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- Alors, ta recherche d'emploi ? Ça donne quoi ?

Je détache les yeux de mon bouquin et soupire. Cette question me met toujours mal à l'aise. J'ai vraiment du mal à trouver du travail et les quelques entretiens que j'ai réussi à obtenir n'ont abouti à rien. Lasse, je ferme mon livre et porte toute mon attention sur ma voisine. Son regard compatissant me fait presque mal au cœur.

- C'est pas top. Je commence un peu à désespérer...

Alice est une très bonne amie. Nous nous sommes rencontrées en 1ère année de licence d'Anglais et nous sommes inséparables depuis. Contrairement à moi, elle ne fréquente que très peu de personnes. Tout le monde sait qu'elle est une gosse de riche qui n'a jamais eu besoin de travailler. Pour cette raison, beaucoup la méprisent. Certains vont même jusqu'à la qualifier "d'hautaine", ce qui est totalement faux.

N'étant pas du genre à juger les gens sur la taille de leur porte-monnaie, je suis allé vers elle en voyant qu'elle était souvent seule. Nous nous sommes liées d'amitié et, depuis quelques semaines, Alice m'écoute râler à propos de mes problèmes sans jamais se plaindre. Elle ne s'en rend peut-être pas compte mais elle m'est d'un grand soutien.

- J'devrais p'tet tenter McDo mais ça me branche pas du tout. Tu taff jusqu'à pas d'heure et en plus t'es sous-payé.

Alice me regarde sans rien dire puis commence à tripoter les plis de sa jupe. Cette attitude étrange ne m'échappe pas et lorsque l'interroge du regard, elle s'empourpre.

- Euh... T-tu sais... Mes parents partent souvent en voyage et... comme ils vont bientôt partir en Egypte, ils... comment dire... i-ils cherchent quelqu'un pour entretenir la maison.

J'écarquille les yeux face à cette proposition. Je n'arrive pas à y croire ! Alice m'offre du travail sur un plateau ! Ma réaction semble la déstabiliser car je la sens qui panique.

- M-mais ne crois pas que je te considère comme une femme de ménage, hein...! C'est juste que tu m'as l'air désespérée et mes parents payent plutôt bien leurs employés... Bien plus qu'au McDo en tout cas...

Je lui offre un grand sourire et la prend dans mes bras. Elle sursaute face à cette prise d'initiatives mais se laisse faire quand même. Je suis tellement heureuse que je ne me contrôle pas.

- Merci Alice ! Merci, merci, merciiii. Tu me sauves la VIE. Ce serait pour faire quoi exactement ? Le ménage ?

La relâchant délicatement, je recule et me replace dans ma chaise. La pauvre est rouge comme une tomate !

- O-oui. Le ménage, les courses, le repassage, la cuisine...
- Ah ouaiiiis. Vous voulez une esclave, quoi. Ça va, j'ai la couleur de peau qu'il faut !

Elle ouvre grand les yeux et je lui assène une tape amicale sur l'épaule. Elle et l'humour... ça fait deux.

- Déteeeeends-toi, je rigole ! Et puis métisse ça compte qu'à moitié.

Je la vois qui rigole et se détend petit à petit. La pauvre Alice n'est pas encore très à l'aise avec mon humour décalé.

- Bon et j'dois passer un entretien ou quelque chose ?
- Non, pas la peine. Je parlerai de toi à mes parents ce soir et je te tiens au courant demain. De toute façon, ils ont du mal à trouver.
- Ah ouais ?
- Hm-hm.
- Et ta baraque elle ressemble à quoi ?
- Euh... ben c'est une maison, quoi.
- Roooooh ! Tu exagères !

Le prof vient d'entrer dans la salle et nous cessons de parler. J'aimerai bien continuer mais Alice est du genre studieuse. Impossible de lui parler pendant les cours, auquel cas elle sera stressée de ne pas avoir tout suivi.

L'heure passe à toute vitesse et il en va de même pour le reste de la journée. Il est 17h30 quand je passe le portail de l'établissement. Comme toujours, Alice rentre avec son chauffeur personnel. Je n'ai jamais vraiment vu à quoi il ressemblait étant donné qu'il porte constamment des lunettes de soleil. Je sais simplement qu'il est chauve. Je lui dit au revoir et monte dans ma petite Peugeot 206. Elle ne paie pas de mine mais c'est une bonne voiture.

Il me faut une quinzaine de minutes pour rentrer chez moi. Je vis dans un petit studio avec ma chatte, Bastet. A peine ai-je le temps de franchir le seuil de la porte qu'elle miaule comme une folle en trottant vers moi.

- Ouiiii ouiiii, j'arrive.

La vilaine marque immédiatement son territoire en se frottant consciencieusement sur mes chevilles jusqu'à se laisser tomber sur le côté comme une patate.

- Franchement t'abuses. Tu te frottes deux secondes et ensuite tu tombes comme une grosse. Hein t'es grosse ? Heiiiinn ?

Dis-je en caressant frénétiquement son ventre. Elle se tortille comme une souris prise au piège puis se lève d'un bond pour aller dans la cuisine. Madame la Déesse a faim. Je rempli sa petite gamelle avant de rejoindre le salon pour allumer ma Nintendo Switch. Ce soir, je n'ai pas de devoirs ! Autant en profiter pour attraper un max de Pokémons.

Je ne vois pas le temps passer mais un SMS m'oblige à faire une pause dans ma chasse intensive. C'est Alice.

- Coucou Noa ! Mes parents sont d'accord et veulent te rencontrer dès demain. C'est bon pour toi ?

Bon sang, elle n'a pas perdu de temps ! Je lâche complètement ma manette et attrape mon téléphone pour y taper frénétiquement.

- Pfiouh, comment t'assuuuuures. Ouais, c'est bon pour moi. Attends, t'as pas des frères et sœurs, toi normalement ?
- Si. Ma grande sœur est au Canada et mes trois frères sont à la maison, même si l'aîné sort beaucoup.
- T'AS 3 FRÈRES ?
- Oui mais ne t'inquiète pas. Ils sont gentils et puis moi je serai là ! 😁 
- Okok, on se voit demain. Encore merci, Alice !

Je repose mon téléphone et réfléchit un instant. M'occuper d'une maison est une chose mais gérer des gamins en est une autre... J'espère qu'ils ne vont pas me causer trop de problèmes. Quoique, je ne sais même pas quel âge ils ont...Boarf. Je verrai bien demain ! J'ai hâte d'y être en tout cas.

La famille MontfortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant