Les hommes silencieux nous regardaient, incrédules.
Puis le Comte de Mascorr* pris la parole, lentement, l'air de faire attention au choix de ses mots. Orane était toujours trop proche de lui pour les convenances, et le fusillait du regard.-Vous dites être de la famille du Héro de la Grande Guerre...
-Nous ne sommes pas juste de sa famille, nous sommes ses enfants, coupa Orane.
-D'accord, alors vous dites que Victor Harodon est votre père ? N'avez vous pas peur de proférer de tels mensonges dans un lieu où il est détesté?
Avant qu'Orane ne puisse continuer, je pris la parole.
-Nous avons peur. Mais pas de vous. Et ce ne sont pas des mensonges. Il est notre père. Je le hais de tout mon corps. Je le tuerai un jour, je m'en suis fait la promesse.
-Mais je ne comprends pas bien. Admettons que ce que vous dites soit la vérité, pourquoi le détestez vous ?
-C'est la vérité. Cet homme nous a abandonnés avec notre mère lorsque nous étions au plus bas, pour recevoir la gloire et les mérites. C'est un homme vil, qui ne mérite rien des ses possessions. Je le déteste.
-Avez vous une preuve de ce que vous avancez?
-Une preuve? En avez vous besoin? Après tout, ne cherchez vous pas des personnes le détestant? Même si nous mentions, nous pourrions vous aider contre lui. Mais si vous voulez une preuve, je vous donne mon sang. J'ai entendu dire que les magiciens pouvaient déterminer le sang des familles, débrouillez vous. Vous avez plus de pouvoir que nous.
Mon frère avait reculé, ce qui permit à notre interlocuteur d'échanger un regard avec ses camarades.
-Veuillez nous laisser un moment. Vos propos sont assez perturbant, comprenez.
-Prenez le temps qu'il vous faudra, nous vous attendons là.
Et ils repartirent.
Pendant presque une heure, nous n'avions aucune nouvelle.
Maston-Kall* nous apporta du thé et des biscuits. Simon s'empiffra. Orane rumina. J'angoissais jusqu'à mal au ventre.
Le soleil commençait à éclairer la pièce d'une lueur rose, qui petit à petit vira au orange au fur et à mesure qu'il s'élevait dans le ciel. Nous étions venus tôt. Bien trop tôt, ce n'était pas poli, mais qu'importe. Ce paysage était beau. Ce monde était beau.
Il l'était aujourd'hui, mais le serait il demain encore? Comment pouvions nous le savoir? Face à mon père, le monde pouvait s'écrouler, je le pensais.
Un bruit de verre brisé troubla mes pensées, je relevais la tête et découvrait les débris au pied d'un meuble. Le coupable me fixa en miaulant doucement et fit onduler sa queue sans aucun signe de culpabilité. Ce jeune chat ne devait pas encore avoir atteint sa taille adulte, il était gris cendré, sans aucune marque distinctive. Simon reposa son biscuit et s'approcha de lui très doucement, il lui tendit la main, se laissa reniflé et fit ronronner le nouveau venu en lui grattant le cou. Puis il le pris dans ses bras et retourna s'asseoir sur le fauteuil en posant cette petite boule de poils sur ses genoux. Mon jumeau avait toujours adoré les animaux, et les animaux l'aimaient aussi. Il s'en occupait si facilement, si naturellement, comme si il parvenait à les comprendre.-Nous revoilà, j'espère que vous nous pardonnerez cette interruption.
Je sursautais et me retournais vivement, je ne les avais pas entendu revenir. Simon ne bougea pas du canapé, toujours occupé à câliner notre petit invité, et Orane continuait sans gène à inspecter tout ce qui entourait.

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Bien de Malheur
ParanormalMoi je déteste lire, parce que les livres ne montrent qu'une partie de la réalité. On peut y mettre ce que l'on veut, que cela soit vrai ou non, les lecteurs ne le savent pas, ils se fient à l'auteur. Mon père était appelé de différentes façons : «...