Chapitre 15 - Mick

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Trois jours se sont écoulés depuis que Nina m'a traité de lâche. Trois jours pendant lesquels les mots échangés entre nous se sont réduits à des banalités, et même ça, je peux les compter sur le bout des doigts. Trois jours pendant lesquels chaque regard échangé était fugace et chaque silence lourd.

Elle me manque, la complicité qu'on avait, son rire qui me faisait sourire même dans les pires moments, ses clins d'œil, ses regards. Elle tout entière. C'est moi qui ai voulu ça, cette situation, mais ça n'en est pas plus facile.

Je tente une énième fois de réamorcer un dialogue.

– Tu veux un café ?

Nina relève les yeux de son dessin. Son regard est si dur qu'il me donne envie de reculer.

– Non merci.

Je repars dans l'autre sens sous les yeux de Benjamin qui m'adresse un regard désolé. Il ne dit rien cette fois, on en a déjà parlé hier et il n'y a rien à dire de plus. Si je pouvais oublier mon passé, mes souvenirs, je le ferais. Vraiment. Mais je me sens impuissant.

Je retourne à mon poste, ma tête remplie de pensées négatives. J'aimerais être plus fort. Je veux être celui qui peut surmonter sa peur, celui qui peut aller de l'avant, qui n'est pas hanté par le passé. Mais comment faire ? Comment oublier la douleur, la culpabilité, le vide laissé par la mort de Clémence ? Comment passer outre et refaire ma vie après avoir perdu ma femme et mon fils ? La douleur est toujours là, comme une plaie qui refuse de guérir. Et même si j'ai appris à vivre avec, à cacher ma peine derrière un sourire, je n'ai jamais vraiment réussi à avancer.

Pas un jour ne passe sans que j'y pense, mais je ne peux plus nier que Nina a pris une place encore plus importante maintenant. Chaque nuit, c'est elle que je vois avant de m'endormir, et ma première pensée va vers elle au réveil.

Je me sens coincé entre deux choix impossibles, avancer et oublier ceux que j'avais juré d'aimer pour la vie, renoncer et vivre malheureux sans Nina.

Je la regarde, son visage sérieux, alors qu'elle commence à tatouer sa cliente. Puis elle se met à discuter avec elle et lui offre un de ses sourires qu'elle me refuse depuis 3 jours. J'aimerais être à sa place, pouvoir sourire, rire, aimer à nouveau sans cette peur constante de perdre l'être aimé. Je voudrais être libéré de mes démons, être capable d'oser à nouveau sans cette peur qui me terrifie.

Mais je ne sais pas comment faire. J'ai l'impression d'être coincé dans une impasse, incapable de trouver la sortie. Je suis fatigué de me battre contre moi-même, contre mes souvenirs. Et la seule chose que je sais, c'est que je ne veux pas perdre Nina comme j'ai perdu ma femme. Parce que je ne suis pas sûr de pouvoir y survivre.

Après un rapide tatouage, le mot « Courage » tatoué sur un poignet, je nettoie ma table quand un client arrive. Un mec aux cheveux hirsutes et à l'allure nonchalante entre et demande Nina. Il vient prendre rendez-vous avec elle après l'avoir vue sur les réseaux.

Ils se mettent à discuter. Je n'entends pas tout, je suis trop loin, mais en revanche je vois très bien ce qu'il fait. La façon dont il la regarde, ses sourires enjôleurs, il la drague sans retenue. Je ronge mon frein, encaissant ma jalousie que je n'ai aucun droit de manifester.

Mon cœur se met à battre plus vite quand je la vois lui répondre. Elle semble réceptive à ses avances, ses rires et ses sourires me donnent l'impression qu'elle est intéressée. Il se penche un peu vers elle et je ne sais pas ce qu'il lui dit, mais Nina se métamorphose.

Son rire s'éteint et son sourire se transforme en une expression de colère. Elle se lève brusquement, pointant la porte du doigt.

– Je suis pas une pute ! Casse-toi !

Tatoue-moi, Choisis-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant