jamais seul

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La nuit promettait d'être longue, vraiment très longue. Kevin venait enfin de quitter ma chambre, me laissant seule dans la pièce, le moral au plus bas. La pluie et les orages servaient d'accompagnement sonore à ma solitude. Je pris le temps d'envoyer un message à Maya pour lui raconter ce qui venait de se passer, car j'avais du mal à la joindre par téléphone. En ce moment, j'avais grand besoin de quelqu'un, et c'était avec elle que je voulais être. Mais elle devait sûrement être occupée à passer du bon temps avec les autres, et ils avaient prévu de rentrer d'ici lundi. Ainsi, je devais encore passer toute la journée de demain toute seule.

Je me couchai sur mon lit et serrai ma couette bien fort contre moi pour me réchauffer. Mes yeux étaient devenus tout humides à cause des larmes que j'essayais désespérément de retenir. Mon regard se figea vers ma fenêtre, contemplant cette pluie dévastatrice qui emportait tout sur son passage. Si seulement elle pouvait emporter aussi mes peines avec elle. J'aurais dû m'en douter, un temps aussi maussade ne pouvait cacher que de mauvaises nouvelles. Mais je n'avais pensé à tout, sauf à cela.

À une certaine heure, je pu enfin trouver le sommeil, mais j'étais plongée dans des pensées sombres, difficiles à décrire. C'était un mélange de cauchemar et de réalité. Oui, c'est ça, cela devait être un cauchemar. Je n'arrivais pas à chasser de ma tête ce qui s'était passé. Tout me revenait en pensée, comme si mon cerveau refusait d'oublier.

Dans mon rêve, tout ce qui m'entourait était triste, sombre et terne, et je me trouvais au milieu de cette obscurité. La nuit m'avait paru interminable, et je me demandais si un jour je me réveillerais. Après tout, pourquoi se réveiller ? Je n'avais pas envie de faire face à cette triste réalité, de devoir passer toute la journée seule à essayer de sourire devant des personnes, alors que, à l'intérieur, je me sentais vide. Alors, oui, je comptais passer la journée blottie dans mes draps, essayant de rêver de choses merveilleuses, car je ne me sentais pas prête à affronter tout cela, du moins pas toute seule.

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Je m'efforçais de maintenir mon esprit endormi lorsque j'entendis un bruit étrange. Il ressemblait à une porte qui s'ouvrait, suivi d'une voix féminine appelant mon prénom à plusieurs reprises. J'avais du mal à ouvrir les yeux ou à bouger pour comprendre ce qui se passait autour de moi.

« Allez, Margo, réveille-toi. Ne me dis pas que tu es morte ? » dit la voix féminine.

J'ouvris finalement les yeux pour réaliser que c'était Maya. Elle était assise près de moi sur mon lit, et derrière elle se tenait Alex. Le soulagement de les voir m'envahit, mais je me demandais encore si tout cela n'était pas un rêve. J'ai levé faiblement ma main pour toucher Maya, pour vérifier si elle était bien réelle.

« Qu'est-ce que vous faites ici ? Vous deviez rentrer demain », dis-je d'une voix faible et fatiguée.

« Ouf, tu es bien vivante », exprima Maya avec soulagement. Elle passa sa main sur mon visage, laissant une sensation de froid sur ma peau, ce qui me fit réaliser que ses mains étaient froides. « Regarde, tu as l'air si fatiguée, et tes yeux sont tout gonflés. As-tu pleuré toute la nuit ? »

Pour être honnête, je ne me souvenais même pas à quelle heure je m'étais endormie. Tout ce qui s'était passé la veille me semblait maintenant lointain. Mais ce n'était pas le cas pour la douleur qui persistait dans mon cur.

Je me levai pour m'asseoir sur mon lit, et Maya me tint la main.

« Je te prépare un café tout de suite », proposa Alex.

« Pourquoi êtes-vous rentrés si vite ? » demandai-je avec ma voix toujours aussi faible.

« Quand j'ai reçu ton message, j'en ai parlé à Alex, et il a immédiatement emprunté la voiture d'un de ses amis qui était avec nous pour nous conduire jusqu'ici », expliqua Maya.

« Vraiment, il a fait ça ? » dis-je en me penchant pour jeter un coup d'il à Alex qui préparait du café dans la cuisine. Je ne pouvais pas m'imaginer le trajet qu'ils avaient dû parcourir. Ils avaient probablement conduit toute la nuit pour arriver ce matin, et cela m'inquiétait, surtout compte tenu de la pluie qui avait duré toute la nuit.

« Tu sais, nous tenons beaucoup à toi. C'est pourquoi nous avons pensé que tu ne supporterais probablement pas de passer toute la journée seule », ajouta Maya avec un sourire réconfortant.

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Je pris le temps d'expliquer de nouveau à Maya, mais cette fois-ci avec plus de détails. Maya écoutait attentivement, tout en se demandant si tout cela n'était pas un cauchemar.

« Waouh, je ne sais pas quoi te dire, Margo », dit-elle en serrant ma main plus fort. « Je ne me serais jamais attendu à un changement aussi radical de la part de Kevin. »

Alex revint avec une tasse de café bien chaud à la main qu'il me tendit. « Tu sais, beaucoup de gens changent quand ils arrivent à l'université. Cela est souvent dû aux nouvelles fréquentations, à l'environnement, et même parfois à la solitude. Peut-être que Kevin n'a pas changé, mais qu'il a simplement décidé d'assumer ce qu'il a toujours été. »

Ce que disait Alex ne me semblait pas faux. Mais je ne pouvais m'empêcher de me demander ce qui avait bien pu se passer à son arrivée à l'université. Cela restait un mystère pour moi. Je me souviens avoir essayé d'en parler avec lui, mais il avait l'air tellement désespéré et avait du mal à me regarder dans les yeux. Mes pensées retournèrent à la soirée précédente, et soudain, une vague de culpabilité m'envahit, et je me mis à me poser des questions : avais-je été trop dure avec lui ? Et s'il était venu jusqu'ici parce qu'il avait besoin de mon aide ? Avais-je fait le bon choix en rompant avec lui de cette façon ?

Maya quitta mon lit pour se faire du café à son tour.

« Peut-être que le problème, c'est moi et non Kevin », dis-je, laissant mes pensées s'exprimer à voix haute.

« Que veux-tu dire par là ? » demanda Alex.

« Je veux dire que peut-être si nous avions eu des relations sexuelles plus tôt, il ne serait pas devenu gay. Je pense que le problème vient de moi. Je me comportais plus comme une bonne amie avec lui qu'une petite amie. Peut-être qu'il me trouvait ennuyeuse, et en plus, hier, j'ai été tellement dure avec lui que je ne lui ai pas laissé l'occasion de m'expliquer les choses. »

« Qu'aurais-tu voulu qu'il t'explique ? » demanda Maya en quittant la cuisine avec sa tasse de café. Dans sa voix, je pouvais détecter de la colère et de l'agacement. « Aurais-tu aimé qu'il t'explique comment il couche avec un autre homme quand tu n'es pas là ? »

« Tu n'es pas obligée d'être aussi dure avec elle, Maya », répliqua Alex.

« Désolée, mais il faut bien que nous lui disions la vérité », répondit-elle en me faisant face. « Et toi, Margo, tu ferais bien d'oublier Kevin. Ne l'appelle pas, ne lui envoie pas de messages, et arrête de te culpabiliser, car tu n'as rien fait de mal. Il a un homme maintenant, n'est-ce pas ? Eh bien, qu'il reste avec lui. Et toi, tu devrais te concentrer sur toi-même, car entre toi et lui, c'est bel et bien terminé. »

Je me recouchai sur mon lit pour assimiler toutes les paroles dures que Maya venait de me lancer en pleine figure.

« J'ai oublié de te dire qu'en entrant, j'ai trouvé cette clé par terre devant ta porte », dit Alex.

Je me retournai pour voir de quoi il s'agissait. « Oh, c'est un double des clés de la chambre de Maya. Kevin a passé la nuit là-bas. »

« Je trouve que tu as été trop calme et gentille avec lui. Moi, je lui aurais tout jeté au visage. Il a de la chance de ne pas m'avoir croisée en rentrant », déclara Maya.

« Et comment avez-vous ouvert ma porte ? »

« J'avais un double de tes clés sur moi », expliqua Maya. « Tu devrais te reposer maintenant. Tu n'es plus seule, on va s'occuper de toi. »

« Oui, j'ai regardé ton frigo et j'ai remarqué que tu n'avais plus grand-chose à manger. Je vais aller te chercher à manger », proposa Alex.

« Et moi, je vais chercher quelques affaires, car je compte passer la nuit ici », ajouta Maya.

Savoir que je pouvais compter sur mes amis dans une telle situation me réchauffait le coeur. Avec eux, je ne me sentais jamais seule, et j'espérais ne jamais les perdre.

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