Chapitre 10

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Mes frères et moi étions agglutinés sur le pont du bateau, nous regardions le port de Bertune* se rapprocher et se préciser chaque seconde. Dans quelques minutes, nous accosterions sur cette magnifique ville portuaire, et commencerions véritablement notre aventure. Un renouveau, le début de notre voyage. Et si nous avions su, aurions nous fais les mêmes choix? Peut être, je ne suis pas sûre. Après tout, nous avions fait des rencontres, et avions découvert de nombreuses choses. Mais nous avions également beaucoup souffert. Mais qu'importe, nous ne le savions pas à cet instant, nous découvrions pour la première fois un autre monde, si différent du notre, de celui que nous avions toujours connu, nous étions fascinés.

-C'est magnifique, murmura Simon alors que nous étions tous les trois ébahis par ce spectacle merveilleux qui se déroulait sous nos yeux.

-Oui, acquiesçais je les yeux surement brillants d'émotions.

J'avais l'impression de prendre en flagrant délit un bal interdit, où tout le monde est heureux, alors que la mort règne autour, et que chacun devrait tenir un deuil et se recueillir. Une joie inarrêtable, un bonheur surhumain, qui plus on essaie de le calmer, plus il devient violent et incontrôlable. 

Des hommes faisaient rouler, à la file indienne, des tonneaux de toutes tailles, des étales de multiples couleurs exposaient des tissus, des fruits, des babioles, et autres marchandises en tout genre, deux jeunes hommes hélaient les passants en leur tendant des journaux,  des fumées se dégageaient de certains bâtiments, une odeur de nourriture alléchante flottait dans l'air, une petite troupe de musiciens jouaient des mélodies vives et quelques charrettes passaient, tirées par des chevaux, des cochons, des moutons et encore d'autres animaux.

Le bateau accosta, le pont fut tiré, et on nous invita à descendre et à décharger nos affaires. Nous posions enfin les pieds sur le continent, dont nous avions tant entendu parlé et rêvé.

Les odeurs alléchantes de viande, des étables et des confiseries nous parvenaient, nous mettant l'eau à la bouche. Nous traversions le port, regardant partout, tentant d'imprimer dans notre mémoire chaque détails de cet endroit merveilleux. Orane avait sorti un petit carnet, et il notait tout ce qu'il voyait, dessinait même quand les mots n'étaient pas suffisants, Simon lui parlait avec les commerçants, leur posant de nombreuses questions, sans même en attendre la réponse, quant à moi, j'étais très excitée, mais aussi un peu effrayée par toute cette nouveauté. Je sursautais quand un plateau surgit devant mon nez.

-Vous voulez gouter? me demanda une marchande à l'air sympathique. Ça se voit que vous êtes des étrangers, ria t'elle, ça c'est une spécialité d'ici, à base de beurre et de viande séchée, c'est délicieux vous allez voir!

Je piochais l'une de ces spécialités ressemblant fort à des gâteaux et l'enfournais dans ma bouche. C'était salé, on retrouvait le délicieux gout fumé de la viande, entouré d'une couche croustillante rappelant la pâte à tarte grillée. C'était vraiment bon.

-Qu'est ce donc? demandais je à la femme, qui attendait de voir ma réaction.

-On appelle ça des Brouckas*, c'est très apprécié des voyageur comme vous, car ça se conserve extrêmement bien, et c'est à la fois succulent et consistant, tout ça à pas très cher. Vous en voulez?

Elle tentait de me vendre son produit. Mais on ne pouvait pas dire que c'était faux, c'était un aliment très intéressant pour le voyage, alors je finis par me laisser convaincre.

-Je vais vous en prendre un peu, quels sont vos prix?

-3 pièces de bronze* le sac de 3 poids*.

-Eh bien! C'est peu cher!

Bien de MalheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant