𝟶𝟷. 𝙰𝚗𝚊𝚜𝚝𝚊𝚜𝚒𝚊 𝙳𝚊𝚟𝚒𝚜

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Enjoy The Silence - Depeche Mode

Victoria

Quelques jours plus tard. À quelques mètres de la gare d'Amsterdam-Central.

Le regard perdu sur la vitre à ma gauche, je fixe les gouttes de pluie qui s'abattent contre cette dernière. Un sourire en coin né sur mes lèvres. La pluie et le tonnerre sont présents pour m'accueillir dans cette ville sombre, elle qui cache de nombreux secrets, que je me hâte de découvrir. Mon dos me tire autant que ma vessie, mais malheureusement pour moi, je déteste les toilettes public. Lovers Rock de TV Girl résonne dans mes écouteurs filaires avant d'être coupée par un appel téléphonique de ma mère. Je soupire avant de faire glisser mon doigt sur l'écran afin de décrocher.

Victoria, commence-t-elle, une voiture t'attend à l'entrée de la gare.

— Bien.

Puis elle raccroche. Nous n'avons jamais eu une relation fusionnel, et cela nous convient à toute les deux. Mais nous avons un objectif commun ; surement la seule et unique chose qui nous unit réellement aujourd'hui. Le talon haut de mes escarpins noires tape frénétiquement contre le sol, aux côtés de mes bagages, produisant un son dérangeant. Je sens un regard sur moi, alors je décroche mon regard du paysage monochrome - causé par la vitesse du train - pour le poser sur un homme d'un certain âge, face à moi.

Son regard noir se pose sur mon pied avant de remonter vers moi. Je lui souris faussement en accentuant le mouvement de mon pied. Quelques minutes plus tard, je finis moi même par être agacée par le bruit, alors je décide d'arrêter. Je sens le train ralentir, entrant en gare.

— Le train 212, en provenance de Rotterdam-Central, va entrer en gare voie 9, résonne une voix féminine.

Mon besoin de nicotine m'avait joué de nombreux tours durant le trajet, je suis bien heureuse d'enfin sortir de cet espace remplit d'individus aigris, se dévisageant entre eux. Sûrement déprimés par leur schéma de vie ennuyeux et répétitif. Je me lève, attrape mes bagages ainsi que mon sac à main sur le siège vide à droite du mien avant de sourire une dernière fois au vieil homme et de sortir. Désolé papi.

À peine un pied posé sur le quai, le vent frais de l'automne fouette mon visage et ma longue chevelure. Je frissonne sous mon trench noir, m'avançant vers la sortie de la gare afin de retrouver la voiture supposée m'y attendre. Quelques mètres plus loin, j'aperçois un homme adossé à la carrosserie d'un véhicule. Il se redresse lorsqu'il me voit arriver.

— Madame Nguyen, me salut-t-il d'une voix grave.

Il récupère mes bagages qu'il range dans le coffre avant de se positionner face à moi. Sa main tatouée me tend une clef, que je devine être celle du véhicule. Je la récupère en le remerciant avant de m'installer sur le siège conducteur. Je lance un dernier regard à l'homme à travers la fenêtre entre-ouverte avant d'appuyer sur la pédale de l'accélérateur.

Roos Campus, c'est le grand jour. J'espère avoir l'accueil que je mérite.

**

Quelques heures plus tard, Roos Campus, résidence A.

Je suis arrivée depuis quelques heures maintenant, accueillie par un énorme portail en ferraille noir, digne de Nevermore Academy, avant de me faire intercepter par la directrice du campus, madame Aijaz. Elle qui n'a d'ailleurs pas jugé nécessaire de me faire une visite du lieu.

THE CAMPUS OF DEATHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant