Les gouttes d'eau tombaient avec la régularité d'un métronome. Les rues étaient désertes, plongées dans l'obscurité. Elles l'étaient toujours, même en plein jour, car une sombre chape nuageuse semblait vouloir rester au-dessus de la ville en permanence. Et cette pluie, incessante, glaçante ne semblait pas vouloir s'arrêter de si tôt. C'était une nuit idéale pour chasser. Il y eu un mouvement subtil dans le renfoncement d'une ruelle. Même avec une bonne vue, il était difficile de distinguer la silhouette grise qui s'y tenait, immobile, sous la pluie battante. Une demie heure qu'elle restait là, sans bouger, et qu'elle attendait, scrutant de ses yeux perçants le trottoir d'en face. Une demie heure qu'elle s'était mise en chasse. Une demie heure qu'elle patientait pour faire sonner le glas de sa proie.
Cette dernière n'allait pas tarder à apparaître, elle le savait. Plus que cela, elle le sentait. Son instinct de tueuse était bien rôdé depuis le temps. Elle avait la chasse dans la peau et elle y excellait. La chasse était pour elle un art mêlant patience et préparation. Telle une souris entrant dans une souricière, sa victime tomberait dans son piège sans même s'en rendre compte. Toutefois, sa proie n'avait rien d'une innocente souris. C'était un rat, une vermine. L'ombre tueuse ne le chassait pas par plaisir, mais par nécessité. Elle faisait ce pour quoi on l'avait dressé, et elle le faisait toujours avec la plus grande efficacité. Fidèle à la main qui la nourrissait, elle tuait pour elle depuis des années. Les bénéfices en valaient la peine.
Le rat finit par apparaître, inconscient du danger qui le menaçait. Comme escompté, il se dirigeait tranquillement vers le point précis où l'ombre l'attendait. Mais il n'était pas seul, et ça, ce n'était pas prévu. Un drôle oiseau l'accompagnait, arborant toutes les nuances vives d'un plumage de perroquet, mais jacassant comme une pie et rompant ainsi de sa voix de crécerelle le silence environnant.
L'ombre tueuse hésita. On ne lui avait pas permis de chasser ce genre de proie, seul le rat l'intéressait. Perturbée, elle fit un mouvement involontaire. Léger, mais suffisant pour que sa proie le remarque. Elle n'avait plus le choix, c'était maintenant où jamais. Elle bondit hors de sa cachette.
La mort s'abattit sur le rat avant même qu'il ait pu comprendre ce qu'il se passait. Ce fut net, précis, sans bavure... ou presque. L'oiseau rare n'était pas prévu et cela risquait de lui porter préjudice, mais l'ombre avait pour consigne de rester invisible donc... La mort le faucha en même temps que le rat.
Sa tâche accomplie, l'ombre repartit, aussi silencieusement qu'elle était arrivée. Bientôt, elle disparut dans l'obscurité dans laquelle baignait la ville. Elle ne laissait jamais de traces, jamais de témoins. On l'appelait le Chat, et c'était le meilleur tueur à gages de la ville.
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Bribes de Dystopie
Ficção GeralFugitifs, meurtriers, résistants, victimes, survivants... les apparences sont parfois trompeuses dans un monde où règne la loi des plus forts et des plus fortunés. Bribes de Dystopie n'est pas un roman au sens premier, car il n'y a pas qu'une histoi...