Chapitre 6 - Mick

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Les draps sont froissés, nos fringues gisent au sol, l'air est chaud. L'ambiance de la chambre est chargée de sexe. J'ai encore du mal à respirer calmement. Mon cœur bat encore si fort dans ma poitrine que ma tête tourne. Les effets de l'alcool restant dans mon sang sont évacués depuis longtemps. Je n'ai pas fait l'amour à Nina à cause de l'alcool. Ça m'a juste permis d'oublier ma peur le temps de tout déclencher.

Et maintenant ?

Maintenant elle revient.

Nina est allongée à côté de moi désormais, essayant de retrouver elle aussi son souffle. Les yeux fermés, elle a l'air parfaitement sereine, un léger sourire se dessine sur ses lèvres. La voir avec cet air paisible déclenche une décharge dans ma poitrine.

Je me lève brusquement et me réfugie dans la salle de bain, la laissant seule dans le lit. Je referme la porte derrière moi et m'assois à terre sur le carrelage gelé.

Putain, qu'est-ce que j'ai fait ?

La tête entre les mains, je sens l'angoisse monter et me submerger lentement. Mon cœur tape fort dans ma poitrine, il essaye de me dire quelque chose, mais je suis incapable de l'écouter. Je ne vois que des souvenirs de la mort de Clémence, les pics de douleur reviennent à la surface se fracasser dans ma tête et dans chacun de mes os. J'ai mal. Je n'avais pas ressenti cette douleur depuis des années.

Je peux pas revivre ça. Je peux pas.

J'ai du mal à respirer, j'ai du mal à penser. J'en oublie même Nina qui commence visiblement à s'inquiéter. Elle tape avec insistance à la porte de la salle de bain.

– Mick, est-ce que ça va ? Réponds-moi, s'il te plait ?

Je n'arrive plus à parler. Je ne peux pas lui répondre, alors je tente de me lever, mais mes membres semblent anesthésiés. J'arrive lentement jusqu'à la porte. Trop lentement.

– Mick, réponds-moi. On... on va être en retard. Ouvre.

Je suis en train de la faire flipper. Sa voix est douce, mais je peux entendre qu'elle est tendue.

C'est pas ce que je voulais.

J'ouvre la porte et sors de la salle de bain, me confrontant à son regard inquiet.

– Pourquoi tu fais cette tête ?

Je respire un grand coup, me préparant à encaisser. Je vais douiller, je le sais.

– On a fait une connerie, je lâche, incapable de la regarder dans les yeux.

– Quoi ? Pourquoi ?

Elle semble surprise, mais surtout blessée par mes paroles. Je vais la faire souffrir, c'est exactement tout ce que je voulais éviter.

– Ça aurait pas dû arriver. Ça doit en rester là.

– Pourquoi ? Je veux pas qu'on arrête là.

Elle veut... Non, non, j'y arriverai pas.

Je ne peux pas me remettre en couple, j'ai juré de ne plus jamais retenter, j'ai trop souffert pour réessayer. Mais ça, Nina ne le sait pas, c'est le seul sujet que je n'ai jamais évoqué avec elle.

Je dois trouver une parade.

– Même si on voulait essayer, ça marcherait pas. J'ai 40 ans et t'en as 26, ça fait 14 ans d'écart, Nina.

– Et alors ? On s'en fout ! On est des rebelles ou pas ? Qu'est-ce que ça peut foutre 14 ans ?

Sa voix me pousse au défi, ses yeux brillent et révèlent toute sa force. Tout ce courage dont elle a fait preuve depuis qu'elle est partie de chez elle pour vivre sa vie loin de ce que ses parents voulaient pour elle. Elle a tout quitté, ses amis, sa famille, pour venir me demander de lui apprendre le tatouage, et pour la tatouer aussi. Je crois que je n'ai pas le quart de son courage, je n'aurais jamais réussi à faire une chose pareille.

Tatoue-moi, Choisis-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant