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La porte s'ouvre et, alors que je m'attends à être jugée et dévisagée par des regards haineux, je réalise en ouvrant les yeux qu'il n'y a personne en face de moi. Alice referme derrière nous tandis que, pour ma part, j'avance de quelques pas pour balader mes yeux dans toute la pièce.

Je n'en reviens pas ! C'est énorme ! Un immense escalier se tient face à moi, comptant environ une vingtaine de marche et se séparant en deux pour déboucher sur un seul et même couloir. Mon attention se porte tantôt sur les magnifiques chevaux carbrés en bois sculpté qui se tiennent fièrement en bas des 2 rampes, tantôt sur le splendide vase chinois qui trône sur une petite table au milieu des 3 escaliers.

Ébahie par tout ce luxe, je baisse la tête et contemple la tapisserie sous mes pieds. Il n'y a aucune tâche, aucun signe d'usure. Toute cette pièce est absolument immaculée. J'ai l'impression qu'elle brille de mille-feux.

- WOUAH, Alice ! Ta baraque c'est un château !
- Oh, c'est un peu vieillot.

Dit-elle alors que je me tords le cou pour tenter d'admirer le lustre colossal qui pend au-dessus de nos têtes. "Vieillot" ? C'est tout ce qu'elle trouve à dire ? Je m'apprête à la sermonner lorsqu'elle se met à hurler, me faisant sursauter sur place.

- MAMAAAAAN ! MA COPINE EST ARRIVÉE !
- Hé... t'étais pas obligée de crier.

Moi qui pensait encore pouvoir faire une entrée discrète... Tous mes espoirs viennent d'être réduits à néant. Je me dandine d'inconfort, à moitié cachée derrière Alice qui attend visiblement que sa mère vienne nous rejoindre. Des bruits de talons claquant durement contre le sol raisonnent jusqu'à mon oreille, se rapprochant dangereusement du hall dans lequel nous nous trouvons.

- T'es sûre que ça va aller avec tes parents ?

Elle n'a pas le temps de répondre. Une splendide créature se tient à présent devant nous et je dois faire tous les efforts du monde pour ne pas loucher sur sa belle paire de miche. Putain, elle ne ressemble pas du tout à Alice ! Elle s'approche de moi et m'offre un sourire si chaleureux que je sens mon cœur tambouriner dans ma poitrine.

- Tu dois être Noa, c'est ça ?
- O-oui.
- Enchantée, moi c'est Catherine.

J'ai le feu aux joues ! Je ne m'attendais pas à voir un canon pareille ! Catherine est une belle blonde d'1m75 environ. Elle porte un adorable petit tablier qui dissimule en partie son col roulé et la jupe en gabardine qui met en valeur ses courbes. Maintenant que je la regarde avec attention, je note une similitude entre la couleur de ses yeux et celles d'Alice. Un bleu presque iréel, tant il est captivant.

Vu comme ça, elle n'a franchement pas l'air d'une coincée du cul, ni même d'une raciste. Je m'en veux d'avoir pensé qu'elle le serait peut-être. Catherine tapote légèrement son tablier, se débarrassant de l'excès de farine qui s'y était accumulé.

- Les enfants ?! Venez dire bonjour à l'amie de votre sœur !

Les enfants ? Bon sang, c'est bien ce que je craignais. Je vais devoir gérer une bande de monstre surexcités, en plus de devoir nettoyer cette maison qui m'a l'air absolument immense ! Je fixe la porte vers laquelle sont censés sortir les diablotins et aperçoit une petite tête blonde qui m'observe de loin. Sa mère lui fait signe de venir et il s'approche, l'air un peu intimidé avec une manette de PS4 à la main.

Mon Dieu ce qu'il est CHOU ! Le portrait craché de sa mère, à l'exception de ses adorables petites boucles qui lui tombent devant les yeux. À en juger par son apparence, je dirais qu'il avoisine les 15 ans. Heureusement pour moi, il n'a pas du tout l'air d'un petit délinquant. J'ai tellement envie de tirer sur ses grosses joues !

