Chapitre 12

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Alexandre, bouleversé par ce qu'il venait de lire eut du mal à contenir son émotion et sa colère. Il plia les pages et les glissa dans l'enveloppe avant de la redonner à Caroline.

Il hésita encore un instant puis attira la jeune femme vers lui et la serra dans ses bras. C'était la première fois qu'il se permettait un contact physique avec l'étudiante. Elle se laissa faire et referma ses bras autour de l'homme. Même si dans ses envies les plus secrètes, elle avait rêvé d'un tel contact avec lui, elle aurait préféré qu'il eut lieu en d'autres circonstances.

- Tout ce que je voudrais te dire, murmura le professeur, ne serait sans doute pas à la hauteur de ce que tu as du endurer. Je veux juste te dire qu'à présent si quelqu'un te fait le moindre mal, de quelque sorte qu'il soit, n'hésite pas à me le dire. Avec ça et tout le reste... Tu as du traverser trop de choses qu'une fille n'aurait pas avoir à vivre. Encore moins à ton âge.

- Tu ne me juges pas alors ?

- Te juger !? Mais de quoi ?

- De m'être laissée emporter par ce genre de situation, de mes sensations qui me font honte encore aujourd'hui.

- Non ! Non ! Jamais je ne te jugerai pour ça. Tu n'as pas à être honteuse. Les seuls qui devraient avoir honte ce sont ces deux monstres, pas toi.

Caroline se serra plus fortement entre ses bras accueillants.

- J'ai écrit ce texte des dizaines de fois, tu sais. Comme si en racontant cette histoire je pouvais comprendre à quel moment tout cela m'a échappé. En fait, je crois que j'ai eu tout faux dès le moment où je les ai laissés entrer chez moi. En tout cas, cela m'a vacciné à tout jamais des joints et si je bois, je fais en sorte de ne jamais me laisser griser.

- Tu en as jamais parlé à tes parents ?

- Non.

- Pourquoi ? Tu sais que ce que tu as vécu porte un nom et que ça n'aurait pas dû arriver.

- Oui, je sais. Mais si j'avais dû tout dire à mes parents, je sais que je les aurais déçus. Et j'avais assez mal sans en plus m'infliger le regard de mes parents.

- C'est à toi de voir, mais je pense que tu te trompes.

- Peut-être. Mais maintenant, je veux laisser tout ça loin de moi. Je dois m'estimer chanceuse de m'en être sortie assez facilement, si on peut dire. D'autres filles n'ont pas eu cette chance.

Caroline s'écarta presque à regret de son véritable ami afin d'aller ranger l'enveloppe dans le tiroir où elle la conservait.

- Si tu penses que c'est derrière toi, alors... fit Alexandre, dubitatif.

- Oui, je le pense. Si on met les cauchemars qui jaillissent sans crier gare, il ne me reste que la haine et les questions sans réponses que je me pose à chaque fois que j'y pense. Je ne dis pas que cela a été facile. J'ai longtemps eu du mal, après ça, à faire confiance aux garçons. Leur contact physique ne m'était pas agréable. Pourtant je n'ai jamais arrêté de lire des livres comme les tiens. Je n'ai jamais perdu mes envies de sexe. Mais je ne sais pas... dès qu'il s'agissait de passer à quelque chose de réel, ça devenait plus compliqué. Et puis j'ai rencontré Lucas. Notre histoire m'a permis de repartir de l'avant. Oh ça a été assez long avant que j'accepte la présence de ses mains sur moi et, encore plus, que j'accepte de coucher avec lui. Mais je l'aimais et je voyais qu'il n'était pas comme eux. Avec le recul, si il ne reste qu'une seule chose positive de ma relation avec lui, c'est bien ça : j'ai pu surmonter cette expérience.

- Tu sais que tu parles beaucoup de lui. Tu es sure de ne plus être amoureuse de lui ? demanda Alexandre.

- Crois-moi, j'en suis certaine. Ce qui m'a longtemps manqué c'est notre relation, si tu vois ce que je veux dire. J'avais quelqu'un avec qui tout partager, tout dire... expliqua l'étudiante. Mais notre séparation a été si inattendue et brutale que j'ai été ko. Ensuite, on s'est mis à se détester. Il paraît que ça arrive et que c'est le prolongement de l'amour. Ensuite, j'ai vu qu'il refaisait sa vie comme si j'avais même pas existé. Même si ça m'a fait terriblement ml, ça m'a permis de tourner la page. Enfin, je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire.

A la verticale du coeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant