Seule, elle était seule.
Assise sur la plage, la jeune femme ne bougeait pas, le regard perdu sur l'horizon traître qui lui avait ravi ses rêves et son amour. Une brise marine jouait dans sa longue chevelure blonde, et les nombreuses larmes versées depuis son réveil avaient tracées des sillons d'amertume sur son beau visage. Elle était seule, perdue sur une île dont elle ignorait tout. Seule avec son chagrin. Seule avec ses regrets.
Ses pensées étaient prises dans une spirale de douleur sans fin. Elle essayait de comprendre ce qui lui était arrivé. Aurait-elle dû faire d'autres choix ? Aurait-elle pu les faire ?
Depuis sa plus tendre enfance, elle avait été éduquée pour faire ce qu'on lui disait. "Sois une bonne fille, respecte la volonté de ton père." Jamais elle n'avait dérogé à cette règle. Jamais, sauf ces derniers jours.
Elle se souvenait encore du moment où ses yeux s'étaient posés sur ce beau jeune homme à l'allure altière. Immédiatement, elle était tombée sous son charme. De par sa condition de tribut, d'offrande, cet homme était condamné à périr. Elle n'avait pu s'y résoudre, alors elle avait été contre la volonté de son père en lui portant secours. Car, en elle, une vérité avait supplanté tout le reste : elle l'aimait. Il avait dit l'aimer, lui aussi, et voulait même s'engager plus sérieusement avec elle. Alors, elle l'avait accompagné, tournant le dos à tout ce qui avait été sa vie, tournant le dos à son père. Et aujourd'hui...
Aujourd'hui, elle se retrouvait seule, abandonnée par celui qu'elle aimait sans même en comprendre la raison. S'était-elle à ce point fourvoyée ? Et qu'allait-elle devenir, perdue comme elle l'était ? Tout retour en arrière lui était désormais proscrit. Si elle revenait vers son père, son sort serait scellé, et il ne serait pas enviable.
Elle était désemparée, ne sachant plus quel chemin emprunter. Elle ne pouvait que rester là, assise, scrutant l'horizon avec encore l'espoir, faible et désespéré, que son amour reviendrait vers elle, qu'il ne l'avait pas laissée là pour toujours.
Les minutes s'étaient peu à peu transformées en heures. Longues, affreusement calmes, uniquement troublées par le clapotis des vagues. La jeune femme fini par se relever, les jambes flageolantes, les yeux rouges et secs, le cœur en miette. Seule, elle était seule.
Elle se détourna de cet horizon maudit et se figea en apercevant une silhouette masculine en haut de la plage. Son cœur meurtri eut un regain d'espoir. Non, elle n'était pas seule ! Il était revenu la chercher. Il l'aimait !
Elle courut vers l'homme, pleine de soulagement et d'une énergie nouvelle, mais, en arrivant à sa hauteur, elle déchanta brutalement. Un inconnu aux cheveux d'or se trouvait là, à la place de son aimé. Alors, elle sentit des larmes poindre de nouveau et ne chercha même pas à les réprimer.
L'inconnu l'observait en silence et lui adressa un sourire. Il émanait de lui une sensation de puissance et de calme. La jeune femme se sentit soudain apaisée malgré son chagrin et la douleur vive qui lui comprimait la poitrine. L'homme lui tendit la main et une voix grave résonna jusque dans les tréfonds de son âme.
«Sèche tes larmes et suis-moi, Ariane. Je t'emmène sur le Mont Olympe et tu vas devenir l'épouse immortelle d'un dieu.»
Ariane prit alors la main de Dionysos et le suivit.
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Comme une plume au vent
RandomBienvenue dans ce patchwork de textes. Ici la poésie côtoie le théâtre, la prose se mêle aux rimes, et l'imaginaire se joue de la réalité. Ici, c'est le monde des mots. Des mots pour rêver, des mots pour s'émouvoir... les mots d'une petite plume vir...