Contrat de poids et modalites d'hospitalisation

81 4 3
                                    

Durant l'hospitalisation que je vous retranscris ici, j'étais sous ce qu'on appelle un contrat de poids

C'est donc un contrat établi par l'équipe médicale, et signé par tous les partis : le medecin, un représentant des infirmiers, le patient, et dans le cas de mineurs, ses parents.

Ce contrat se base sur des "phases", des étapes. Et ces étapes, dans le contrat de poids, se base sur une seule et unique donnée : le poids.

Dans l'hôpital où j'étais, le contrat était le MÊME pour tous les patients hospitalisée pour TCA.

Il était séparé en trois phases :

Sauvegarde vitale, phase durant laquelle le patient n'a le droit qu'à très peu de choses :
Deux courriers par semaine, pas de téléphone, une heure de visite familial par semaine, en chambre à 21h, coucher à 22h ( contre 22h et 23h pour les autres patients ), pas de sport, pas de sortie et deux heures de repos strict quotidienne ( heures durant lesquels le patient n'a le droit de ne rien faire, même pas lire ) Le patient doit être allongé dans son lit et ATTENDRE que le temps passe. Une fois que le patient reprend un peu de poids, il passe en :

Phase de transition :

Celle ci dépend vraiment des patients, mais globalement :
2h de visite familial par semaine, autant de courrier que voulu, 1h de téléphone par jour ( comme les autres patients ), aucune activité physique autorisé, même heure de coucher que les autres patients, et pour les heures de repos strict, cela dépend du rapport à lhyperacticite qu'entretient le patient.

Puis on passe à

La phase d'autonomisation

Le patient a désormais les mêmes droits que les autres patients, peut commencer à avoir des permissions, le sport en collectif. A ce moment là, il n'y a souvent plus d'heure de repos strict.
Cette phase est souvent courte car elle précède la sortie.

Ces contrats définissent aussi les repas ( sonde ou plateau ), et la nourriture présente sur les plateaux pour les petits déjeuner et les goûter (c'était assez complexe, mais on décidait pour certaines choses, par exemple : pain, ou biscotte, ou madeleine, chocolat chaud ou infusion, et pour d'autres, on ne decidait pas, par exemple le laitage, c'était les ASH qui choisissait de mettre un fromage blanc ou un yaourt, de même pour les fruits ). Cela signifie donc que si, dans notre contrat il etait marqué que l'on avait des biscottes et qu'un jour on voulait une madeleine, c'était un NON catégorique car ce n'était pas dans notre contrat ( c'est du vécu). De plus, on avait le droit à UNE aversion, c'est à dire un aliment qu'on ne voulait surtout pas sur notre plateaux. Dans mon cas c'était la banane car je n'aime pas ça, et ce depuis petite. Tout le reste, on avait pas notre mot à dire, c'était comme ça.

De plus, sur nos plateaux, pas de ketchup ni de moutarde, cela nous était interdit.

Dans mon cas, c'est assez particulier. 

Je suis entrée avec un poids assez bas pour nécessiter une hospitalisation, mais pas assez bas pour être mise en sauvegarde vitale. J'étais donc en phase de transition mais avec BEAUCOUP de contrainte de sauvegarde vitale :
Extinction des feux à 22h, une heure de visite par semaine, 2h de repos strict par jour ( un peu plus au début, c'était pendant tout le temps de mes passages de sonde ), pas de permission, pas de sport ( en théorie, vous l'avez bien compris ). Cependant, j'avais une heure de téléphone par jour et autant de courrier que je le souhaitais.

J'avais 4.5kg à prendre pour passer en phase d'autonomisation ( je crois mais c'est vieux, et j'ai jeté ce contrat des que jai pu ).

On m'a présenté ce contrat le lendemain de mon admission, en même temps que l'on m'a annoncé la pose de la sonde.
Je devais le signer, mais on m'a bien expliqué que si je refusais de le signer ça ne changerait RIEN puisque j'étais mineure.

Quelques autres regles de cette hospitalisation qui differaient des règles d'une hospitalisation pour dépression par exemple

- je n'avais pas le droit de rester debout.  Durant cette hospitalisation, j'avais un très gros problème vis à vis de l'hyperactivite, et rester assise était une épreuve pour moi. Cependant, je n'avais pas le droit de rester debout, et je me faisais engueuler par les soignants chaque fois qu'ils me trouvaient debout en salle commune. On me reprochait beaucoup de "me foutre de leur gueule" parce que je n'y arrivais pas et que c'était trop dur pour moi ( cetait plus simple de me le reprocher que d'essayer de comprendre les raisons pour lesquelles je n'y arrivais pas ).
- j'avais mes repas sur plateaux. Dans le pavillon où j'étais, ce n'était pas valable pour tous les patients, mais uniquement pour ceux hospitalisée pour TCA, ce qui leur permettait de noter plus facilement ce qui avait été mangé. Ce plateau comprenait aussi un pichet d'eau, qui contenait trois verres d'eau et je n'avais pas le droit à plus par repas. Ces plateaux étaient servi par les soignants, et je n'avais pas le droit de le débarrasser, ni de nettoyer la table, c'était aux autres patients de le faire. C'était aussi les soignants qui décidaient de la place ou je serais assise puisque j'avais "ma" chaise, avec des coussins anti escarre ( parce que les os qui appuient sur la chaise dure, je vous jure que ça fait mal ).
- Le jour de pesée était différent de celui des autres patients. Dans l'hôpital où j'étais, sur l'unité fermé la pesée était le lundi, mais pour les patients hospitalisée pour TCA la pesée était le jeudi, pour permettre une meilleure évaluation pour la synthèse du lendemain puisque le poids définissait un peu toutes les décisions. Sur l'unité ouverte, c'était le mardi au lieu du mercredi, pour les mêmes raisons. De plus, les pesées étaient faites en sous vêtements ( ce n'était pas le cas pour les autres patients ), et nos toilettes étaient fermés à clefs la veille au soir pour éviter toute tentative de triche ( t'avais donc pas intérêt à vouloir aller aux toilettes durant la nuit ). Les pesées étaient considérées ainsi : à partir de -100g c'était considéré comme une perte de poids, entre 0 et 500g de pris c'était une stabilisation et au delà de 500g on parlait de prise de poids. Cela signifie que, si je prenais 400g en une semaine, les médecins considéraient que je n'avais pas pris de poids ( c'est hyper sévère je trouve)

J'ai très mal vécu ce contrat de poids parce que, justement, il se basait uniquement sur mon poids. Toutes les autres données ( mon alimentation, mon hyperactivite, mon etat mental ) n'était pas prise en compte dans l'évolution de ce contrat. Chaque pesée était donc vécu comme extrêmement stressante puisqu'elle définissait comme allait se passer ma semaine.
Je ne me souviens plus du moment où je suis passée en phase d'autonomisation parce qu'il n'y a rien eu "d'officiel" ça s'est fait petit à petit, et les contraintes ont été levées petit à petit en même temps que le poids remonté.

Je pense que je n'ai rien oublié mais n'hésitez pas si vous avez des questions, j'y répondrais sans problème !
J'essaie de vous poster les prochains chapitres au plus long mais cest assez long car je dois tout retaper à l'ordinateur et les prochains chapitres sont de très longs chapitres car on arrive dans la période la plus complexe de cette hospitalisation, alors j'écrivais de très longues pages, et c'est long de tout retranscrire.

Hésitez pas à commenter ça fait toujours plaisir <3

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Sep 30, 2023 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Anorexie, ma prisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant