Chapitre 5

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Caroline regagna son appartement d'étudiante le dimanche soir. Elle savait qu'elle y serait seule puisque sa colocataire, Ambre, ne reprenait les cours que le lundi après-midi durant tout ce semestre et, de ce fait, ne revenait à Poitiers que le matin des cours.

L'étudiante en lettres posa ses affaires dans sa chambre avant de se préparer quelque chose à grignoter devant une série qu'elle regarda sur son ordinateur.

Elle venait d'achever son premier épisode du soir quand elle reçut un message de Diego. Son soupirant lui demandait si elle était en ville et lui proposait d'aller prendre ce verre qu'elle lui avait promis la semaine précédente. La jeune femme, fatiguée, déclina le plus poliment possible. Toutefois, comme elle avait accepté de le voir dans la semaine, elle lui laissa choisir un autre jour et, ainsi, ils convinrent de se retrouver le mardi soir.

Cette invitation trotta un moment dans l'esprit de la jeune rochelaise. En acceptant de passer du temps avec ce garçon, elle était consciente qu'elle ouvrait la porte vers autre chose. Elle n'était pas assez naïve pour ne pas voir qu'il espérait faire évoluer la situation de façon plus tendre et plus intime. Mais elle, de quoi avait-elle envie réellement ? Avait-elle envie d'une relation avec Diego ? Avait-elle envie d'une relation, tout court ? Des tas d'images et d'émotions contradictoires se bousculaient en elle. Pourtant, dans le maelstrom de ses pensées vaporeuses, un désir lointain mais lancinant se forgeait en elle. Ce n'était pas la première fois, ces derniers temps, que Caroline percevait l'ombre de son envie la plus profonde. Mais ce soir là, elle en prit encore plus conscience. Et, comme les fois précédentes, cela lui parut tellement absurde et fou qu'elle l'enfouit profondément en elle. C'était sans compter sur la volonté quasi inconsciente de son corps.

Un feu encore discret commençait à poindre au creux de ses entrailles.

- Je crois que j'ai besoin d'une bonne douche... se dit-elle.

Sans attendre, elle regagna la salle de bain et se dévêtit. Son regard fut attiré par son reflet dans le miroir en pied qui ornait l'un des meubles de la pièce.

Son jugement envers son propre corps était ambiguë. Elle adorait être nue et n'aurait eu aucune difficulté à ne rien porter pendant des heures. Malheureusement dans la maison familiale, où il était rare qu'elle fut seule, il lui était compliqué de se laisser aller en dehors de la salle de bain ou dans sa chambre, et uniquement la nuit après avoir pris soin de fermer la porte à clé. Dans l'appartement qu'elle partageait avec Ambre, cette tentation n'était guère plus facile à assouvir. Les deux amies avaient vite laissé tomber certaines barrières liées à la pudeur et n'avaient aucun problème à s'afficher nues ou simplement en culotte en présence l'une de l'autre, mais elles ne restaient jamais très longtemps dans le plus simple appareil non plus.

Et pourtant, son corps ne la satisfaisait pas. Même si elle avait régulièrement reçu des compliments sur son physique, elle n'aimait pas ses hanches un peu trop larges à son goût, ni ses seins dont elle aurait voulu qu'ils soient plus symétriques. Cela faisait rire Ambre qui lui répétait sans cesse qu'elle avait une apparence dont beaucoup de filles se satisferaient. Malgré tout, elle ne parvenait pas à lutter contre ce qui virait parfois en véritable complexe.

Les seules choses pour lesquelles elle ressentait un peu de satisfaction étaient son regard et son sexe. Ses yeux noisette légèrement en amande lui donnaient un regard plein de douceur, le plus souvent. Mais ils étaient également un véritable moyen d'expression. Si quelque chose venait à l'énerver ou la blesser, cela se voyait dans son regard.

Elle aimait son sexe également. Quand, dans les premières années de l'adolescence, elle avait commencé à découvrir les sensations qu'elle pouvait se procurer toute seule, elle ne s'était pas inquiétée de l'esthétique de sa vulve, de ses lèvres intimes ou de son clitoris. Ce ne fut que plus tard, après avoir entendu dans un podcast une sexologue expliquer que les jeunes filles ne devaient pas hésiter à observer leur anatomie pour apprendre à se connaître, qu'elle s'était regardée sous tous les angles avec un petit miroir. Et ce qu'elle avait découvert lui avait plu sans savoir si, pour cela aussi, il y avait des canons destructeurs fixés par les magazines ou autres. De même, au niveau de sa pilosité pubienne, elle faisait selon son humeur et se moquait pas mal de la guerre entre les anti ou pro toison. Tout ce qui l'intéressait c'était de se sentir bien. Elle pouvait très bien passer des semaines sans s'épiler – tout en s'entretenant – ou au contraire, retirer le moindre poil naissant pendant des mois. Elle aimait se plaire et également plaire à celui qu'elle choisirait sans rien s'imposer.

A la verticale du coeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant