17. Adultes responsables.

483 39 93
                                    

Mes doigts tremblant se chargent de replier la lettre. Harry n'est pas marié. Il ne l'est plus du moins. Je l'ai repoussé sans le moindre remord alors que lui se confrontait simplement aux souvenirs douloureux de son passé dès qu'il s'avouait ressentir quelque chose en ma présence.

Putain, mais quel idiot je fais !

C'est ça mon problème. Au moindre obstacle, à la moindre difficulté que je vois approcher, je ne me bats pas, je dresse d'immenses barrières entre nous, sans tenter de comprendre. Et c'est ce que j'ai fait avec Harry, j'ai seulement pensé à ma propre douleur sans chercher à me demander pourquoi. Sans chercher une explication à sa réaction, une explication qu'il aurait pu m'offrir depuis le jour même où j'ai découvert son alliance. Une explication que j'ai purement et simplement refusé d'entendre, ne pensant qu'à moi et à ma stupide rancœur. Quel égoïste stupide.

J'essuie quelques larmes de mes joues et prends mon téléphone d'un geste rapide.

Harry.

Je me balade dans mes contacts, cherchant son numéro.

Je retombe sur son message d'anniversaire, qui me fait sourire. Sourire qui retombe bien vite lorsque mes doigts se figent au-dessus du clavier sans savoir quoi écrire.

"Hey, déso j'avais pas capté que j'étais un gros con, tu peux t'expliquer maintenant, je t'écoute enfin"

"Salut Harry, pardon d'avoir mis tant de temps à voir plus loin que le bout de mon nez, désolé pour ton mari, tu veux passer boire un verre et tout m'expliquer ?"

Certainement pas.

De Louis à Harry : Bonsoir Harry, je viens de récupérer ta lettre dans ma boîte aux lettres. Tout d'abord, c'est moi qui te dois des excuses pour mon comportement, j'ai été égoïste à ne même pas te laisser t'expliquer. Je te présente mes condoléances pour le décès de ton mari, je ne ferais pas semblant de comprendre ta douleur à la perte de l'homme que tu aimais, mais je peux au moins l'imaginer. Je ne veux pas que tu disparaisses de ma vie. Je veux qu'on aille une discussion, je veux qu'on rattrape le temps que l'on a perdu par ma faute, je veux que l'on voit où cela nous mène sans avoir peur du passé, sans non-dits. Juste toi, moi, et le destin qui nous mènera où il le souhaite. Donne-moi un jour, une heure, un lieu, et je serais là pour t'écouter dès que tu le veux. J'espère qu'il n'est pas trop tard pour mes excuses, à bientôt Bouclettes.

PS. : la douceur de tes lèvres me manque également."

Je clique sur "Envoyer" au moment où les portières de ma voiture s'ouvrent, me faisant brusquement sursauter. Je tente de me reprendre et de paraître indifférent devant mes petites sœurs qui commencent déjà à sortir la nourriture des sacs.

- Lot', tu veux bien conduire au retour, s'il te plaît, j'ai la tête dans le cul vu que j'ai mal dormi.

- Ouais, si tu veux, tiens.

- Mais je vous avais demandé que des frites, je dis en sortant un menu complet du sachet, je vais même plus passer entre les tables du bar si ça continue !

- Peut-être, mais quelques frites ce n'est pas un repas. Alors tu manges et tu te tais.

- C'est quoi ça ? Demande l'une des jumelles à l'arrière, son bras se faufilant jusqu'à la lettre de Harry qu'elle attrape.

- Daisy, rends-moi ça !

- C'est quoi ? Elle demande en commençant à lire. Une lettre d'amour ?

- Daisy, je ne rigole pas, tu me donnes ça tout de suite, ce n'est rien qui te regarde.

- Dais', arrête, conseille Lottie en voyant les larmes me monter aux yeux.

Deux destins liés [L.S]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant