Chapitre 1 : Blocus

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18 JANVIER 2019.

Près du centre de Gonze, grande ville située dans le Nord au patrimoine historique attirant chaque année de nombreux touristes, une chasse après quatre adolescents s'amorçait.

À 6h51 précisément, le gérant d'un hôtel deux étoiles avait supplié la police à venir se débarrasser de ces délinquants ayant volé ses poubelles de l'extérieur dans le but précis de bloquer l'entrée du Lycée Sébastien, ce vieux bâtiment fabriqué en pierre existant depuis plus d'un siècle et ressemblant à un gigantesque parlement de plus de trois étages doté de couloirs immenses et interminables, baignant dans l'héritage de la ville.

Les adolescents traversèrent un pont au-dessus d'un lac, les roues des poubelles causant de gros bruits sourds sur le sol en bois à faire réveiller les habitants dans les immeubles, puis ils coururent jusqu'à l'emplacement du lycée, installant énergiquement et sans discrétion les poubelles contre le portail.

Les rues étaient endormies, le soleil pas entièrement levé et les lampadaires encore allumés, s'éclairant dans la pénombre.

Chaque membre du groupe porta une capuche pour ne pas se faire démasquer. Gaëtan, le dirigeant du groupe, un adolescent de seize ans assez petit pour son âge et aux dents du devant avancées faisant ressortir ses lèvres, mais ayant la langue bien pendue, finit de contourner l'un des barreaux du portail avec le reste de son scotch malgré la présence juste derrière celle-ci de M. Bélanger, le concierge de l'établissement, essayant péniblement avec une mine désespérée retirer les morceaux de scotch recouvrant le portail à l'aide d'une cisaille.

- Oh, merde les gars, les flics sont là ! s'alarma Damien, un des acolytes.

- Mais je pensais qu'ils allaient arriver plus tard ! La dernière fois, c'était le cas ! prétexta Gaëtan, observant deux voitures de police arriver à toute allure sur les routes encore désertes. On se taille ! (Gaëtan, Damien et Bill prirent immédiatement la fuite, laissant inachevée leur planification.)

Non, ça ne pouvait pas se produire. Pas aujourd'hui. Si les trois garçons étaient habitués aux allers-retours en garde à vue, l'un d'eux se démarquait largement, jamais une seule arrestation ni quoi que ce soit d'autre : Will Redd.

En le voyant, difficile d'imaginer qu'il allait sur ses dix-huit ans, tant ses 1m95, emmenaient à penser qu'il en avait une vingtaine. Il faisait du sport depuis plusieurs années, de la boxe et de la musculation essentiellement, d'où son physique athlétique. Mais son visage innocent, gratifié par ses yeux verts aussi complaisants et doux que son attitude, envoyaient une autre image de lui : celle d'un jeune homme timide mais aimable, renfermant un fort manque de confiance en lui, incapable de la moindre effraction. Il avait des cheveux châtains lisses, longs derrière jusqu'à sa nuque et contournant sur les côtés ses oreilles. Bien que dégagé, son front recevait facilement une mèche quand sa coiffure partait en vrille. Ce physique très avantageux qu'il s'était créé était bien différent avant, et selon lui le seul détail pouvant le rendre intéressant.

« Les autres n'ont connaissance que d'une légère partie de moi. Ils fuiraient en démasquant le reste. »

Will courrait juste derrière ses amis. Il tourna le regard pour discerner les deux voitures. Mais elles n'étaient plus là. Où étaient-elles donc passées ?

- Gaëtan !

Les quatre adolescents se retrouvèrent à quelques mètres de l'une des voitures. Un policier leur demanda de se rendre immédiatement (il disposait du sac de Gaëtan que celui-ci avait bêtement oublié au-devant de son lycée.) Chose surprenante pour Will, le policier ne paraissait pas très méchant, encore moins agressif. Il fallait peut-être se rendre à eux dans l'espoir de s'expliquer afin d'éviter le pire ?

Will à la soirée des enfersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant