Chapitre 10 : Renvoi

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SAMEDI 8 SEPTEMBRE 2007.

Une portière claqua. L'eau de levier de la maison des Redd se coupa brusquement.

Miranda Redd faisait la vaisselle ce jour-là, mais le boucan venant du dehors l'interpella et elle ne put rester concentré sur sa corvée. Elle décida de jeter un œil à la fenêtre, voir qui pouvait bien faire autant de vacarme à neuf heure du matin. Ce fut une immense surprise de voir quatre hommes embarquant des canapés et des armoires à l'intérieur d'un camion.

- Ce canapé, je le reconnais... Mais que font-ils ces imbéciles ? se demanda Miranda en posant son torchon sur son épaule droite.

Le camion était garé juste en face de la maison de Mathilde Charpentier, celle-ci tenant un lourd carton d'affaires personnels qu'elle mit dans le coffre de sa voiture (elle le referma par la suite).

Miranda comprit, mais en même temps, elle ne parvenait pas à se rendre compte de ce qu'il se passait actuellement : Mathilde Charpentier était en train de déménager.

Un trou se forma dans son esprit.

Qui allait s'occuper de Will ?

Ce trou avait pu être refermé grâce à Mathilde et hors de question de s'occuper de ce bâtard, de contacter une nounou... que faire alors ?

La forcer à rester.

Sans la moindre hésitation, Miranda sortit de sa demeure, avec une expression de mécontentement (enfin, n'avait-elle pas toujours l'air mécontente ?), et accéléra vers Mathilde Charpentier qui lui apparut de dos.

- Hé !

Mathilde, discutant avec un déménageur, se tourna vers sa voisine. Elle discerna sa grogne, sa bonne humeur s'envolant aussitôt qu'elle l'eut vue.

- Alors, vous pensiez partir en me laissant seule avec ce cinglé ? dit Miranda, sur un ton mélangeant agacement et fausse joie.

- Ce cinglé, c'est votre fils. Et oui, je m'en vais. Il y a bien trop de mauvaises ondes ici. Je pars dans le sud, là où au moins je sais que je ne vous reverrai pas, retoqua Mathilde, l'air fière d'elle (fière de se débarrasser de ce poison qu'était Miranda Redd).

Miranda eut un rire hystérique, en réaction Mathilde resta neutre, les bras croisés (elle était tellement habitué à sa folie), puis continua, non sans menaces :

- Sale traînée, vous n'avez pas le droit de me...

- De vous laisser prendre vos responsabilités de mère ? Oh, mais évidemment que j'en ai le droit ! Estimez-vous heureuse que je n'ai pas appelé les services sociaux, qu'on emmène Will dans une famille d'accueil, pour être élevé comme chaque enfant mérite de l'être. C'est de votre faute s'il est comme ça.

- Ma faute ? (Elle eut envie de frapper sa voisine, de la poignarder, de la tuer, mais elle se reteint) Ah, mais prenez-le, mettez-le en famille d'accueil, mettez-le dans une poubelle, je n'en ai rien à faire, mais ne dites pas que ses crises sont de ma faute ! J'aurai su ça, je l'aurai éventré à sa naissance. Vous pensez peut-être que je voulais avoir un enfant à dix-huit ans ? Vous pensez que j'avais le contrôle de ce qu'il allait devenir (un monstre) ?

Mathilde n'en croyait pas ses oreilles. Quelle mère parlerait ainsi de son enfant !

- Si vous voulez mon avis, je crois que c'est plutôt vous le monstre, Mme Redd.

D'une réaction que l'on aurait pu présumer compréhensible dans d'autres circonstances, Miranda décida simplement de gifler violemment sa voisine.

« Elle ne l'a pas vu venir celle-là ! Elle s'en souviendra. », pensa victorieusement Miranda.

Will à la soirée des enfersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant