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- Quoi, t'es sourde en plus ? Toi. Comprendre. Ce. Que. Moi. Dire ?

Il ricane face à sa propre blague, me laissant sans-voix. Mon coeur tambourine à toute vitesse dans ma poitrine alors que j'essaie de me remémorer la définition exacte de "basanée". Ce terme désigne une personne de couleur ou au teint bronzé, mais... Il me semble que c'est péjoratif. D'autant plus que, venant de Charles, ça sonne vraiment comme une putain d'insulte. M'a-t-il vraiment attaquée ? Peut-être pas... Mais là, il est en train de me parler comme à une débile, ce qui me déplaît fortement. Abasourdie, c'est à peine si j'ose lui répondre.

- J-...
- Où est le pain ?! Balance soudainement boucle d'or qui vient de faire son apparition.

Louis ! Mon Dieu, grâce à lui je vais pouvoir m'éclipser. Je fouille la pièce du regard et lui tend hâtivement le pain après m'être essuyées les mains. J'essaie de ne rien laisser paraître mais je crois bien être encore sous le choc. D'ailleurs, Louis semble l'avoir remarqué puisqu'il me lance un regard appuyé, perplexe.

- Ça va, Noa ?
- Oui, ça va. Viens, on y va !

Il hoche la tête et nous traversons la cuisine. Arrivée à la hauteur de Charles, je garde la tête haute et l'ignore royalement. Tiens, prends ça espèce de connard ! Si tu crois m'intimider, tu te fourres le doigt dans l'oeil ! J'arrive dans la salle à manger, réprimant un soupir de soulagement en constatant qu'Alice m'a gardée une place auprès d'elle. Je la rejoins rapidement puis souris à Antoine qui se trouve juste en face de moi. 

Le fils aîné finit par faire son apparition et se place juste à côté de son frère, face à Alice. Génial... Catherine tend un couteau à viande à son mari qui se redresse pour couper la pièce de bœuf. Avec tout ça, je n'avais même pas prêté attention à ce que nous allions manger ! Rosebeef à l'ail, pommes de terre rôties et haricots verts. Voir toute cette bonne nourriture me réchauffe le coeur... Ça et le fait qu'ils ne soient pas vegan. 

- Quand est-il de la voiture, chéri ?
- Il va falloir compter une semaine de réparations et encore, j'ai réussi à négocier. La prochaine fois ne compte pas sur moi pour te tirer d'affaire, Charles.

Tandis que je me demande si Alice aura une voiture elle aussi, Charles attrape une corbeille de pain qu'il me tend avec un large sourire. 

- Tu veux du pain, Noa ? Ose-t-il me dire comme si de rien était. 

Je n'arrive pas à le croire ! Il se fout de moi ou quoi ?! J'ai envie de lui demander quel est son problème mais je ne peux pas. Pas maintenant. Coincée, j'affiche un petit sourire forcé tout en secouant négativement la tête.

- Non, merci. 

Qu'est-ce que ça signifie à la fin ? D'abord le regard méprisant quand il m'a vue pour la première fois, maintenant ça... Jean-François me sort brutalement de mes pensées après que Catherine m'ait servie une généreuse portion de pommes de terre.

- Alors, Noa, tu as des projets après tes études ?
- Oh, euh, oui. J'aimerai beaucoup être professeur d'anglais. 
- Super, c'est un beau métier ! Charles pourrait t'aider, il est devenu bilingue après son voyage aux Etats-Unis. 

Charles esquisse un léger sourire en coin ce qui a le don de m'agacer. Lui, m'aider ? Non merci ! Bien décidée à balancer une pique, je réponds calmement. 

- Alice est une excellente élève, elle m'aide déjà beaucoup. Je ne voudrais pas interférer dans les problèmes de Charles avec sa voiture. 

Tout le monde rigole suite à ma remarque, sauf le principal concerné. ET TOC ! Plutôt mourir que de laisser ce cinglé m'apprendre quoique ce soit. 

Le reste du repas se passe sans encombre. Les parents d'Alice me pose quelques questions sur ma vie et mes hobbies, tandis que Charles, lui, ne cherche plus à m'adresser la parole. Tant mieux. Après avoir fini le dessert qui était tout bonnement délicieux, j'aide tout le monde à débarrasser. Une fois terminé, je me rends dans le hall suivie d'Alice puis m'adresse timidement à Catherine.

- Encore merci pour le repas, c'était vraiment bon ! 
- Oh, ce n'est rien ! Alors, chéri, qu'est-ce que tu en dis ? Demande-t-elle en se tournant vers son mari.
- J'en dis que tu peux commencer dès demain, Noa ! Avant que nous partions en voyage, nous te montrerons en quoi consistera ton travail ici.
- V-Vraiment ?! Merci beaucoup !

Wouah, je n'arrive pas à le croire ! Non seulement je venais de manger comme une Reine, et maintenant ils m'offraient le taff ! Que demander de plus ? Alice me sourit comme pour me dire "je te l'avais dit" et ouvre la porte d'entrée où Edouard nous attend. Depuis combien de temps est-il là, d'ailleurs ? 

- A tout à l'heure, maman ! J'accompagne Noa jusqu'à sa voiture. 
- Très bien. A très bientôt, Noa !
- Au revoir !

Alors que j'effectue un petit signe de la main pour dire au revoir à tout le monde, j'aperçois Charles qui me toise depuis les escaliers, les bras croisés contre sa poitrine. Finalement, je commence à croire que ce travail va s'avérer bien plus difficile que prévue...

(Et voici la suite avec beaaauucoup de retard ! Je m'en excuse. N'hésitez pas à voter et à laisser des commentaires, ça me motive pour écrire la suite ! :D)

La famille MontfortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant