Chapitre 21 : La veille

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VENDREDI 8 MARS 2019.

Armelle avait prévenu ses collègues d'une plausible « free party ». De ce fait, ils étaient attentifs à tout présage ; ils fouillaient les réseaux-sociaux, patrouillaient en ville, vérifiaient les sacs à dos de passants. Deux jeunes de dix-sept ans avaient été arrêtés à leurs arrivées à la gare de Gonze ; ils descendaient de Lille. Miraculeusement, ils étaient parvenus à contourner l'ingéniosité des autorités. Ils n'étaient pas venus à Gonze pour étudier, non ils étaient venus pour s'éclater à une rave party, le lendemain. Dans leurs affaires, de l'alcool ainsi que des joints ; ils comptaient faire la fête, finalement ils feraient la fête au poste de police. Mais ils avaient tenu la promesse de ne rien dire sur la rave party du 9 mars.

Au Lycée Quartier, à la table où étaient placés Alice, Lucas, Diana et Mathis, les adolescents ne disaient pas un mot, préférant écouter les messages vocaux qu'ils avaient reçu. Un certain malaise que tous avaient repéré s'était édifié. Pourtant, aucun d'eux ne fit le premier pas pour stopper cet embarras.

A la table d'en face, Anthony fit son apparition, isolé cette-fois ; n'étant pas de la même classe, Jeanne et Mark avaient mangé avant, sans l'attendre. Si cela survenait régulièrement, Alice le remarquait pour la première fois.

- Les gars, Anthony est seul à sa table. Il a l'air blasé, finit par déclarer Alice, brisant par conséquent la gêne prédominante.

Lucas se tourna pour admirer (humilié) Anthony.

L'adolescent portait ses écouteurs dans ses deux oreilles, le regard semblant perdu dans son assiette de choux-fleurs, une attitude similaire à celle de Will Redd quelquefois.

- Oh, Anthony est divorcé de ses femmes ? lança Lucas, n'ayant visiblement aucunement l'envie de le lâcher, de le laisser tranquille.

Naturellement, Alice frappa sa tête d'une claque, un geste qu'elle ne cessait de répéter mais Damien ne retenait pas la leçon.

- Y a des jours durant lesquels j'ai vraiment envie honte d'être ta pote. Sérieusement, il ne t'a rien fait !

Mathis et Diana se jetèrent à la rescousse d'Alice, qui s'opposait à Lucas, une énième fois, mais là elle avait assez ; il dépassait les bornes.

- J'avoue, t'abuses. Anthony est un bon gars. Tu ne voudrais pas apprendre à le connaître avant de le juger ? défendit Mathis.

Diana avala une gorgée de verre d'eau, et dit, quand ce fut son tour :

- Grâce à lui j'ai pu avoir la moyenne pour la première fois de ma vie en philo ! Si ce n'est pas ouf ça !

Il s'agissait tout de même de défendre Anthony d'autres façons que de le remercier d'avoir eu une note correcte lors d'un contrôle...

Lucas ne sut quoi dire désormais ; il préférait avouer ses torts, se remettre en question (que maintenant ? Il était temps !).

- OK, j'ai compris ! Sauf que je le trouve chelou, beaucoup de gens du lycée pensent comme moi.

- Et pourquoi ? retoqua Alice, les bras croisés, telle une leader.

Il chercha des arguments en laissant entendre un long « Euuuh » sortir de sa bouche ; Alice leva les sourcils.

- Sa dégaine, déjà. Un point. Il ne parle pas. Deux points. Et... et...

Alice eut envie de se moquer abondamment de lui ; elle se retint cependant. A quoi cela servirait ?

- Franchement, t'es con. Il est timide. Dès que tu discutes avec, tu comprends qu'il est grave cool. Ton jugement tu te le fous où je pense, garantit Mathis.

Will à la soirée des enfersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant