Le Retour

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Je suis revenue plusieurs fois à Monaco durant l'année passée, surtout pour passer du temps avec Charles, les week-end où nous n'étions pas en course.

Je me suis familiarisée avec la ville et ses habitants. Elle est beaucoup moins tape à l'œil que je le pensais lorsque j'ai posé le pied pour la première fois dans cette ville il y a un an.
Mais aujourd'hui j'y viens pour le grand prix et ça n'a rien à voir !

J'arrive aux côtés de Pierre a l'hôtel. J'apprécie le moment mais je sens forcément un léger malaise. Monaco c'est la ville de Charles, c'est là où nous nous sommes le plus aimés. Enfin que je l'ai le plus aimé je veux dire.

- Les essais libres ne commencent que demain. Tu veux qu'on aille se baigner à la plage cet après midi ? Je pense que le reste du week-end va être assez intense et je n'aurai pas beaucoup de temps malheureusement.

Il m'embrasse en finissant sa phrase.

- Oui avec plaisir, ça nous fera du bien.

Je pose ma main sur son torse lorsque son téléphone sonne.

- Salut Charlot ! Je viens juste d'arriver.

J'ai la bouche sèche et je sais pertinemment que je deviens livide. Pierre le remarque et me caresse la joue comme pour me rassurer.

- Non je vais pas être dispo aujourd'hui mais on peut se voir demain en fin de matinée avant les essais ? Je passerai dire bonjour à ta mère. À demain !
- Tu lui as dit que j'étais là ?
- Bien sûr que non. Monaco est spécial pour lui. Je te veux avec moi mais je ne veux pas ruiner ses chances de gagner même si j'ai moi aussi bien l'intention de gagner.

Comment ça ruiner ses chances ? Il m'a bien fait comprendre qu'il ne m'aimait pas, pas de raison de l'éloigner du chemin de la victoire.

On passe une magnifique après midi avec Pierre dans des criques paisibles. La mer est pleine de yacht mais les plages relativement désertes.
On s'installe sur une serviette et il me prend dans ses bras. Il joue avec mes cheveux qu'il enroule autour de son doigt.

- Tu as réfléchi si tu voulais être dans le paddock ce week-end avec moi ?
- Pierre, je ne sais pas. Je ne veux pas que ça aille trop vite et tu sais bien comme les réseaux peuvent être durs..
- Tu as honte d'être avec moi ?
- Pas du tout ! Ne dis pas n'importe quoi. Je ne veux juste pas aller trop vite et qu'on continue de profiter dans notre bulle. Je n'ai pas non plus envie que Charles t'en veuille.
- M'en veuille ? C'est lui qui t'a quitté Louise.

Ça me fait toujours de la peine d'y penser. Il m'a quitté. Sans préavis et sans y mettre les pincettes. Et pourtant j'ai peur de lui faire du mal.
Ressaisis toi Louise.

- Je vais venir.
- Quoi ?
- Je vais venir dans le paddock dimanche. Mais je veux qu'on fasse en sorte d'éviter les caméras, si ça te va.
- Alors là, je sens que ce grand prix va être génial.

Pierre partira P8. Charles partira P1.
Je suis heureuse pour eux deux. Pierre fait une belle saison chez Alpine et je sais à quel point le GP de Monaco est spécial pour Charles.
Il n'est toujours pas au courant que je suis là et tant mieux.
Je suis en train de faire des courses quand je croise Andrea.

- Louise, buongiorno ! Comment vas tu ?
- Andrea ! Très bien et toi ?
- Super, ça ne peut qu'aller à Monaco ! Je ne savais pas que tu étais ici. Mais il me semble que pour demain, il ne vaut mieux pas que je prévienne Charles que tu es ici. J'espère que tu ne m'en veux pas, je dois penser à sa santé mentale et le préparer au mieux pour la course.
- Oui oui, bien sûr, ne t'en fais pas. Passe une bonne fin de week-end !

Sa santé mentale ? Vraiment je ne comprends pas ce qu'il se passe. Il a été clair, il était sur de lui, je ne comprends pas.

Je passe la soirée avec Pierre à l'hôtel. On mange, on fait l'amour, on regarde un film. C'est simple entre lui et moi. Je ne ressens pas le besoin de remplir les blancs lorsque nous ne parlons pas. Nous sommes juste heureux d'être ensemble et respirer le même air.

- Comment tu te sens pour demain ?
- J'espère entrer dans les points. Après, Monaco c'est pour le spectacle. On ne peut pas vraiment doubler donc j'espère au moins maintenir ma place.
- J'espère aussi, tu auras toutes mes pensées.
- Merci ma belle. Je suis vraiment reconnaissant que tu sois là. C'est particulier entre nous, je le ressens. Depuis la première fois où je t'ai vu sur ce bateau. C'est spécial.

Je l'embrasse mais je ne réponds rien. Je suis surprise de ses mots. Surprise aussi qu'il s'ouvre aussi facilement à moi. Cela n'a vraiment rien à voir avec Charles.

Le lendemain, j'arrive tôt dans le paddock pour éviter les médias.
Je trouve le chemin du box Alpine. J'ai l'impression de tromper Ferrari. Je ne sais pas si c'était vraiment une bonne idée que je sois là.

Il est 11h30 lorsque je manque de m'étouffer avec mon café. C'est le moment où Charles, visiblement furieux, entre dans le box où je me trouve.

 RivaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant