(Texte) Crépuscule

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Elle venait tous les jours, annonciatrice du début de la nuit, cette lumière crépusculaire à nulle autre pareille. Assise dans le salon, Catherine l'attendait avec une impatience grandissante. C'était le moment de la journée qu'elle préférait. La nuit qui succédait au jour par l'intermédiaire de cet instant fugace. Un moment incertain baigné d'une lumière aux couleurs pastel délicates.


Autour d'elle, la pièce baignait dans la pénombre. L'épais rideau qui occultait la fenêtre ne laissait passer qu'une lumière diffuse, à peine suffisante pour distinguer les contours des meubles et des objets qui habillaient la pièce. La jeune femme n'avait pas besoin de le voir pour savoir que, dehors, le ciel se paraît de belles couleurs oranges et violettes. Petite, elle admirait toujours le coucher du soleil avec ses parents. Elle se demandait alors si le ciel était semblable où que l'on se trouve autour du globe. Ou si, comme elle le supposait, il revêtait différentes nuances en fonction du climat et de l'altitude. Elle se demandait à quoi il pouvait ressembler vu du haut d'une montagne, ou vu d'une plage du Pacifique.


Mais le temps avait passé. Elle avait changé. Ces questions-là, elle évitait de se les poser dorénavant. Elle n'en connaîtrait de toute façon jamais la réponse. Elle était condamnée à rester cloîtrée chez elle comme une prisonnière. Sans espoir d'évasion. Sa vie était menée par une routine immuable maintenant.


La lumière ambiante déclinait de plus en plus vite : il n'en restait maintenant plus qu'une trace incertaine avant que la nuit ne s'installe tout à fait. Catherine se leva alors et souleva le rideau. Ses yeux se perdirent dans le dernier rai de lumière qui mourut presque aussitôt. Elle soupira, déçue de ne pouvoir admirer que la fin du crépuscule. Mais heureuse tout de même de ce que ce moment annonçait : l'occasion de sortir.



Elle se dirigea vers la porte d'entrée et l'ouvrit en grand. Seul l'éclat lumineux de la lune brillait maintenant. Les étoiles, encore un peu pâlottes, apparaissaient unes à unes, timidement. Catherine prit une grande inspiration et tendit l'oreille, à l'écoute des bruits que lui charriait la nuit. Puis, elle referma la porte et partit, comme tout bon vampire, à la recherche de son repas.

Comme une plume au ventOù les histoires vivent. Découvrez maintenant