Chapitre 8 : Pardonne-moi, maman

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JEUDI 15 MARS 2007.

Ça ne peut pas continuer. Ça ne peut pas continuer. Ça ne peut pas continuer.

Compliqué de se rendre à l'école quand on sait qu'une journée remplie d'insultes et d'humiliations nous attend. C'est ce que Will Redd se répétait en boucle chaque matin de cours.

- Je ne veux pas y aller ! suppliait-il à Mathilde Charpentier, sa voisine, qui l'emmenait tous les jours à l'école.

Malgré ses beaux discours sur la confiance en soi, Mathilde ne parvenait jamais à calmer Will, régulièrement en pleurs par frayeur.

- Souviens-toi, ne fais pas attention au remarques des autres et à ce qu'ils peuvent penser de toi. Reste toi-même. Ils sont juste jaloux car tu es spécial, et pas eux...

Ce n'étaient que des mots tout droit sortis de la bouche d'une sage-femme difficiles à transformer en actes.

Mais en ce 15 mars 2007, quelque chose semblait clocher chez Will, plus que d'habitude.

Il se préparait tout seul une dizaine de minutes pendant que Mathilde l'attendait dans le salon, prenant un café avec Miranda Redd (qui trouvait comme excuse pour ne pas emmener son fils à l'école qu'elle commençait à 7H30, en même temps que Will. Or, c'était faux : Miranda arrivait au lycée Quartier à 8H00).

Au fond, Mathilde savait que Miranda mentait, mais pauvre gosse, il ne fallait pas le laisser avec cette folle ! Tant qu'elle pouvait être disponible, elle faisait le nécessaire pour prendre soin de lui, comme toutes les mères devraient faire.

Miranda Redd avait aussi une peur bleue pour se rendre dans la cave de sa maison. Pourquoi ? Mathilde l'ignorait.

La cave était vide, il était rare qu'elle soit visitée.

- Le travail se passe bien en ce moment ?

Discuter avec Miranda s'avérait extrêmement compliqué : elle décrochait rarement la parole, ses pensées, toutefois, furent vastes en mots, comme « Peut-elle fermer son clapet ! » ; « J'ai envie de l'égorger avec ce couteau de cuisine. » ; « Sa vie n'intéresse personne, moi y compris. » ... Mais il fallait pour Mathilde faire la conversation pendant que Will se préparait.

7H16. Will descendit timidement les escaliers, sac sur le dos et alla rejoindre sa mère et Mathilde finissant leur café sous une tension électrique concrète.

- Je suis prêt, tante Mathilde, dit-il l'air de prononcer un discours à un enterrement.

Mathilde se leva d'un bond suivi par le regard glacial de Miranda ne la quittant pas. Elle enfilait son manteau qui était sur le porte-manteau à côté de la porte d'entrée, agrippa la main de Will, et sortit de la maison sans oublier les bonnes manières (elle voulut les éviter) :

- Merci pour le café, Miranda, remercia-t-elle d'un ton sonnant clairement comme de l'hypocrisie. Will, dis au revoir à ta maman.

- Bonne journée maman, à ce soir (il lui fit un signe de la main, sourire manquant).

Miranda répliqua :

- Oui, c'est ça, oui.

7H28, devant l'école primaire.

- Dis Mathilde, pourquoi maman me déteste ?

Dans la voiture de Mathilde, Will n'osait pas sortir, voyant déjà les regards mesquins de ses autres camarades.

- Will, ta mère est très occupée au boulot (baliverne), elle t'aimes plus que tout au monde (elle n'aime personne), elle est juste débordée. Les adultes et leurs problèmes, tu sais...

Will à la soirée des enfersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant