Chapitre 9

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Je sentais les vagues m'éclabousser lorsqu'elles frappaient la coque du bateau et se cassaient. Le soleil irradiait en ce début d'après midi, et cela m'émouvait presque d'observer ces beaux paysages en compagnie de mes frères, comme si nous n'avions jamais eu de problèmes. Maman parlait souvent de la mer, elle disait qu'elle était d'une immensité éblouissante, d'une force passionnante, mais aussi douce et agréable, elle portait les navires et les guidait à travers le monde. Maman était comme la mer. 

J'étais allongée sur un des nombreux bancs du bateau, la tête posée sur les genoux de mon jumeau, fronçant les sourcils pour lutter contre l'éblouissement. Pendant que je rêvassais, il caressait mes cheveux en chantonnant doucement. Mon frère était vraiment un agneau, toujours si doux et sensible, je l'admirais pour cela. 

-So... Que penses tu de ce comte de Mascorr*?

-Ce que j'en pense? Et bien ça a l'air d'être un homme droit et honnête, je pense que nous pouvons lui faire confiance. Et toi, quel est ton avis?

-Je ne l'aime pas... Je ne sais pas vraiment, il est trop parfait, on ne voit pas de défaut, ça me dérange. Les gens qui ne montrent aucune faiblesse, en cachent souvent une bien plus profonde qu'on ne pourrait le croire.

-Ahh et bien tu n'as pas tord, mais en même temps, nous n'avons aucune certitude pour l'instant. On devrait faire attention, mais nous avons tout de même besoin de lui.

-Oui...

-Et puis Simon!

Je me dressais face à lui un sourire aux lèvres et lui fis un clin d'œil:

-Il nous a offert des vêtements!

-Oui c'est vrai qu'il a fait ça, rigola t'il.

Car en effet, après que nous ayons écrit le contrat, il nous avait offert un repas des plus agréable, complet, varié et équilibré. Il nous avait offert des affaires de voyage neuves et très confortables, nous ne pouvions pas le nier. Nous avions aussi discuté de notre plan. Moi et mes frères, nous allions continuer notre voyage à la recherche d'alliés pouvant se battre à nos côtés. Le comte, lui, allait s'occuper de répandre des rumeurs pouvant faire douter le peuple de mon père, et sous entendre qu'il n'était pas apte à diriger, il allait également chercher des informations pour nous aider, nous créer de fausses identités plus sures au cas où, nous aiderait avec certains de ses contacts et ferait en sorte que nous ne manquions de rien. Il avait également put répondre à certaines des énigmes que nous n'arrivions pas à résoudre. Par exemple, il avait résolu le petit mystère de la Bledaine*, et je me demandais maintenant pourquoi Madame Maria ne nous avait pas donné ces informations. La Bledaine* était enfaite l'une des grandes rivières de l'Alunta*, notre continent. Elle était le croisement de deux ruisseaux qui se rejoignaient et se jetait dans la mer des Mémoires, au nord-est. Alors c'est là- bas que nous devions aller pour restituer la dague? Ça allait nous prendre pas mal de temps pour y arriver, surtout si nous faisions des détours pour notre quête. Nous passerions sûrement d'abord par la vallée des lucioles, l'arbre aux esprits et la ville de Solrani*, qui étaient des lieux fréquentés aussi bien par le peuple que par les nobles et les commerçants étrangers, ils étaient donc des lieux stratégiques pour les transferts d'informations, c'est ce que le comte nous avait assuré. Il nous avait aussi dit que c'était dans ce genre d'endroits qu'il enverrait Maston-Kall* pour nous contacter. Je m'étais alors inquiétée de la façon dont nous nous retrouverions, mais il avait l'air sûr de lui, comme si rien ne l'empêcherait de nous retrouver, et cette impression je l'avoue, ne me rassura pas. Cependant, je décidais de lui accorder ma confiance, tout en restant sur mes gardes. Nous ne savions pas à quoi nous attendre, nous ne connaissions encore rien du continent, tout allait être nouveau pour nous. Il nous fallait du soutien, un repère stable et fixe, bien-sûr je pouvais compter sur mes frères et eux pouvaient compter sur moi, mais je pressentais que toute cette aventure nous changerait, nous ferait évoluer.                       

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