- Et bien ? Tu ne te présentes pas, mon fils ?
- Pardon, Madame. Je m'appelle Louis, enchanté de faire votre connaissance.

Dit-il d'une voix distincte et parfaitement clair. Wow, on ne joue plus dans la même catégorie ! Autant Alice est une fille comme les autres mais assez coincée sur les bords, autant son petit frère est beaucoup plus maniéré et n'a rien à voir avec elle. On dirait qu'ils n'ont pas reçu la même éducation ! Catherine sourit fièrement en regardant son fils tandis que je me penche un peu pour être à sa taille. Il ne doit mesurer que 5 cm de moins que moi.

- Bonjour, moi c'est Noa. Je suis aussi enchantée de te rencontrer, Louis.

Il s'empourpre et je ne peux m'empêcher de sourire d'avantage. On dirait qu'ils ne reçoivent jamais personne dans cette famille !

- Allez, tu peux retourner jouer. Va chercher ton frère !

Hochant la tête, le blondinet s'éloigne et repart par où il était arrivé.

- Quel âge il a ton frère ?
- 16 ans. Il va bientôt en avoir 17.
- Ah bon ?! J'étais persuadée qu'il en avait 15...
- Il fait plus jeune que son âge, tout le monde le lui dit !

Ne sachant plus trop où regarder, je décide de me rabattre sur le porte-manteau à ma droite pendant qu'Alice entame une conversation avec sa mère.

- Papa rentre quand ?
- Aucune idée ! Il est avec Charles chez le garagiste.
- Ok !

"Charles" doit être l'un des frères. Louis, Charles, Alice... leur prénom ont vraiment une connotation bourgeoise. Soudain, alors que je me demande quel âge peut avoir Catherine, un autre de ses fils fait son apparition. Il s'approche de nous avec un grand sourire et j'écarquille les yeux en découvrant son visage.

- Mais... c-c'est...
- Son frère jumeau. Je m'appelle Antoine. Enchanté, Noa.

Dit-il avant de me serrer la main. Merde ! Jamais Alice ne m'avait mentionné le fait qu'elle avait un frère jumeau ! Les mêmes cheveux bruns, les mêmes boucles, les mêmes tâches de rousseur, les mêmes yeux cérulés. Mon regard ahuri les fait rire tous les trois et, pendant un instant, j'en veux à Alice de ne m'avoir rien dit à ce sujet.

- Tu aurais pu me le dire !
- Comment ? Tu me vois dire en pleine conversation "Ah au fait, je ne te l'ai pas dit mais j'ai un frère jumeau !"
- ...Non, mais quand on parlait de nos familles.
- Je n'y ai pas pensé. Désolée !

C'est à peine croyable. Je n'en reviens pas. Si Alice est effectivement très belle, lui aussi est vraiment beau. Donc en plus d'être fortunés, ils ont tous un physique hors du commun. J'ai l'impression d'être dans un livre. Un livre où je suis la Bête qui s'est infiltrée dans le château de la Reine et de ses enfants.

- Au fait, maman, Noa peut manger avec nous ce soir ?

Hein ? Quoi ?! Je lâche la main d'Antoine et les agite nerveusement devant moi pour leur faire comprendre que ce n'est pas la peine. Bon sang ! En plus de me cacher des choses, maintenant elle se permet de m'inviter sans m'en parler.

- Non, non, ne vous dérangez pas pour moi. C'est gentil mais...
- Oh mais tu ne nous dérange pas ! Je ne sais pas à quelle heure va rentrer mon mari et je ne peux malheureusement prendre aucune décision sans lui. Quitte à l'attendre, autant manger avec nous.

Pincez moi, je rêve. Alice, je te hais !

La famille MontfortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant