Mes doigts saisissent avec hésitation la poignée de porte. Je sens l'angoisse courir dans mes veines, mon coeur s'emballer à toute vitesse. Je sais que je n'ai pas le droit d'entrer dans cette pièce mais la curiosité est bien trop forte. Je ne tiens plus. La porte s'ouvre dans un grincement sonore, me laissant apercevoir cette fameuse chambre, celle de Charles. J'y découvre un lit, un bureau, une bibliothèque, un petit coin muscu... Rien de bien surprenant, en fait. Cette pièce est impeccable, quelle arnaque ! J'ai peine à y croire ! Tout ce cinéma pour rien ? Je jette un oeil sur l'étagère sur ma gauche et m'approche de sa collection de livres. Science, physique, anatomie... Classique. À force de fouiller, je finis pourtant par en tirer un dont la couverture sombre attirer mon attention.
- "Déviances sexuelles du mâle humain" ? Mais qu'est-ce que c'est que ce machin ?
J'ouvre immédiatement le bouquin pour en découvrir le contenu mais m'arrête aussitôt. Une plainte à peine audible parvient à mes oreilles... Alertée, je me fige et cesse de respirer pour savoir si il s'agit, ou non, de mon imagination. Une nouvelle plainte, cette fois-ci je ne rêve pas !
- Ai...dez... moi...
La surprise me fait lâcher le livre. Bon sang mais qu'est-ce qu'il se passe ici ?!
- Il y a quelqu'un...? Où êtes-vous ?! Dis-je, affolée et perdue.
La voix raisonne à nouveau, plus faible que la fois précédente. Bordel, j'ai l'impression qu'elle est juste devant moi. Reculant d'un pas, j'observe rapidement la bibliothèque, persuadée que les bruits proviennent de derrière celle-ci. Je pousse le meuble qui coulisse et révèle une pièce inconnue dont l'odeur forte vient me piquer les narines. Il y fait tellement sombre que je ne vois presque rien. Je tâtonne pour trouver une quelconque source de lumière et tombe nez à nez avec une personne aussitôt la pièce éclairée. Mes yeux s'arrondissent à la vue de cette jeune femme complètement nue, ligotée, blessée, immobilisée par de solides chaînes. Elle semble épuisée, son regard cerné me supplie de lui venir en aide. C'est un vrai cauchemar ! Cette vision d'horreur me paralyse et ses blessures apparentes me provoquent des nausées. Je détourne le regard et aperçoit malgré moi une table jonchée d'instruments médicaux, eux-mêmes recouverts de sang séché. Mes yeux s'écarquillent d'avantage. Est-ce Charles le responsable ? Peu importe, il faut que je la sorte de là !
- J-Je vais vous aider...!
Je me rue vers elle et tente de la libérer mais la panique me rend encore plus maladroite que je ne le suis. Je m'embrouille, m'agace, me maudit d'être aussi gourde. Les larmes commencent à me brouiller la vue, rendant l'opération encore plus délicate. Il faut absolument que je la sauve, merde !
- En voilà des manières, Noa.
Cette voix familière me tétanise sur place. Je n'ose même pas me retourner. En levant les yeux, j'aperçois la demoiselle qui tremble et s'agite pour tenter de défaire ses liens. Ça y'est, je vais mourir, je le sens.
- Il me semblait qu'Alice t'avais prévenue. Personne ne rentre dans ma chambre. Mais, maintenant que tu y es, j'ai bien peur sur tu doives y rester. C'est dommage, mes parents t'appréciaient.
Je me retourne avec lenteur, posant mes prunelles humides sur l'auteur de cette abomination. Il se tient là, droit, avec un sourire cruel qui me glace le sang. Il s'approche et je recule, percutant rapidement le mur derrière moi.
- Allons, du calme. J'irai doucement avec toi, je te le promets.
- Non ! Ne m'approche pas !! AU SECOURS !Il me saisit brutalement par le col et je pousse un hurlement d'effroi.
******
Je me réveille en sursaut, encore perturbée par ce que je viens de vivre. Tout ceci n'était qu'un mauvais rêve ? Ouf. J'ai vraiment cru que j'allais y passer... J'attrape mon téléphone et pousse un petit cri en y lisant l'heure. 7h46 ! Je suis en retard !! Pourquoi ce fichu réveil n'a-t-il pas sonné ?! Je quitte mon lit à toute vitesse et me rue dans la salle de bain pour m'habiller. Bastet miaule de l'autre côté de la porte, réclamant sa dose de croquettes.
- Ouii, ça va. DEUX SECONDES.
Lui dis-je avant de quitter la salle de bain pour rejoindre la cuisine et récupérer sa gamelle dans laquelle je verse négligemment une bonne dose de croquettes. Je m'empare de mon sac et dédale aussitôt en direction de l'Université. Heureusement, la route est plutôt tranquille mais je finis par tomber sur une voiture d'auto-école qui, malheureusement pour moi, roule au ralentis. Je me retiens de balancer des injures, me remémorant mes heures de conduite et le stress que j'ai pu ressentir quand quelqu'un s'amusait à me coller. Je parviens à le dépasser et grillé la limitation de vitesse sans me soucier une minute des conséquences. J'arrive en entière jusqu'au parking et court pour rejoindre l'amphithéâtre. Lorsque j'ouvre la porte de la salle sans toquer, le professeur me fusille du regard.
- Ce n'est pas la première fois que vous êtes en retard, Noa. La prochaine fois vous serez exclue de mon cours.
- ...Pardon, monsieur...J'halète comme si je venais de courir un marathon et cherche Alice du regard. Vu ses grands yeux écarquillés qui me fixent, je ne mets pas bien longtemps à la trouver. Après avoir fermé la porte d'entrée, je pars la rejoindre. Elle chuchote et rouspète pour me gronder comme une petite fille.
- Bon sang, Noa... Évite de te faire exclure !
- C'est pas ma faute, mon réveil n'a pas sonné...!
- Tu dis toujours ça...
- Mais c'est vrai ! Mon téléphone déconne.
- Alors change le !
- On est pas tous plein aux AS j'te signale !Elle roule des yeux puis devie son regard. Je la sens discrète, presque intimidée. Bizarre... Ça ne lui ressemble pas.
- Qu'est-ce que tu regardes ?
Je bouge légèrement la tête et aperçois un jeune homme que je n'avais encore jamais vu. Mince, pâle, avec de longs cheveux bruns, voire corbeau, négligemment attachés en ce qui semble être une demie queue de cheval. Le reste de ses cheveux tombent en cascade le long de son dos.
- C'est qui ? Attends une minute... Tu le mate ?!
- CHUUUUT. Ne dis pas n'importe quoi !Ma discrétion légendaire interpelle ledit jeune homme qui tourne très légèrement la tête pour nous observer du coin de l'œil. Il est assez loin mais je parviens à distinguer la couleur grisée de ses iris. Voilà qui n'est pas commun. Je m'apprête à lui faire un signe de la main mais Alice m'en empêche en maintenant mon poignet sous la table.
- Arrête, Noa ! Tu es folle !
- Mais quoi ? Tu sais qui c'est ?
- N-Non. Enfin... Il suit le même programme que nous mais, de ce que j'ai compris, il n'était encore jamais venu assister aux cours. C'est la première fois qu'il vient.
- Sérieux ? Je te trouve bien renseignée...
- Mais non ! C'est une étudiante qui me l'a dit !
-Mouaiiiiis.Je lui tire la langue puis tente de me concentrer sur mon cours. Mes yeux s'attardent sur le nouveau. Je me demande pourquoi il n'était encore jamais venu jusqu'à présent... Il faudrait que je le lui demande.
(Beaucoup de retard cette fois aussi. Je m'en excuse. N'hésitez pas à laisser des petits commentaires, ça me fait super plaisir à chaque fois 😁)

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La famille Montfort
Genel KurguNoa cherche désespérément du travail pour payer ses études. Aucune opportunité ne se présente jusqu'à ce qu'Alice, sa copine de la fac, ne lui propose de venir travailler chez elle en tant que femme de ménage. La jeune métisse accepte sans réfléchir...