Et voilà, on y est. Je ne fais plus aucun efforts sur mes plateaux, et je m'interdis de dépasser les 50kcal par repas, et je reprends le sport.
Voilà tout ce que les médecins auront réussi à faire en me mettant des Megareal sur mes passages de sonde. Me faire sombrer, c'est le seul et unique résultat.
C'est ridicule tout cela. Je ne devrais pas être en hospit, car je ne compte pas me battre contre Ana, mais avec elle contre mon gras. Elle n'est pas mon ennemi mais mon alliée dans cette guerre contre mon corps.
Ma jolie petite sœur de cœur a reçu ma lettre et sait donc désormais pour l'hospit, la sonde et tout le reste. Elle ne m'en veut pas, contrairement à ce que je craignais. Elle est seulement très inquiète et attristé pour moi. Le temps se fait de plus en plus long ici. Je passe mes journées à attendre le soir pour fuir dans le sommeil. Je passe mes débuts de semaine à attendre le jeudi, pour la pesée, les jeudis attendre le vendredi pour la synthèse et mes fins de semaine à attendre celle d'après. Je m'ennuie et cela ne fait qu'accroître mon mal être et tout ce qui entretient ma dépression et empire mon envie de maigrir. Je voudrais tant que l'on me laisse tranquille, je ne supporte plus la situation actuelle. Je m'acharne à tenter de perdre du poids, quand tout le monde autour de moi voudrait que j'en prenne. J'en ai tellement marre de me plier bien sagement à leur protocole de soins, de me laisser faire comme si cela m'allait. Je voudrais juste exploser, arracher ma sonde et leur balancer mes plateaux et ma colère à la gueule. Mais ça ne m'apporterait rien de bon, et ça, malheureusement, je le sais. Alors j'attends. J'attends le moment où j'éclaterais, incapable de me retenir plus longtemps. Ou bien celui où les médecins comprendront que je ne suis pas malade, que mon corps n'est pas en danger et que je n'ai pas besoin de prendre du poids. Lequel de ces deux événement arrivera en premier, je l'ignore. Mais je l'attend, et en attendant, je me lie chaque jour un peu plus à Ana.
**si ce chapitre vous a plu, que vous avez des questions, que vous vous retrouvez dans mes écrits, ou simplement que vous avez envie de me laisser un commentaire, n'hésitez pas, ça fait toujours plaisir**
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Anorexie, ma prison
Non-FictionIci, je vous partage le journal de bord que j'ai tenu de juillet à octobre 2021, alors que j'étais hospitalisée en psychiatrie, pour anorexie mentale sévère. J'avais 16 ans, et ma vie se résumait désormais à l'hôpital et aux protocoles de soins. Le...