Fébrile, Marianne prit une grande inspiration avant de frapper à la porte du bureau de son professeur.
"Entrez ! " Répondit une voix étouffée par l'épaisse porte de chêne qui ouvrait sur l'antre du professeur Emilie Cardant, jeune doctorante en Lettres dont le sujet de thèse portait sur la correspondance romantique au 18ème siècle en France.
Le Professeur Cardant avait la réputation de ne pas être tendre avec ses étudiants. Elle n'acceptait aucun retard, aucune excuse au travail non fait, et encore moins le manque de curiosité, pourtant nécessaire dans tout parcours étudiant. Elle n'était pas, vous l'aurez compris, l'enseignante favorite des étudiants de la faculté, toutefois Marianne, étudiante en première année de Master Lettres Modernes, appréciait cette prof peu commune avec qui il était généralement facile de discuter après les cours magistraux.
La jeune fille entra, un épais paquet enveloppé de toile cirée dans les mains.
- Bonjour Professeur, fit-elle avec enthousiasme.
Petite brunette aux traits volontaires, Emilie leva les yeux de son ordinateur pour les poser sur son étudiante, à peine plus jeune qu'elle. Elle lui fit signe de prendre place en face d'elle.
- Bonjour mademoiselle Castido, que puis-je faire pour vous ?
Nerveuse d'excitation, Marianne posa le paquet sur le bureau, en face d'Emilie qui attendait la suite.
- Professeur, l'autre jour j'ai du vider la maison de mon grand-père, vous savez celui dont je vous avait parlé, l'historien d'art. En triant les papiers de son bureau, j'ai trouvé cela dans un tiroir. Je pense que cela pourrait vous intéresser. Ce sont des lettres adressées à une peintre de la région peu connue, Rosalie de la Priardière, dont mon grand-père s'était fait spécialiste. Elles sont toutes signées GD. Je pense qu'il s'agit de Gustave Deschamps, Professeur.
Emilie tiqua à la mention du nom du célèbre romancier, dont les œuvres étaient un grand classique du Romantisme.
- Sur quels éléments avancez-vous une pareille théorie ? Gustave Deschamps est certes connu pour avoir été grand amateur de correspondances en tout genre, mais aussi pour l'amour inconditionnel qu'il vouait à son épouse. Et elle ne s'appelait pas Rosalie, mais Anabelle.
- Oui, je sais bien Professeur, mais attendez de lire ces lettres. Il y a des détails très troublants dedans qui ne laissent pas beaucoup de place au doute. De plus, vous vous souvenez du tableau de Rosalie de la Priardière dont j'avais parlé pour illustrer mon travail sur l'exagération romantique ? Le dernier de sa carrière ? On y voit la silhouette d'un homme, un écrivain en pleine nature, cherchant l'inspiration créative.
- Cela pourrait être n'importe qui mademoiselle Castido. Pourquoi penser à Gustave Deschamps ?
- Parce que, justement, il se trouve dans un champ. Et on peut voir un village en arrière fond. J'ai fait quelques recherches après avoir lu ces lettres, et ce village ressemble étrangement à celui où se trouvait la maison de campagne de Gustave Deschamps. Village qui se trouve à moins de trente kilomètres de celui de Rosalie de la Priardière. Étrange, non ?
Marianne affichait un sourire satisfait tandis qu'Emilie prenait une mine pensive.
- Très étrange, en effet. Il semblerait que votre théorie ne semble pas si fantasque. Montrez-moi ces lettres et voyons ce qu'elles ont a nous apprendre sur ce mystère.
Marianne ouvrit le paquet de toile cirée, qui laissa apparaître une série de feuillets manuscrits. De son sac, elle sortit une chemise et l'ouvrit.
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Comme une plume au vent
RandomBienvenue dans ce patchwork de textes. Ici la poésie côtoie le théâtre, la prose se mêle aux rimes, et l'imaginaire se joue de la réalité. Ici, c'est le monde des mots. Des mots pour rêver, des mots pour s'émouvoir... les mots d'une petite plume vir...