La famille Montfort

8

Ding-Dong ! Le gong tant attendu sonne la fin du cours. Cette douce mélodie me ferait presque ronronner de plaisir... Mais à peine ai-je le temps de me redresser qu'Alice me saisit l'avant-bras, plus fermement encore que la fois précédente. C'est fou cette force qu'elle peut avoir quand elle s'y met ! Je râle tout en gigotant sur place pour tenter de me libérer.

- Hé ! À quoi tu joues ? Le cours est terminé !
- Reste ici, Noa ! Je sais très bien ce que tu comptes faire... Tu veux aller voir le nouveau et me mettre dans l'embarras !

Merde, pourquoi faut-il qu'elle lise en moi comme dans un livre ouvert ?! Évidemment que je veux aller l'attraper. Je pourrai faire sa connaissance, le cuisiner, lui faire comprendre qu'Alice en pince pour lui... Endosser le rôle de Cupidon et devenir l'Amie Indispensable pour Alice, celle qui lui aura permis de rencontrer l'homme de sa vie. Je m'imagine déjà avec mon cocktail en main et mes lunettes de soleil, adossée dans un fauteuil tout en cuir à lui dire "C'est tout naturel voyons, hinhin..."

Mais malheureusement cette douce utopie a prit fin avant même d'avoir vu le jour. Ça craint... Je pousse un soupire d'exaspération et me libère de son emprise.

- Pfff... Adieu, douces lunettes... dis-je à voix haute devant l'incompréhension d'Alice qui préfère ne pas relever.

Nous descendons les marches de l'amphithéâtre et je manque de trébucher, bousculée par une personne qui se trouvait derrière. Heureusement Alice me rattrape, non sans queques difficultés.

- Hé ! Attention !
- Pousse-toi, tu me gêne. Réponds une voix féminine que je reconnais entre mille.

Justine... J'aurai du m'en douter. Quelle garce celle là ! Je peste à voix basse tandis qu'elle se rue vers le nouveau pour le saluer et l'entraîner avec elle en dehors de la pièce. En un clin d'oeil elle avait déjà disparue.

- Bon sang mais pourquoi elle te déteste autant ? Me demande Alice.
- Parce que c'est qu'une connasse ! Voilà pourquoi ! Elle est comme ça depuis l'école primaire en plus.
- Vous vous connaissez depuis la primaire ?
- Oui, figure-toi. Et déjà à l'époque elle s'amusait à se foutre de moi avec sa biatch de copine. Crois-moi qu'elle ira direct en Enfer celle-là.

Sur ces mots plein de sagesse, je replace mon sac sur mes épaules et me rends à mes autres cours. Viens ensuite l'heure de manger et je retrouve Alice à la cafétéria. Las, je me saisis d'un plateau sans grande conviction.

- Ça te dis de sécher les cours cette après-midi ?
- Quoi ?! Tu es folle, Noa !
- Calme-toi, je déconne ! Rohlala ce que tu peux être scolaire...

J'observe les fruits sans grande conviction jusqu'à ce qu'une main vienne saisir la manche de mon sweat pour me tirer. Je tourne la tête et surprends Alice quasi collée à moi, me pressant pour partir. Je jette un regard par-dessus son épaule et y découvre le nouveau dans toute sa splendeur. Tiens tiens tiens ! Quelle surprise... En voilà une aubaine ! C'est l'occasion où jamais.

- Salut ! Ça va ? Lui dis-je le plus naturellement possible, un grand sourire aux lèvres.

Ses iris cendrées se posent sur moi, comme si il se demandait si la question lui était directement adressé. Je soutiens son regard mais Alice fonce tête baissée pour s'enfuir, renversant au passage son plateau dans un fracas assourdissant. Non mais quelle nouille ! J'affiche un petit sourire gêné pour m'excuser et va aider Alice qui semble à deux doigts de s'évanouir.

- Bon sang Noa, il fallait que tu lui parles...!
- Arrête d'être soupe-au-lait, c'est peut-être l'homme de ta vie et tu ne le sais même pas ! 

Elle soupire et nous ramassons le contenu de son plateau pour aller le jeter. Au final, elle n'a rien voulu manger et j'ai dû faire des pieds et des mains pour qu'elle arrête de me bouder.

L'après-midi bien entamée, nous allons à la bibliothèque pour, je cite, "Réviser parce que faire l'andouille c'est bien mais réussir son année c'est mieux." Tu parles d'un plan foireux... J'attrape un livre sur la littérature anglaise pour me donner bonne conscience et commence à prêter attention aux alentours. Une odeur très agréable vient titiller mes narines. Je renifle discrètement comme un chien en chasse et suis ma petite piste qui me conduit tout droit jusqu'au... nouveau. ENCORE ! Mince alors, j'ai l'impression d'être dans ces romans débiles pour ados. Je vais bientôt apprendre que c'est un vampire suceur de sang ou un loup-garou sanguinaire. Comment peut-il sentir si bon, d'ailleurs ? J'ai l'impression que c'est son shampoing... Remarque, avec des cheveux si longs, il doit en mettre une sacré dose. Maintenant que j'ai l'occasion de le voir d'un peu plus près, je comprends l'intérêt que lui porte Alice. En plus d'avoir de beaux et longs cheveux corbeau, il n'a pas l'air vilain du tout. Je ne dois pas être bien discrète car il se retourne et m'adresse la parole.

- Je suis désolé.
- Hein ? Désolé ? Mais de quoi ?
- Ah ! Te voilà ! Roucoule soudainement Justine qui sortait de nulle part.

Non mais je rêve ! Tout mais pas elle ! Sa tronche de cake m'irrite à un point... Avec ses yeux en amendes et sa bouche en cœur, elle a l'air d'une vraie dégénérée. Et je ne parle pas de ses affreuses chaussures aux embouts pointues... Sérieux, qui porte des chaussures oranges à notre époque ? Il affiche un sourire en direction de Miss "J'ailescuissesgrandesouvertes" et je me taille aussi vite que je suis venue pour rejoindre Alice. Je m'assieds dans un long et profond soupire avant de lui dire.

- À quelle heure je viens chez toi ce soir ?

(Beaucoup de retard mais vous avez l'habitude maintenant, haha. Est-ce que vous aimez Justine ? Moi pas du tout 😂 Bonne année 2023 à tous !)