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Des idées en tout genre se bousculent dans ma tête. Que dois-je faire ? M'enfuir, lui dire d'aller se faire foutre, l'insulter, le frapper, pleurer... Je suis complètement perdue. Mon cœur bat à la chamade et pour cause, jamais personne ne s'était comporté de la sorte ça avec moi. Une partie de moi voudrait disparaître sous terre comme une petite souris, tandis que l'autre aimerait lui rentrer dedans et l'envoyer balader. Mes membres tremblent, ma respiration s'accélère. Je dois faire quelque chose. Mes jambes tentent un demi-tour, mais mon caractère l'emporte sur la raison. Il est trop tard. Je redresse le menton, bombe le torse et me tiens droite comme un piquet.

- Mais tu te prends pour qui, au juste ? C'est quoi ton problème ?

Charles se pince nerveusement la lèvre, visiblement agacé par mes paroles. Si un simple regard pouvait tuer, je serais déjà morte. Ses yeux bleutés me transpercent, j'ai l'impression qu'il se retient de me découper en morceaux. Bon sang, mais qu'est-ce que j'ai fait pour qu'il me haïsse autant ? Il fronce les sourcils et avance d'un pas, réduisant la distance qui nous sépare.

- Et toi ? Tu oses insulter ceux pour qui tu travailles ? Tu ferais mieux de rester à ta place. Auquel cas, je serai contraint de me passer de tes services, si tu vois ce que je veux dire.
- Quoi ? Mais je ne t'ai même pas insulté !
- Tu me traites de menteur ?

Je me décompose et tente de garder mon sang-froid. Je ne peux pas me permettre de perdre ce travail, j'en ai désespérément besoin. D'un autre côté, je ne peux pas laisser ce salopard me traiter comme une moins que rien. C'est affreux, je ne sais plus quoi faire. Les émotions ne tardent pas à me submerger et mes yeux s'humidifient malgré moi. Manifestement, mon état ravit mon ravisseur qui m'observe avec un rictus moqueur. Je ne peux pas pleurer, pas devant lui. Je retiens mes larmes de toutes mes forces lorsque, soudain, la sonnerie d'un téléphone brise le silence. Charles fouille dans sa poche et en extrait l'appareil. Il me jette un regard mauvais et quitte la pièce.

Je m'effondre aussitôt. Ma gorge se noue et les larmes coulent à flots le long de mes joues. C'est un véritable enfer. Moi qui pensais avoir trouvé le job idéal, me voilà forcée de subir le harcèlement de cette pourriture. Dois-je prévenir Alice ? Et si elle ne me croyait pas ? Je pleure de plus belle, à tel point que je n'entends pas la porte à ma droite s'ouvrir.

- Noa ? Tu vas bien ?

Je me tourne et aperçois Antoine dans l'encadrement de la porte. L'air inquiet, il s'approche de moi et penche légèrement la tête sur le côté comme le ferait un petit chiot. L'attention me touche, mais je m'interdis de lui dire la vérité.

- O-Oui, je vais bien.
- Pas d'après ce que je vois. Qu'est-ce qui ne va pas ?

Je dois trouver un mensonge, et vite. Je cogite quelques instants et finis par dire d'une voix tremblante.

- C'est mon chat. Elle est malade, je me fais du souci pour elle...

- De quoi souffre-t-elle ?
- Elle ne mange plus depuis quelques jours...
- Tu as pu l'emmener chez le vétérinaire ?
- Oui, oui. Ce n'est pas grand-chose... Elle s'est fait attaquer par un chien, elle est encore un peu secouée. Elle devrait manger à nouveau d'ici quelques jours...
- Je vois... Je comprends.

J'essuie mes larmes tout en fixant le sol. Ma capacité d'adaptation m'épate moi-même. Je ne me serai jamais cru capable d'inventer une histoire crédible en si peu de temps. Je finis par lever les yeux et aperçois le regard d'Antoine. Celui-ci est empli d'une telle compassion que j'en ai le souffle coupé. Je m'en veux d'avoir menti.

- Si tu as besoin de rentrer chez toi pour passer du temps avec elle, vas-y. Tu n'es pas obligée de rester ici.

- Non, ça va aller !

- Tu en es sûre ?
- Oui oui, merci Antoine.

Je hoche la tête et lui offre un sourire maladroit. Il me sourit en retour et recule de quelques pas vers la sortie.

- Bon, très bien. Si tu as besoin d'aide, je serai dans ma chambre.

Il s'en va et me laisse la. J'inspire un grand coup et reprends doucement mes esprits. Tout n'est pas encore perdu. Charles n'est que la pomme pourrie du panier et je ne le laisserai pas me déstabiliser. Un élan d'espoir m'envahit. Je vais garder ce job !  

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 11, 2023 ⏰

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