𝙿𝚛𝚘𝚕𝚘𝚐𝚞𝚎

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Wicked Games - Chris Isaak

Victoria

Rotterdam, Pays-Bas. 3h16.

— Nous arrivons dans moins de cinq minutes madame Nguyen, dit mon chauffeur.

Le toit ouvert de la Porsche cabriolet laisse le vent frais du mois de Novembre fouetter mes cheveux noirs. Je prends une taffe de ma cigarette à peine entamée, le regard perdu sur la ville qui défile dangereusement vite sous mes yeux. Il y a à peine dix minutes, je me situais dans un bar réputé de Rotterdam, prête à enchaîner les shots de tequila avant de me faire interrompre par un appel de ma mère. Visiblement, ça ne pouvait pas attendre demain.

Les premières notes de Wicked Games de Chris Isaak résonnent dans l'habitacle alors que mon regard s'attarde sur le titre du journal plié négligemment sur le siège passager.

« Roos Campus, Amsterdam : Le campus de la mort ».

Je détache ma ceinture et tends le bras afin de le saisir. Mes yeux parcourent le papier entre mes doigts manucurés.

« Ces dernières semaines, de nombreux cadavres mutilés ont été retrouvé dans la forêt appartenant au campus. En effet, les autorités enquêtent sans relâche et multiplient leurs troupes afin de trouver le ou les auteurs de ces actes barbares ».

Je sens soudainement le regard du conducteur sur moi, alors je lève la tête en direction du rétroviseur. Mon regard croise le sien l'espace de quelques instants avant qu'il le détourne à nouveau sur la route sombre.

Quelques minutes plus tard, je sens le véhicule ralentir. Nous arrivons alors devant l'immense portail qui nous sépare de la résidence de ma génitrice. Il s'ouvre, nous autorisant l'accès. Une fois le véhicule stationné négligemment devant l'allée, mon chauffeur sort du véhicule afin d'ouvrir ma portière. Mes talons Yves Saint Laurent se posent sur le sol goudronné.

— Merci, lui dis-je en m'avançant le long de l'allée.

Je m'aperçois, grâce à la baie vitrée, que le bureau de ma mère est la seule pièce éclairée de la grande résidence luxueuse qui s'offre à ma vue.

— Attend moi ici, je ne serai pas longue, je m'écrie en direction de mon chauffeur, sans me retourner.

Je pénètre la maison et prends l'ascenseur menant à l'étage. Quelques instants plus tard, les portes automatiques s'ouvrent sur le bureau spacieux de ma mère. Des murs blancs ornés de tableaux de collections et un grand bureau en bois parfaitement rangé. Une décoration simple et épurée, à son image. Face à moi, la baie vitrée donne vue sur l'allée. De là, je peux apercevoir mon chauffeur, adossé à la carrosserie noire du véhicule.

Assise sur le grand fauteuil en cuir placé en face de son bureau, un verre de vin à la main et une cigarette de l'autre, elle lève le regard de son ordinateur pour le poser sur moi. Elle est vêtue d'un peignoir en satin noir, me confirmant qu'elle vient de sortir du lit. Je fronce les sourcils, ne comprenant pas pourquoi m'avait-t-elle appelé en pleine nuit.

— Assis-toi, me dit-t-elle sérieusement en désignant du menton le fauteuil face à elle.

Mes talons claquent contre le carrelage étincelant de la pièce lorsque je contourne le fauteuil vide avant de m'y installer. Elle ancre son regard au mien. Malgré son expression sérieuse qui ne la quitte jamais, je remarque d'épais cernes bleuâtres sous ses yeux, d'un noir si profond qu'elle pourrait envoûter quiconque d'un simple regard. Je tiens sans doute ça d'elle. Elle me sert un verre de vin que j'accepte. Puis elle fouille dans le tiroir de son bureau avant d'en sortir un journal. Elle le fait glisser vers moi. Je reconnais le même article que j'ai lu quelques minutes plus tôt, sur le trajet.

THE CAMPUS OF DEATHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant