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Alors que je passe en revue toutes les choses possibles et inimaginables qu'il pourrait y avoir dans la chambre interdite -c'est comme ça que j'ai décidé de l'appeler- nous nous retrouvons, Louis et moi, au rez de chaussé, nez à nez avec son paternel que je n'avais pas vu venir.

Prise de court, je me tends et affiche un sourire crispé. Je suis particulièrement mal à l'aise mais, à ma plus grande surprise, l'homme qui se tient face à moi ne semble ni acariâtre, ni orgueilleux. Au contraire ! C'est une personne affable qui m'accueille avec un large sourire.

- Bonjour ! Tu dois être Noa ? Enchanté, je suis Jean-François.

À peine ai-je le temps de réagir qu'il me serre la main avec vigueur. Je reste un instant bouche-bée, frappée par sa gentillesse. Mince alors ! Cette famille est-elle aussi parfaite qu'elle le laisse paraître ? Pas un seul mouton noir dans ce beau troupeau ?

- En-Enchantée, Monsieur.
- Je vois que tu as fait connaissance avec Louis. C'est un-...
- Papa, j'en fais quoi de ce machin ?

Coupé dans son élan, le père de famille se retourne, révélant la personne qui se trouvait derrière lui. Mes prunelles curieuses se plantent dans celles de l'inconnu et je constate avec stupeur qu'il ressemble énormément à Catherine, lui aussi.

- Je te présente Charles, mon fils-ainé.

Alors c'est lui le fameux "Charles" ? Me voilà déçue. Il n'a absolument rien d'anormale, si ce n'est la couleur de ses yeux qui, comme pour ses frères et soeurs, est d'un bleu absolument magnifique. Grand, plutot pâle, légèrement musclé, cheveux mi-longs et ondulés... Un bon fils à papa par excellence. Il me dévisage puis fronce légèrement les sourcils. Peut-être qu'il n'était pas au courant de ma visite ?

- Moi c'est Noa.

Je lui souris mais n'obtient aucune réponse de sa part. Il continue de me lorgner comme si il n'aimait pas ce qu'il voyait. Mince, c'est quoi son problème ? Je déglutis d'inconfort puis, après ce qui me semble être une éternité, Monsieur daigne enfin prendre la parole.

- Enchanté, Noa ! Tu dois être l'amie d'Alice ? J'espère que tu te plairas ici. Mes frères peuvent être pénibles mais je m'en occuperai si ils te posent problème.

Louis rétorque aussitôt qu'ils n'ont pas besoin de lui tandis que, pour ma part, je souffle intérieurement. Je pensais être tombé sur un cas mais, finalement, il n'en est rien ! Je me demande quand même ce que Charles cache dans sa chambre... Peut-être que je pourrai le lui demander un jour.

Mes muscles se détendent et je souffle un bon coup. Voilà une bonne chose de faite ! Alice et sa mère ne tardent pas à nous rejoindre dans le salon et je retourne aussitôt auprès de mon amie dont la présence me réconforte.

- C'est bon, tu as fait le tour ? Me demande Catherine, les poings sur ses hanches enfarinées.
- Oui !
- Parfait. J'ai invité Noa à dîner pour que nous puissions faire plus ample connaissance.
- C'est une excellente idée, chérie.

J'affiche un petit sourire timide sans trop savoir où me mettre jusqu'à ce qu'Alice ne prenne la parole.

- C'est bon, maman ? On peut aller dans ma chambre ?
- Oui c'est bon. Je vous appellerai au moment de mettre la table.

Ouuuuf ! Nous voilà sortie d'affaire. Je m'empresse de suivre Alice pour regagner sa chambre. A peine ai-je le temps de rentrer que je m'affale à moitié sur son lit, épuisée par ce trop plein d'émotions.

- Tu vois ? Je t'avais dit que ça irait !
- Ouais ouais... Mais tu aurais pu me prévenir avant de m'inviter à manger !
- Ça va... De toute façon tu vas passer beaucoup de temps ici maintenant.
- Beaucoup de temps, beaucoup de temps... J'te signale que tes parents ont toujours pas prit leur décision !
- T'en fais pas pour ça.

Je l'observe du coin de l'oeil puis écarquille les yeux en voyant qu'elle commence à sortir ses cours.

- Bordel, Alice, mais qu'est-ce que tu fais ?
- Ben quoi ? T'as oublié l'évaluation de demain ?
- Mais t'as pas besoin de réviser !
- Bien sûr que si ! Je ne veux pas avoir en dessous de 15.

Mon Dieu... La soirée s'annonce palpitante. Frustrée, je me lève et commence à fouiner dans ses étagères à la recherche d'une éventuelle console. Je ne tombe que sur des livres... Et sur une clarinette.

- Tu n'as pas de consoles ?
- C'est pas trop mon truc.

Résignée, je retourne sur son lit et sors mon téléphone portable. Hors de question de réviser quoique ce soit ! Je me promène sur Facebook puis ose demander à Alice.

- Au fait, pourquoi la chambre de ton frère est toujours fermée à clé ?
- Celle de Charles ?
- Ouaip.
- Il n'aime pas qu'on y aille.
- Mais pourquoi ?
- Aucune idée. Personne n'y met jamais les pieds, pas même mes parents.

Putain, ça devient dingue cette histoire ! Même Catherine et Jean-François n'y vont pas ! J'ai envie de lui poser plus de questions mais je ne veux pas passer pour une fouineuse. Tant pis. Je finirai bien par savoir tôt ou tard...

[...]

Une bonne heure plus tard, la voix de Catherine raisonne à l'étage.

- À taaaable !

Alice et moi descendons les premières, suivie de Louis et d'Antoine. Finalement, la table est déjà mise ! J'observe son contenu avec envie puis me tourne vers Catherine.

- Je peux aller me laver les mains...?
- Oh mais oui ! Juste là.

La remerciant, je m'éclipse pour aller dans la cuisine. J'allume le robinet puis savonne frénétiquement mes mains lorsqu'une voix murmure derrière moi.

- Alors c'est ça. De toutes les copines d'Alice, il fallait qu'elle nous ramène une basanée...

Médusée, je tourne la tête et aperçoit Charles, appuyé contre l'encadrement de la porte. Il me fixe d'un oeil mauvais, arrogant et dédaigneux au possible. Ce n'est pas possible, je dois être en train de rêver.

- ...Pardon ?

La famille MontfortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant