Chapitre 11 - Nina

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Je rentre au salon ce matin avec une légère gueule de bois. Ma soirée avec Alex, le client d'hier, n'a pas tourné comme prévu. On a pris un verre ensemble, parlé, mais rien de plus. Il a essayé de m'embrasser, mais j'ai décliné. Ce n'est pas ce que je voulais, pas ce que je cherchais. J'étais à la recherche de l'oubli, d'une certaine distance avec Mickaël et ce qui s'était passé entre nous. Je voulais le rendre jaloux aussi, j'avoue. Je pensais pouvoir l'oublier dans les bras d'un autre, mais ça n'a pas marché, pas même une seule seconde. Alors je suis partie avant de regretter une bêtise de plus.

Alors que je m'installe à mon poste, j'aperçois Mickaël qui a l'air soucieux. Il lève à peine le nez de son téléphone. Les autres se rapprochent, me demandant comment s'est passée ma soirée.

– On a juste pris un verre ensemble.

Ils m'adressent des regards interrogateurs. Benjamin lève un sourcil, clairement pas convaincu.

– Vraiment ? Pourtant il avait l'air d'être sous ton charme.

– Faut croire que c'était pas réciproque.

Au moment où je prononce ces mots, je sens le regard de Mickaël se poser sur moi. Je n'ose pas me tourner vers lui. Je ne veux pas savoir ce qu'il pense de ça, il réagira surement à l'inverse de ce que j'aimerais. Alors qu'avant je le comprenais sans mal, il semble devenu un étranger maintenant. Je ne comprends plus où est passé mon ami, celui qui passait son temps à venir me chercher quand on avait une pause, qui venait me demander mon avis sur ses dessins malgré sa plus grande expérience.

On continue à discuter sans Mickaël. Il est distant et perdu dans ses pensées. Je le vois pianoter sur l'ordinateur du salon, le visage fermé, jusqu'à ce qu'il reçoive un message sur son téléphone. Son visage s'illumine, un sourire se dessinant sur ses lèvres. J'ai l'impression de ne pas l'avoir vu sourire depuis des jours. Une pointe de jalousie me pique le cœur de le voir sourire à ce point, alors qu'il tire une tête de six mètres de long depuis que je suis arrivée.

Surement une autre femme.

Cette pensée me donne un violent haut-le-cœur.

Je passe la majeure partie de la journée à observer Mickaël de loin. Il est en train de tatouer une femme d'une beauté éblouissante. Elle est mince, avec de longs cheveux bruns qui tombent en vagues sur ses épaules, et elle a un rire qui semble illuminer tout le salon. Elle est pleine de vie et clairement intéressée par lui, riant à ses blagues et le touchant de temps à autre d'une manière qui est sans équivoque.

Mickaël semble charmé. Sa morosité de ce matin a disparu. Il est tout sourire, répondant à ses avances d'une manière qui me fait mal au cœur. Enfin, il ne répond pas vraiment, mais il n'y met pas un terme en tout cas. Ça suffit à me faire vriller.

Je me sens soudain très jalouse et triste. Je ne suis pas sure de pouvoir supporter de le voir avec une autre femme, encore moins de le voir aussi heureux. Il mérite d'être heureux, bien sûr, mais la pensée qu'il pourrait l'être avec quelqu'un d'autre que moi est une pilule difficile à avaler. Alors que, de mon côté, je ne m'imagine pas sans lui.

C'est à l'heure de la fermeture qu'un grand brun habillé tout en noir, plutôt baraqué et sexy, entre au salon accompagné d'une femme blonde. Mickaël se lève instantanément et court presque jusqu'à lui avec un sourire si immense qu'on ne voit que lui. Il a l'air ravi de les voir, un bonheur sincère éclaire son visage.

Je m'approche de Benjamin qui s'essuie les mains en les regardant.

– C'est qui ?

– C'était son apprenti avant toi. On l'a pas vu depuis des années.

Tatoue-moi, Choisis-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant