Chapitre 1 - Le grand soir

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Le grand jour était enfin arrivé. Acacio attendait cet événement depuis l'éveil de ses pouvoirs à l'âge de dix ans. Cela lui avait d'ailleurs valu l'étiquette de « sorcier précoce », l'éveil n'ayant généralement lieu qu'à l'adolescence autour des treize/quatorze ans. Beaucoup l'avaient jalousé, tandis que d'autres l'avaient idolâtré comme le nouveau génie de cette génération et avaient fondé beaucoup trop d'espoir en lui. Cela lui avait plu au début. Toute cette attention pendant que son père s'occupait des affaires de l'académie, le rendant souvent absent, avait comblé un certain vide. Il n'en voulait pas à son père pour ses absences, loin de là. Il s'était occupé de lui du mieux qu'il avait pu, jonglant entre sa vie monoparentale et son devoir de directeur de la plus grande académie de magie du continent, mais il lui était arrivé de se sentir seul. Mais plus les années étaient passées, plus la pression qu'on lui mettait sur les épaules l'étouffait. Heureusement pour lui, peu de personnes savaient qu'il était le fils du grand Millian, grand général pendant la Guerre des Cendres et fondateur de Gach Tùs.

Cette école, construite sur les ruines d'un vieux château détruit lors de la bataille qui avait conclu la Guerre des Cendres, se trouvait à la frontière de chaque pays du continent. Cet endroit stratégique en faisait un lieu neutre, où chacun pouvait venir sans craindre d'être discriminé pour ses origines. Gach Tùs était devenue un symbole de coopération et de rapprochement entre les différentes régions et les différentes espèces qui avaient été déchirées par le conflit. Des émissaires et des professeurs de tous les coins du continent avaient été invités à enseigner à Gach Tùs, permettant ainsi une nouvelle unité grâce à des échanges culturel et intellectuel riche en diversité.

Au fil des années, cette école avait rassemblé bon nombre de jeunes esprits avides d'apprendre et de découvrir de nouveaux horizons. Beaucoup, qui autrefois rêvaient de devenir de puissants guerriers pour défendre leur patrie, suivaient maintenant une nouvelle voie dans laquelle ils pouvaient canaliser leurs talents pour le bien commun. Le partage des connaissances permit de faire naître de nouvelles découvertes et innovations, aidant à reconstruire les zones les plus touchées par la guerre et à moderniser le continent.

Contrairement aux autres académies de magie souvent réservées à une élite ou aux familles riches, l'académie Gach Tùs était ouverte à tous. Peu importe l'origine, le statut social ou la race, chacun avait la possibilité d'y accéder et d'y étudier les arts magiques, les sciences, la philosophie et les arts. Millian croyait fermement que ce cadre, où tous se mélangeaient, favoriserait la compréhension mutuelle, et permettrait d'apporter une paix durable et de la stabilité sur l'ensemble du continent.

Petit à petit, l'académie s'était transformée en véritable petite ville, accueillant non seulement les élèves et les enseignants-chercheurs, mais aussi leur famille. Des commerces s'y étaient installés, permettant aux habitants de se fournir en tout sans avoir à voyager très loin. Les fruits et légumes étaient frais, et les produits ou matériaux de premières nécessités toujours de qualité.

Acacio s'arrêta devant le bureau de son père, prit une grande inspiration pour de calmer - l'excitation d'avoir son propre familier le soir même ne voulait pas redescendre - et toqua à la porte.

— Entrez, entendit-il depuis l'intérieur.

Le directeur était assis à son bureau, traitant sûrement d'un nouveau dossier d'inscription ou d'une nouvelle plainte des professeurs, victime de temps en temps de blagues d'assez mauvais goût selon lui.

— Acacio, installe-toi donc. Je t'attendais. Comment te sens-tu à propos de ce soir ?

Acacio s'avança, se tenant droit et sûr de lui, et s'installa sur l'une des chaises devant le bureau de son père.

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