Le changement

567 16 3
                                    

- Je suis désolé Louise, mais on ne va pas pouvoir continuer.

Le choc. Je ne sais pas quoi lui répondre. Les larmes ne me viennent même pas tellement je suis choquée.
Il y a un mois, je lui disais que je l'aimais. Nous n'en avions pas reparlé, tout était revenu à la normale.
Et là, il me balance ça, chez moi, dans mon petit appartement du 9ème arrondissement de Paris.

- D'accord.
- J'ai tourné la situation dans tous les sens mais ça ne peut pas marcher. Je suis aux quatre coins du monde, toi tu es ici. Je suis à un moment de ma carrière où je dois me concentrer à 100% sur ça. Tu es géniale, on a vécu des moments incroyables mais pour te protéger, il vaut mieux qu'on s'arrête là.
- D'accord.

Il me regarde comme si j'étais un petit chien qu'il venait de blesser. Je ne retrouve rien dans son regard qui me rappelle l'homme dont je suis tombée amoureuse. J'ai l'impression qu'il a appuyé sur play pour écouter un message pré enregistré.

- Je peux te prendre une dernière fois dans mes bras ?
- Oui bien sûr.

Il me sert fort, sent mes cheveux et m'embrasse sur le haut de ma tête. Puis me regarde une dernière fois et s'en va.
Je ne l'ai pas retenu, je ne lui ai rien et 10 minutes après je suis toujours debout au milieu de mon salon.

Toutes mes craintes se sont matérialisées ce soir. Un homme comme lui ne pouvait pas tomber amoureux d'une femme comme moi. J'aurais dû m'en douter, m'en convaincre. Et j'ai été naïve de le croire quand il me disait de le suivre. Je lui en veux tellement. Mon cœur est en miette. J'ai l'impression que ces derniers mois étaient un rêve, ou un cauchemars, mais ce n'était pas réel.

J'ai végété des jours chez moi. Lucie est passée, elle a essayé de me remonter le moral. On a mangé du gras, regardé des films d'amour et je n'ai toujours pas pleuré. J'aimerai le faire mais je n'y arrive pas. J'ai l'impression de ne rien ressentir.
Lucie essaye donc la stratégie de l'alcool et des sorties. On boit, on sort, je me laisse draguer mais je suis toujours une coquille vide.

Deux mois après, je commence à remonter la pente. J'ai arrêté de suivre les GP et de le suivre sur les réseaux.

Message Pierre - 11h24
Ma belle ! Je suis sur un shoot pour une marque à Paris ! On se voit?

Message Louise - 11h25
20h15 à Avek ?

Message Pierre - 11h26
J'y serai, j'ai hâte de te voir.

Quand j'entre dans le bar, je le remarque directement. Il dégage toujours cette aura qui le rend tellement attirant.
J'arrive dans son dos et pose ma main sur son épaule.

- Louise ! Je suis tellement content de te voir. Cette robe bleu me rappelle un très bon souvenir !

Oui, je l'ai remise.

- Pierre, comment tu vas ? Ça fait un moment !
- Depuis le GP de Hongrie, ça commence à dater.
- Deux mois.
- Tu es toujours aussi belle.

Il m'embrasse sur la joue d'un baiser qui se veut enfantin mais qui ne l'est absolument pas.

On enchaine les verres en se racontant nos vies. J'en apprends un peu plus sur sa vie en Normandie, ses débuts en kart, sa relation avec ses frères et les sacrifices de ses parents pour l'emmener au plus haut niveau.
Je lui raconte aussi ma vie, mon arrivée sur Paris, mon métier, je lui parle même de Maël.
Hormis l'attirance physique que je ressens pour lui depuis notre première rencontre sur le Riva, je n'aurai jamais pensé prendre autant de plaisir à simplement discuter avec lui.

- Tu veux parler de Charles ?

Je tressaille quand j'entends son prénom mais je sens la démarche de Pierre sincère.

- Pierre, je n'ai pas du tout envie de parler de lui et encore moins avec toi.
- D'accord.

Nous repartons de plus belle dans nos discussions et rigolades.
À 2h30 du matin, il me raccompagne.

- Bon et bien je vais te laisser. C'était génial de te voir, j'ai passé une super soirée.

Il me fait la bise. Je reste stupéfaite mais aussi amusée. Je n'ai pas l'intention que la soirée ou plutôt la nuit se termine là.

- Tu viens me rejoindre dans une chambre d'hôtel à Monaco pour m'embrasser d'une manière très sexy alors que tu sais pertinemment que j'en pince pour ton ami d'enfance et maintenant que la voie est libre, tu te dégonfles?
- Je n'ai pas envie d'être ton pansement ni ton objet sexuel. Bon peut être un peu ton objet sexuel mais je n'ai pas envie que tu joues avec moi.

Il me touche. Même ivre, il me touche.
Je l'attrape pas le haut de son tee shirt et l'attire à moi.
Ma bouche s'écrase contre la sienne.

- D'accord, c'est d'accord, fais de moi ce que tu veux.

Il me fait rire. Je me sens légère et je me sens bien. Je ne m'étais pas sentie aussi en paix avec moi même depuis un moment.

Il claque la porte derrière nous et je sens que mon appartement ne va pas survivre à ce moment. Il écarte d'un coup de bras tout ce qui se trouve sur ma table à manger. Il m'y allonge et grimpe à son tour. RIP mon petit cactus en décoration.
Dans sa fougue et notre excitation, il déchire mes vêtements . RIP ma petite robe bleue électrique.
Je l'embrasse fougueusement et mords son épaule.
On se regarde d'une manière incandescente.
On saute la partie préliminaire, tant on est excité.
Il sort de sa poche un préservatif.

- Prévoyant.
- Ne crois pas que c'était mon objectif Louise mais au cas où tu finirais par succomber à mes charmes.

Nous rions et il me pénètre. Je me sens remplie, alors que pendant des mois je me suis sentie vide.
Mes ongles entrent dans son dos et il me sert la cuisse. Ils me pénètrent de plus en vite. Avant de jouir tous les deux, je l'écarte de moi. Il se retire et me regarde.
Je le fais assoir sur la chaise qui se trouve derrière nous. Je grimpe sur ses genoux et commence à le chevaucher doucement. Je ralentis notre rythme et je le sens encore plus durcir. Il me mord les seins et je commence à accélérer.  Il me sert de ses mains puissantes et je sens qu'on va jouir tous les deux.

- Vas y ma belle, jouis pour moi.

Il ne m'en faut pas plus et lui non plus.
Nous nous embrassons et rigolons. C'est ça avec Pierre. C'est simple, c'est bon, c'est léger.

Il est resté dormir chez moi. Au petit matin, il me réveille en passant ses doigts dans mon dos nu.

- Louise, je dois y aller. Promets moi que ce n'était pas juste l'histoire d'un soir alcoolisé.

Sa voix est mélancolique, un peu enfantine.
Je me retourne pour le regarder.
Il est beau, il est toujours beau.

- Je te le promets.
- Tu sais où est le GP le week-end prochain ?
- Oui je le sais.
- Viens avec moi.
- Tu sais que c'est compliqué. Il s'est passé beaucoup de choses pour moi à Monaco. Je ne sais pas si je suis prête.
- Mais justement. Y aller avec moi te donnera une autre image de cette ville, d'autres souvenirs. Et tu n'es pas obligée de venir dans le paddock si tu n'as pas envie. Je veux juste savoir que tu es là, près de moi.
- D'accord, je vais venir.

Je ne sais pas qui je veux convaincre en allant à Monaco, Pierre ou moi ?

 RivaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant