Jour 26- Mardi 03 août 2021, 21h24

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Grosse. Ce mot tourne en boucle encore et encore dans ma tête.

Je suis grosse, énorme et terriblement laide. Je n'ai pas d'autres choix, il faut que je perde du poids. Je me hais, et cette haine de moi-même ne fait qu'augmenter jour après jours. Seule la perte de poids l'apaise un peu, ne serait-ce qu'un instant.

Je suis arrivée sur l'unité ouverte aujourd'hui. Et j'ai appris pourquoi ils m'aveint transférée. La vraie raison, je veux dire, pas celle qu'ils ont dite à moi et mes parents. Premièrement, ils avaient besoin de place sur l'unité fermée, et j'étais la seule à pouvoir bouger, et, deuxièmement, ils devaient transférer Anaïs sur l'unité fermée et il est, pour eux, inconcevable que nous soyons toutes les deux ensemble sur la même unité, car ils ne voudraient pas que, en discutant entre nous, nous entretenions une maladie qu'elle a, MAIS PAS MOI.

Ce n'est pas le transfert en soit qui me dérange, bien au contraire. C'est juste la raison pour laquelle il y a eu lieu.

Mais je ne compte toujours pas ni me réalimenter, ni reprendre du poids, ni réduire ou cesser le sport. La pesée demeure le jeudi pour cette semaine, puis elle sera déplacé au mardi, comme pour toutes les pesées TCA sur l'unité ouverte.

Je ne m'attends à rien, je n'imagine rien, même si je me doute que j'aurais pris du poids... Je verrai bien. Mais malgré tout, je ne peux m'empêcher d'espérer que j'aurais perdu du poids, ne serait-ce que 100g. Ne pas avoir pris, je suis suffisamment grosse comme cela. Mon corps me dégoûte tellement, je n'en peux plus. Juste quelques kilos en mois, six, sept, à peine, et après je stabiliserais.

Mais ne plus avoir ce corps bien trop gras, bien trop gros, bien trop énorme. Je vois mon pédopsychiatre jeudi, soit après la pesée et il m'a dit, qu'à cette occasion, il pourra m'en dire un peu plus sur comment va se dérouler la suite, si la rentrée en septembre à Pierre Daguet est réaliste ou non ainsi que la durée approximative d'hospitalisations qu'ils envisagent. Voilà tout ce que le poids qui va s'afficher sur la balance dans un peu moins de 36h va définir... Et moi, tout ce que je souhaite, c'est qu'il soit le plus bas possible. Fatigue, ras le bol, rage, colère. Je me sens bouillir à l'intérieur et je sens la colère qui grandit et ne cesse de prendre un peu plus de place chaque jour. Je veux exploser, mais je garde le contrôle.

Encore, toujours ce même contrôle.

Je ne le lâche pas.

Et je ne le lâcherai pas.

Jamais.

**si ce chapitre vous a plu, que vous avez des questions, que vous vous retrouvez dans mes écrits, ou simplement que vous avez envie de me laisser un commentaire, n'hésitez pas, ça fait toujours plaisir**


Anorexie, ma prisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant