MONACO

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- Il fait si chaud ici. Ou c'est peut être la chaleur de l'indécence.
- Louise ne commence pas.
- Désolée ! Je suis très contente d'être ici avec toi, ce week-end va me faire le plus grand bien. C'est quoi le programme ?
- On commence par aller poser nos affaires à l'hôtel. On se rafraichit à la piscine et le soir on a la soirée d'inauguration du salon. Demain je vais passer la journée avec mon père mais on peut demander à l'hôtel des activités pour t'occuper si tu veux.
- Ça devrait aller, il y a un outil génial qui s'appelle INTERNET, je devrais m'en sortir !
- T'es vraiment marrante toi.
- C'est pour ça que tu m'aimes !
- On ne va pas parler de l'appel de Maël ?
- Non, on ne parlera plus jamais de lui.

Je ne pensais pas le dire un jour mais Monaco n'est pas si moche que ça.
Les petites ruelles, les terrasses de café ensoleillées, les centaines de fleurs donnent à cette ville un certain charme.
L'hôtel est grandiose. De magnifiques voitures à l'entrée, un hall immense, je n'ai jamais vu ça de ma vie.
La chambre donne sur la mer et je m'y sens bien.

Sur le lit nous attendent deux somptueuses robes. L'une est rouge et est destinée à Lucie. Elle a tout pour faire chavirer les cœurs. Ses cheveux bruns ondulés, sa peau mate, ses yeux marrons et sa superbe bouche font d'elle la plus jolie de nous deux. Elle a toujours eu beaucoup de succès avec les hommes mais aucun n'a encore jamais trouvé grâce à ses yeux et à ceux de son père.
L'autre robe est un fourreau noir avec un grand décolleté dans le dos. Genre vraiment grand.
- Je te vois hésiter alors que tu ne l'as même pas essayé.
- C'est beaucoup trop sexy pour moi, tu le sais.
- On est à Monaco, personne ne te connaît et tu voulais du changement ! Deviens une autre le temps d'un week-end !

Cette dernière phrase m'a trotté dans la tête toute l'après-midi où nous étions à la piscine.
J'avais apporté un livre mais impossible de me détacher de cette pensée.
J'avais besoin de renouveau. De laisser de côté Louise, chargée de com' pour une grosse boîte dans l'informatique, fraîchement séparée car longuement trompée. Ce soir je me fais violence et deviens la femme que j'aimerai être.

C'est vrai qu'une fois coiffée, maquillée et habillée de la robe, je suis plutôt jolie.
- Mais quelle bombe !!
- Tu exagères Lulu.
- Je te jure ! Je t'ai jamais vu aussi sure de toi ! Allez en route pour en mettre plein les yeux.

Si je pensais que l'hôtel était clinquant, ce n'est rien à côté de celui que nous rejoignons pour la soirée d'ouverture du salon. Nous retrouvons le père de Lucie à l'entrée.
- Les filles ! Vous êtes magnifiques ! Dire qu'il y a quelques années vous faisiez de la soupe avec de l'herbe et de la terre dans le jardin et vos pantalons en velour.
- Papa ...
- Désolé, je suis un peu nostalgique ! Louise tu es splendide !
- Merci Marc, ça me touche.
- Profitez de la soiree, je vais être pas mal sollicité. On se retrouve plus tard. Bisous les filles.

Nous voilà toutes les deux, au milieu d'hommes d'affaire d'une cinquantaine d'année et leur copine de moitié d'âge.
- Voila pourquoi je ne voulais pas venir, je ne me sens tellement pas à ma place.
- Relax ! Prends une coupe de champagne et détends toi, tout va bien se passer et je suis là.

Vingt minutes et 3 coupes de champagne plus tard, Lucie n'était plus là.
Je commençais à me sentir plus légère, un peu euphorique. Un rafraîchissement aux toilettes était le bienvenu.

En sortant, je me regarde à nouveau dans le miroir. Je crois que je n'avais jamais vraiment fait attention à mon physique et pour une fois je me sens bien, élégante.
Je saisi mon téléphone et prends une photo avec une pose plutôt sexy pour Maël. Mais qu'est ce que je fais ?

- On fait regretter à quelqu'un le fait de ne pas être là ce soir ?
- Euh non. Enfin pas vraiment. En fait je sais pas trop ce que je fais.
- Ah peut être qu'on essaye de rendre quelqu'un jaloux ?
- Oui je pense que c'est plutôt ça. Désolée, je vous laisse passer.

Je suis aussi rouge que la robe de Lucie et ne sais plus où me mettre.

- Attends, je vais t'aider.

Il saisit mon téléphone, me rapproche de lui en posant sa main sur le bas de mon dos. Je suis de profil, ma poitrine touchant son bras. Il positionne le téléphone au niveau de son visage pour qu'on ne puisse pas le reconnaître sur la photo dans le miroir.
Totalement démunie, je me laisse faire.

- Voila, avec ça il devrait être jaloux. Mais si je peux me permettre, c'est un idiot de ne pas être avec toi ce soir.
- Merci. Enfin je ne sais pas si je dois te remercier vu l'excès de confiance dont tu viens de faire preuve.
- Tu n'as pas eu l'air de t'en plaindre.
- Attends, tu me dis quelque chose. Je suis sure que je te connais.
- Ce n'est pas impossible. Je viens d'enregistrer mon numéro dans ton téléphone. Si la mémoire te revient, rappelle moi.

Il s'était progressivement rapproché de mon visage pour que nos lèvres soient à quelques centimètres et que nos nez se frôlent.
Il est parti aussi vite qu'il n'était arrivé.

Il était magnifique. Brun, un costume très bien taillé, des fossettes magnifiques.
Et merde.

 RivaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant