Retour disgracieux
Date : 9 octobre 2020
Lieu : Maison Gioradano « Le Domaine »
Participants : Florian, Bernard, Véronique
Rappel : Un jour avant
— Florian, t'as préparé ton sac ?
Hippolyte pend sa veste dans l'entrée. Il arrive enfin à l'appartement, quelques minutes seulement avant l'heure du départ.
— Oui, oui, depuis hier soir déjà. J'y ai ajouté tes haltères comme elles ne rentraient pas dans le tien...
Hippolyte sourit intérieurement. Aider un adolescent de dix-huit ans à faire son sac, même sa mère ne le ferait pas. Il ne parvient plus à déterminer si la gentillesse exacerbée de son cousin l'irrite ou l'inspire.
— J'aurais dû prendre mon nouveau tapis, je suis sûr que nonno a déjà déplacé l'ancien dans la cave pour tenir compagnie aux araignées, grommelle Hippolyte, c'est que ça devait encombrer la chambre d'amis, qui est si souvent utilisée ! On ne voudrait pas que les fréquents invités imaginent qu'on est désordonnés chez les Gioradano...
Ce retour dans la maison familiale l'oppresse, même si ce n'est que pour deux nuits. C'est comme si j'avais peur de rester coincé là-bas... D'un autre côté, il est fier de lui, ça va être l'occasion de raconter ses débuts couronnés de succès à Bernard. Alors qu'il entreprend de vider son sac à dos pour vérifier que rien ne manque, la sonnette retentit. Déjà ! Hippolyte se hâte de tout remettre en place.
Pendant ce temps, Florian termine de ranger la vaisselle qui traînait sur l'étendoir, ferme les stores, coupe les lumières. Le jeune homme s'attire un regard noir d'Hippolyte qui trébuche dans la pénombre de l'entrée en rassemblant ses affaires. Florian le rejoint puis lui lance tout en le poussant hors de l'appartement :
— Lucia n'a pas été invitée, Joann encore moins. Elles m'ont demandé de faire des efforts pour renouer avec le vieil avare...
— Ça fait combien de temps que t'es pas allé chez nonno ? interrompt Hippolyte.
— Deux ans, au moins... soupire son cousin.
Il vérifie d'un dernier coup d'œil qu'ils n'aient pas oublié de sacs puis verrouille la porte d'entrée. Hippolyte le suit dans les escaliers — pas le temps d'attendre l'ascenseur. Florian reprend :
— Tu sais, ma sœur et moi, on n'est pas à la hauteur. On n'a pas tes résultats académiques, ton physique d'athlète, ton air charmeur... ton caractère manœuvrable. Et maintenant que notre famille est devenue « inhabituelle », c'est encore pire !
Hippolyte tique à la mention de « manœuvrable ». Le rouge lui monte aux joues. Est-ce vraiment ce que Florian pense de moi ? Et Lucia, et Joann ? Non pas que leur opinion m'importe, mais tout de même...
Il n'a pas l'occasion de riposter. Les cousins constatent en déboulant dans la rue que Véro bloque le trafic, sa voiture arrêtée en bas de chez eux. Ils sont accueillis à la sortie de l'immeuble au son des klaxons impatients des automobilistes. Les deux jeunes hommes se bousculent devant les portières et Florian se dévoue pour prendre le siège arrière. La Clio redémarre à petite allure pour s'enfoncer dans les embouteillages en direction du boulevard périphérique.
Véro est tout sourire, pas le moins du monde perturbée par la colère des autres conducteurs ni par le silence chargé que maintiennent les deux cousins. Après quelques minutes de bavardages légers sur son trajet dans les bouchons parisiens, elle finit par les dérider tous les deux en leur posant des questions sur leurs nouvelles études. Florian laisse rapidement le monopole de la parole à son cousin. Hippolyte lui en est secrètement reconnaissant. C'est ma mère après tout... Je n'ai pas eu la chance de la voir souvent. Il n'est pas encore rentré depuis le début des cours, contrairement à Florian qui a déjà passé quelques week-ends chez Lucia et Joann. D'un autre côté, Véro n'a pas réellement de « chez elle ».
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Mondes Perdus
Novela Juvenil- Hé, le chat ! Bon anniversaire ! Aujourd'hui ça fait pile-poil un an qu'on n'est pas sortis plus d'une heure d'affilée. Moi qui pensais que porter masques et équipement imperméables, ce serait quand même préférable à l'atmosphère chargée d'inactiv...