Eòlach

Chapitre 9 - Puni à cause d'une simple sucrerie

Le soir même, lorsque Shain avait regagné sa chambre – sans le sorcier – pour récupérer des affaires avant d'élire domicile dans la chambre de sa nouvelle amie – il n'était pas assez fou pour rester avec son invocateur après le rafraîchissement de couleur qu'il lui avait fait – et avait trouvé toutes ses affaires recolorées. Pas une seule n'avait échappé à la bombe rose fuchsia qui semblait avoir explosé dans sa partie de la chambre. Ses draps, son lit, les murs du coin qu'il occupait, ses habits dans l'armoire, et même ses sous-vêtements avait eu droit à ce petit renouvellement de couleurs. Le loup-garou avait attrapé un jean et un sweet, ne se risquant pas à prendre son gel douche. Il avait été à la fois énervé et amusé par la vengeance de son invocateur. D'une part, il lui en avait voulu d'avoir transformé son coin en Barbieland, mais d'un autre côté, il avait reconnu l'originalité et l'implication d'Acacio. Il n'avait pas fait les choses à moitié, et son côté perfectionniste – seulement pour les blagues et les vengeances, il fallait que tout soit prévu dans les moindres détails – avait été plus que satisfait. Peut-être qu'ils finiraient par s'entendre un jour – ils n'avaient pas vraiment le choix s'ils devaient vivre ensemble pour le restant de leurs jours. Mais pour le moment, aucun des deux ne voulait mettre son ego de côté pour mettre fin à cette guerre de pouvoir entre eux.

Et cela avait duré encore trois semaines avant qu'une nouvelle sanction de tombe. Malgré les cours d'aide pour les relations invocateur-familier – totalement inutiles puisque Shain, ou plutôt son loup, ne se montrait pas vraiment coopératif et qu'il passait son temps avec Ella et Qrif qui pour le coup s'entendaient beaucoup mieux – et l'obligation de Shain de suivre Acacio à chacun de ses cours, imposée par le directeur, la relation qu'ils entretenaient n'avait pas changé d'un poil. Ils passaient toujours leur temps à s'engueuler dès qu'ils se croisaient et à s'humilier l'un l'autre, ne se laissant aucun répit. Grâce à la complicité d'Ella, le niveau des blagues du métamorphe était monté d'un cran, augmentant par la même l'irritabilité du roux qui le lui rendait bien en tentant toujours de lui imposer des ordres via le lien  invocateur-familier – pas vraiment concluant puisque Shain finissait toujours par se libérer de l'emprise du sort – et en usant de sa magie pour lui jouer toujours plus de tours. Mais dans son malheur, le sorcier avait hérité d'un familier maître dans l'art de ne laisser aucune trace derrière lui après ses méfaits, faisant qu'ils échappaient encore aux heures de nettoyage des écuries malgré les coups de gueule récurant qu'on pouvait entendre à travers toute l'école.

Enfin, c'était le cas jusqu'à ce que Shain se fasse avoir comme un bleu. Les professeurs, en ayant plus qu'assez que leurs cours soient interrompus dès que le loup-garou avait une nouvelle « brillante » idée pour humilier son invocateur et que leurs réserves soient pillées régulièrement, avaient installé plusieurs pièges pour coincer le coupable, où au moins avoir des preuves de son identité. Certains s'étaient révélés complètement inutiles, le familier y échappant toujours, mais d'autres furent plus efficaces, du moins pour diminuer les vols. Et finalement, l'un d'eux apporta la confirmation tant convoitée de l'identité du coupable. Un simple piège, tout ce qu'il y avait de plus banal, avait réussi là où les plus complexes et les plus discrets avaient échoué.

Il ne savait pas encore comment, mais ils avaient réussi à trouver son péché-mignon : des mochis. Il lui était impossible de résister à cette petite pâtisserie à base de farine de riz gluant et de pâte de haricots sucrée, peu importe toute la bonne volonté du monde qu'il y mettait. Alors il l'avait pris après avoir vérifié la pièce, et sans qu'il ne s'en rende compte, le piège s'était déclenché. Une simple petite photo magique, preuve de l'identité de l'intrus, avait était envoyée directement au directeur, faisant qu'Acacio et son familier se retrouvaient convoqués dans son bureau avant même la première heure de cours.

— Je vous avais prévenu. Une seule preuve de votre culpabilité, et c'était nettoyage des écuries pour tous les deux. Vous y avez échappé jusque-là parce que Shain ne laissait aucune trace derrière lui, donc impossible de le relier aux faits, je n'ai donc rien dit malgré les gueulantes au moins une fois par jour, mais cette fois c'est différent, vous n'avez pas eu cette chance. Nous avons toutes les preuves qu'il nous faut pour vous condamner au nettoyage pendant un bon moment.