Adossé au plan de travail de la cuisine de mon amoureux, j'observe ce qui m'entoure. Harry est propriétaire d'une grande maison légèrement éloignée de la ville, que je me surprends à connaître un peu plus chaque jour. La cuisine s'ouvre directement sur le salon dans lequel Haz est en train de se tordre le cerveau, assis à la table à manger. Cette table me paraît immense avec seulement lui autour, son ordinateur, la pile de dossiers et un livre posés devant lui.
Ce matin, il a été réveillé par la sonnerie de son téléphone bien avant son réveil. L'un des livres qu'il devait publier dans les semaines suivantes, dont il s'apprêtait à signer le contrat en compagnie de l'auteur quelques jours plus tard, et qu'il avait lui-même passé beaucoup de temps à le négocier, va être publié par une maison d'édition rivale.
L'auteur a changé ses plans sans en informer Harry, pour une question d'argent apparemment, et celui-ci est en colère depuis le réveil. Il a à peine pris le temps de déposer un baiser sur mon front, me pensant encore endormi, et a quitté la pièce précipitammement. Je le vois pianoter rapidement sur son ordinateur, échangeant sûrement des mails avec ses collaborateurs pour comprendre la situation. Ses sourcils sont froncés, et il a attaché ses jolies boucles en un chignon derrière sa tête d'un geste énervé quand celles-ci refusaient de tenir en place et titillaient encore plus ses nerfs déjà mis à rude épreuve.
J'aimerai m'approcher pour tenter de mieux comprendre ce qu'il se passe, le rassurer, connaître les conséquences du geste de l'auteur, mais je n'ose pas. Mon regard est rivé vers mon amoureux, encore à moitié en pyjama, un bas de jogging qu'il a rapidement enfilé en sortant du lit juste après avoir raccroché, et la chemise qu'il m'a demandé de lui apporter quand son collègue lui a proposé de lancer une visioconférence.
Une tasse de café chaude dans les mains, je décide de me rendre à ses côtés. Si je ne déjeune pas le matin, Harry ne passe normalement jamais au-dessus de cette étape, alors je sors un plateau où je dispose une tasse de café, ainsi que deux toasts beurrés pour qu'il puisse ne serait-ce que grignoter un minimum.
Le plateau dans mes bras, j'avance vers lui, me faisant soudainement surprendre par le bruit de son ordinateur qu'il ferme sans aucune délicatesse. Sa main droite passe dans ses cheveux, défaisant immédiatement l'élastique qui tombe au sol tandis que ses doigts resserrent leur prise autour de ses boucles, et sa main gauche vient directement se loger sur son visage, ses dents s'attaquant à ses cuticules.
Je dépose ce que j'ai dans les mains sur la table avant de tirer la chaise à côté de lui et de récupérer sa main gauche, l'empêchant de se faire mal. Je garde sa main dans la mienne, la massant doucement pour tenter de le détendre, alors qu'il me regarde faire silencieusement.
- Tu m'expliques ou ce n'est pas le moment pour que je pose des questions ?
Il grimace et soupire.
- Désolé de t'avoir réveillé...
- Ce n'est pas grave, j'aurais dû me réveiller aussi, de toute façon, Lottie gère le bar seule ce matin pour qu'on puisse émerger après le week-end, mais je voulais la rejoindre avant pour l'aider.
Mon amoureux hoche la tête avant de finalement m'expliquer un peu plus en détail ce qui le met en rogne depuis son réveil.
- Le livre dont je t'avais parlé, tu sais, le recueil de poèmes ?
- Hum, hum, je hoche la tête. Haz était ravie de recommencer à publier de la poésie, un genre de littérature qu'il apprécie particulièrement mais qui est de moins en moins proposé aujourd'hui.
- L'auteur a été contacté par une autre maison d'édition, ça a toujours été très... Compétitif, si je peux dire ça comme ça, entre nos deux entreprises, mais depuis que j'ai repris la maison, je suis toujours plus ou moins parvenu à trouver un terrain d'entente, ou un compromis avec eux, mais cette fois-ci, Léopold, c'est le nom du directeur, a agit sans m'en parler.
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Deux destins liés [L.S]
FanficLouis est un auto-entrepreneur de 27ans. Aujourd'hui, il est à la tête du commerce dont il a tant rêvé, et qu'il a réussi à monter grâce à l'aide de ses trois petites sœurs : son bar à chats. Le décès prématuré de ses parents l'a envoyé plus tôt que...