THE CAMPUS OF DEATH

𝟶𝟽. 𝚁𝚎́𝚟𝚎𝚒𝚕 𝚋𝚛𝚞𝚝𝚊𝚕

♪ What Was I Made For? - Billie Eilish

[ Ce chapitre contient des scènes pouvant perturber et nuire à la sensibilité de certains lecteurs.
TW : Crise d'angoisse, suicide. ]

Isaac

23h00. Hôtel, chambre 9. Paris.

L'eau ruisselle sur ma peau, de plus en plus rougeâtre au fil des minutes. La douleur est présente, mais c'est le cadet de mes soucis. C'est une vaine tentative afin de faire taire mes pensées sinistres, qui semblent noyer mon cerveau. M'étouffant dans ma propre bulle. C'est épuisant, de toujours vivre dans son subconscient, de toujours être présent sans l'être réellement.

Présent physiquement, absent mentalement.

Un seul visage apparaît en boucle devant moi, devenant de plus en plus flou, de plus en plus lointain. Ma mère. Ma tête commence à me faire mal, alors que je passe une main dans mes cheveux blonds, à présent trempés.

Je n'ai pas fermé l'œil la nuit dernière, ce qui n'arrange rien à mon état. Je n'étais pas dans mon assiette et mes amis l'ont remarqué, ce matin, avant de partir pour la gare. Même s'ils se sont abstenus de toute remarque, j'ai senti leurs regards accusateurs.

Mon retard en était pour quelque chose, moi qui me montre pourtant si ponctuel, habituellement. J'étais éveillé, mais c'était impossible pour moi de quitter ma chambre. Ma mère n'en était pas la cause cette fois... Nous avons tous nos démons, parfois facile à avouer aux autres... Parfois honteux.

Mais à présent, un seul mot tourne en permanence dans ma tête. J'aimerai que les murs de cette salle de bain m'aspirent pour éviter de devoir sourire devant eux, alors que mon cœur se brise petit à petit. Comment vivre normalement alors que celle pour qui je le fais ne pense qu'à une seule chose : la mort.

Ma mère ne souhaite plus vivre depuis le décès de mon père, elle n'a plus ce désir de sentir le vent souffler sur son corps, d'observer les couchers de soleil et d'entendre les rires de moi et Rose résonner dans le jardin fleuri. À quoi bon, l'amour de sa vie est parti.

Et moi, maman ? Je me sens trahi, pourquoi ne fait-elle plus attention à moi ?

Nous avons toujours eu une relation des plus fusionnelles, ça a toujours été nous.

« Isaac et Irmina »

Depuis, je redoute qu'une seule chose. Son décès. Et lorsque ça arrivera, ce ne sera pas un accident. Parce que j'ai l'impression que c'est inévitable. Je ne serais jamais capable de partir, parce que c'est inimaginable pour moi de la laisser perdre son fils, après son mari.

Je ne suis pas sûr que tu sois une grande perte pour elle.

Mais elle, elle ne pense pas à la souffrance insupportable que ça serait pour moi si elle venait à prendre cette décision fatale. Je ne peux pas lui en vouloir. Le suicide, ce n'est pas égoïste. C'est un geste de désespoir, et ce qui est le plus triste, c'est d'arriver à un tel stade. Un niveau de désespoir si intense, que la mort paraît être la seule solution envisageable. Une larme s'écoule de mon œil pour venir s'échouer sur ma joue, sans même qu'une grimace vienne déformer mon visage sans éclat. Je suis sans vie, seule mon enveloppe corporelle est présente parmis nous. Isaac n'est plus réellement là.