de pleurer s'accumule au fond de ma gorge. Je sens les larmes montées mais je ne dois pas craquer. Pourquoi fait il ça...? La tristesse que je ressens se transforme peu à peu en colère.

Je le déteste.

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10 minutes plus tard :

   Arrivés au restaurant, Mme Kate réserve nos places pendant que nous l'attendons sagement dans la file. Je prends mon téléphone et vérifie s'il y a des notifications, mais je n'en ai aucune. Lorsqu'elle a terminé, nous nous dirigeons vers une table proche d'une grande fenêtre. Le restaurant est magnifique, tout est décoré et bien organisé. Il y a beaucoup de personnes assises, communiquant entre elles.

- Alors, les garçons, asseyez-vous, s'exclame Kate.

Je prends la place près de la fenêtre, Brayan est en face de moi et Mme Kate est entre nous deux.

Je suis époustouflé par la décoration du lieu. C'est la première fois de ma vie que je suis dans un restaurant si chic en étant si bien habillé.

- Bonjour Messieurs et Madame Kate, voici la carte du menu, dit la serveuse en nous distribuant les pancartes.

Je pense que ce n'est pas la première fois qu'elle vient ici, la serveuse avait l'air de la connaître. Un petit moment passe jusqu'au moment de faire un choix.

- Alors les garçons, vous avez choisi ? nous demande gentiment Kate.

Je n'ai envie de rien, même si je meurs de faim...

- Moi, j'aimerais bien prendre des pâtes au pesto s'il vous plaît, dit Brayan en posant son menu sur la table.

- Très bon choix, Brayan ! Et toi, Tyler ?

- Eh bien, je hum... de la soupe au laguiole s'il vous plaît, réponds-je le regard baissé pour qu'elle ne puisse pas remarquer mon malaise.

- Oh, tu en es sûr, Tyler ? Je ne pense pas que la soupe te coupera l'appétit, dit Kate en fronçant les sourcils.

- Non, en soi, je n'ai pas très faim, Madame, ne vous inquiétez pas.

- Si tu le dis, mais si tu as envie de quelque chose, dis-le moi.

Je hoche la tête sans rien dire tout en continuant de jouer avec mes doigts. Je jète un coup d'œil à droite puis à gauche et j'aperçois un homme qui me semble familier. Il a environ la trentaine et il me regarde d'une manière qui me met très mal à l'aise. J'essaie de l'ignorer, mais il continue de me fixer jusqu'à ce qu'il soit interpeller par une femme. Je souffle de soulagement.

- Voici vos plats ! dit la serveuse en les déposant devant nous.

- Merci beaucoup, Maggie, dit Kate.

La serveuse fait un petit geste de la tête et s'en va, nous laissant seules avec nos plats. Pour être honnête, je n'ai aucune envie de manger, même pas une bouchée, ça me dégoûte.

- Excusez-moi, est-ce que je peux aller aux toilettes s'il vous plaît ? dis-je en approchant la crise d'angoisse.

- Oui, Bien sûr. Tyler, ça va ? Tu es tout pâle.

- Oh, ne vous inquiétez pas, j'ai juste mal à la tête, j'arrive.

   Je me lève et me précipite aux toilettes. Il n'y a personne pour le moment. Je me regarde dans le miroir et je réalise que je suis vraiment blanc. Toutes sortes de mauvaises pensées me viennent à l'esprit. Je sursaute quand tout à coup la porte s'ouvre. C'est l'homme qui m'observait tout à l'heure. Il me déshabille du regard et ne dit rien. Son sourire malsain me donne un mauvais pressentiment. Je prends la décision de sortir le plus vite possible quand il attrape brusquement le bras et me plaque contre le mur.

- VOUS ÊTES FOU ! LÂCHEZ-MOI ! Je lui hurle, paniquant totalement.

Je tremble et des gouttes de sueur apparaissent le long de mes tempes. Je commence à avoir vraiment peur, très peur. Je prie intensément pour que quelqu'un vienne me sortir d'ici.

Soudain, il pose et appuie sa main contre mes lèvres. Je ne retiens plus mes larmes.

- Arrête de crier, me chuchote-il avec une voix qui me donne la nausée. Tu ne m'as vraiment pas reconnu ? On s'amusait bien, toutes les nuits, quand ton père n'était pas là.

Il vient de ranimer d'horribles souvenirs. Comment aurais-je pu oublier ce pervers et toutes les atrocités qu'il m'a fait vivre... Quand mon père partait jouer au loto le soir, il entrait dans ma chambre en lui assurant qu'il allait me surveiller. Mais ce n'était pas le cas... Il me menaçait de ne rien dire à personne.

- Ahahahhaaa, je vois bien que tu te souviens de moi. Tu n'as pas du tout changé, à ce que je vois. Toujours aussi mignon.

Il a le regard d'un lion affamé, j'ai du mal à respirer calmement. Je ne sens plus mon corps et je ne tiens plus debout. Je n'arrive pas à me débattre face lui... Je sens tout son corps se contracter contre le mien. Il s'apprête à me toucher quand la porte des toilettes s'ouvre enfin. Je suis sauvé...

Je vois Brayan entrer. Je le supplie de regarder en notre direction mais il ne réagit pas. Pourquoi ne fait-il rien ? Je pleure de plus belle, complètement à bout.

- Lâche-le avant que je te démonte le bras, finit-il par dire d'un ton menaçant mais assez calme.

- Regarde-moi, petit. Qui es-tu pour m'interrompre ?

- Je suis son petit ami, donc si tu ne le lâches pas d'ici quelques secondes, tu verras. Un petit scandale dans ce genre de restaurant et c'est derrière les barreaux que tu finiras. C'est à toi de choisir.

Il lâche violemment mon bras en grognant, puis il s'en va.

- Tu vas bien ? me demande-t-il en accourant vers moi avec un visage très préoccupé.

- Oui... ne t'inquiète pas, je vais bien, lui réponds- je en essuyant mes larmes.

- Tu le connaissais ?

Sauve moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant