Course des imprévus
Date : 4 novembre 2020
Lieu : Parc du Square de Choisy
Participants : Véronique
Rappel : Une heure avant, toutes les deux semaines
— Salut, maman ! Ça va ?
— Salut, Hippolyte, oui. Justement, j'attendais ton appel.
La voix de Véronique est chaude comme toujours, avec un ton pourtant brusque. Averti, le jeune homme ralentit ses foulées, dans l'éventualité où sa mère entende depuis ses écouteurs qu'il est en train de courir. Il s'entraîne au milieu du grand parc à côté de l'appartement trois fois par semaine : mercredi, vendredi, dimanche. Les arbres portent les couleurs de l'automne depuis son arrivée à Paris. Les jours de beau temps, le soleil filtre à travers les dégradés de rouge et d'orange, parsemant d'ombres chaudes l'étroit chemin qui traverse la forêt miniature. Si Hippolyte n'était pas focalisé sur son chronomètre, ses foulées et ses coups de fil à passer, il trouverait l'ambiance détendue.
Comme à son habitude, il optimise ses créneaux horaires ; le sport en particulier, ça marche bien en paire avec des cours audio, des émissions, et même sa mère au téléphone. La semaine dernière, Véro s'est carrément fâchée, pensant qu'il était trop concentré sur sa course et ne l'écoutait pas. En réalité, il en avait juste assez de se faire remonter les bretelles.
— Tu n'es pas encore partie pour tes cours particuliers ? demande Hippolyte, espérant ainsi éviter le sujet du moment.
Le soutien scolaire, c'est ce qui rapporte le plus à sa mère. Les remplacements ne sont pas bien payés et pas réguliers, au contraire des leçons. La dernière fois, elle paraissait sincèrement heureuse de parler de son nouvel élève, bien que ça lui prenne deux soirs en plus par semaine.
Ses pensées dévient. Est-ce qu'elle est handicapée par ces soirées à travailler, est-ce qu'elle sort ? Peut-être qu'elle voudrait rencontrer des gens, des hommes ? Le ton agacé de Véro le ramène promptement sur terre avant qu'il ne décroche de la conversation.
— Non, je suis encore chez nonno, il me reste bien une demi-heure avant les cours, répond Véronique.
Elle laisse passer une petite pause, comme si elle prenait une grande inspiration. Hippolyte soupire intérieurement. C'est reparti !
— On a de nouveau discuté avec nonno, à propos de l'alternance, reprend sa mère.
Florian est rentré hier de ses vacances en Bretagne dans la famille de Joann, avec sa mère et sa sœur. Hippolyte pensait séjourner tranquille à l'appartement, seul, mais n'avait pas pu échapper à un week-end de trois jours chez Bernard... trois jours à ne parler que de cette alternance, justement. C'est devenu « l'alternance » et non plus la possibilité « d'une alternance ». Heureusement, Véro est demeurée de son côté, insistant pour qu'on lui laisse le choix.
Jusqu'à présent en tout cas.
— Tu m'écoutes ? C'est un passage obligé, on en est tous les deux convaincus, je ne comprends pas que tu n'entendes pas raison. Ce n'est que du positif pour toi, avec l'expérience professionnelle que l'alternance t'apportera.
Hippolyte inspire à fond, prêt à relancer ses arguments. En vérité, il n'a pas du tout envie d'investir du temps pour chercher un boulot. Il préfère néanmoins accentuer de meilleures justifications comme la charge de travail et les horaires peu compatibles. Véro coupe court à ses protestations.
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Mondes Perdus
Teen Fiction- Hé, le chat ! Bon anniversaire ! Aujourd'hui ça fait pile-poil un an qu'on n'est pas sortis plus d'une heure d'affilée. Moi qui pensais que porter masques et équipement imperméables, ce serait quand même préférable à l'atmosphère chargée d'inactiv...