Acte 8

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   Joseph reprit "Moi aussi, il me manque une femme...

- Pourquoi tu dis ça, demanda Henri, tu es amoureux de quelqu'un?

- Peut-être, sourit Joseph.

- Alors, c'est qui?

- Diane, avoua l'enseignant après un moment de silence.

- Ah oui! Diane, c'est vrai que vous pourrez former un joli couple. Deux Américains en plus, puis Diane, c'est une belle femme, éloquente aussi, comme toi."

   Finalement, l'air de mondaine fabuleuse de cette Américaine séduisait Joseph, le charisme et la beauté du sociologue faisait de l'œil à Diane. Cette attirance était alors réciproque. Bref, les gendarmes étaient encore au téléphone, Henri a laissé son ami rejoindre les femmes pour qu'il tente de se rapprocher de Diane, il est allé voir M. Lombardeaux. Il lui demanda s'il avait besoin d'aide, mais le gendarme lui fit signe de se taire et de laisser faire les professionnels. Henri a alors rejoint les autres invités, assis dans le grand salon de la pièce à vivre. Joseph et Diane parlaient sur un canapé à part, Marguerite et Lydie restaient silencieuses. L'industriel leur lança "Vous allez mieux mesdames?

- Oui, répondit Lydie, enfin quant à moi, je vais mieux.

- Et toi, demanda Henri, Marguerite?

- Oui, j'ai surtout hâte de voir qui est le tueur, on en sera enfin débarrassé.

- C'est sûr, continua-t-il, vous ne pensez pas qu'il va recommencer?

- Non, non, rit la Catalane, il va se calmer j'espère, on n'est pas dans un roman policier, ni d'épouvante. Haha! Comme si Albert, c'était Anthony Marston, moi, Vera Claythorne, toi, tu seras Blore, et toi, Marguerite, Emily Brent!

- Blore, pardon, réagit Henri, j'aimerais pas finir comme lui, ma tête fracassée par une statue en marbre, non merci!

- Et puis, Emily Brent, rejeta la propriétaire des lieux, c'est pas mieux d'être cette vieille pie...

- De toute façon, personne d'autre ne va mourir, dit l'homme avec conviction, on attend juste que les gendarmes partent, et tout le monde va tranquillement rentrer chez soi en essayant d'oublier cette soirée.

- Oui, reprit Lydie, c'est pas contre toi Marguerite, mais c'est vrai que cette soirée était assez, disons, traumatisante.

- Je suis vraiment désolée les amis, s'excusa-t-elle, je ne sais vraiment pas ce qu'il s'est passé, moi aussi, cela m'a choquée, mais ce n'était vraiment pas le but de mon invitation..."

   Marguerite avait la larme à l'œil, pourquoi cette soirée avait-elle viré au meurtre? Pourquoi avoir tué Albert? Ce pauvre général n'avait rien demandé, tant de questions que se posaient les invités ainsi que les gendarmes. Ceux-ci étaient remontés dans la salle du crime. Ils posaient de temps en temps des questions à nos protagonistes, cela déraillait au début, avec les interventions de Joseph et Lydie, ensuite, ils s'étaient enfin calmés et chacun s'écoutait. Beaucoup de soupçons reposaient d'ailleurs sur ces deux-là, en même temps, c'étaient les deux qui parlaient le plus, pour tous, plus on parle, plus on est suspect. Henri s'impatientait mais il n'osait pas demander aux gendarmes s'ils avaient besoin d'aide, comme il s'était fait virer de leur cercle d'enquêteurs. Il lança "On s'ennuie, non?

- Oh que oui, répondit son ancienne amante, j'ose même pas les approcher, au vu de la manière dont Lombardeaux t'a renvoyé, je pense avoir de bonnes raisons de pas l'approcher.

- Tu t'entendais bien avec lui pourtant, s'étonna Diane, tu le croisais quand tu allais au marché!

- Je ne le connais pas Lombardeaux, nia Marguerite, c'est avec Mercier que je m'entends bien, il est gentil et drôle, il me fait rire aussi avec sa moustache de gendarme. Tu le connais bien en plus, c'est celui qui était à notre guinguette printanière!

- Mais oui, s'exclama Diane, c'est vrai qu'il est drôle. Comment ai-je pu le confondre avec Lombardeaux? Heureusement que tu es là pour me rafraîchir la mémoire ma belle. Bon, je vais aller boire de l'eau moi, je crois que ce verre de sauvignon était de trop."

   Les invités rirent en voyant l'Américaine se lever, elle cambrait le dos et se dirigea vers la grande table. Elle peina à prendre la bouteille de vin rouge, se servit un verre, se rendit compte que ce n'était pas de l'eau, vida son verre dans la bouteille, saisit la carafe d'eau, se servit la bonne boisson dans un verre qui n'était pas le sien et revint enfin s'asseoir dans le salon. Son subconscient avait l'air de diriger son corps, en fait, elle ne savait pas ce qu'elle faisait à cause de l'alcool et du traumatisme. Elle aspirait lentement son eau, avachie sur le canapé. Joseph lui proposa "Tu devrais vraiment dormir Diane, on peut te laisser sur le canapé?

- Il n'y a pas besoin de lui dire, rit Marguerite, elle s'est déjà endormie, de toute façon, elle devait rester chez moi cette nuit, et vu son état, ça lui ferait un grand bien.

- On va la laisser, sortit Henri qui constatait l'Américaine ronfler, c'est un ours en hibernation que nous avons là!"

   Les invités rirent à nouveau, ils décidèrent alors de la laisser dormir, de toute façon, elle était surveillée par Mercier et son acolyte à la bouche en chorizo. Ils montèrent un moment à l'étage, pour essayer de trouver une occupation. Ils essayaient de dévier le sujet du meurtre. Ainsi, Marguerite, Henri, Joseph et Lydie étaient arrivés dans le fameux boudoir moderne de la bourgeoise, ici, se trouvaient des fauteuils et un canapé Roche Bobois au milieu d'un joli mobilier scandinave dans une ambiance tamisée, très chic. Il y avait même une télévision et un autre téléphone. Cette pièce donnait clairement une vision du salaire de François et de l'héritage de Marguerite. Cette dernière demanda d'ailleurs à ses invités "Est-ce que vous voulez un café, un thé, une tisane ou autre?

- Un café, je ne dis pas non, répondit Henri.

- Moi aussi, s'exclama Joseph.

- Et si tu pouvais m'amener un Earl Grey, rajouta Lydie, tu serais très gentille.

- Je vous amène tout ça, assura la propriétaire en quittant le salon.

- Tu n'as pas de cafetière ici, plaisanta son amant.

- Non, pas encore, rit-elle, bientôt peut-être..."

   De ce pas, Marguerite est descendue à la cuisine et a ramené leur commande, elle est revenue avec un plateau sur lequel étaient posés deux tasses de café et deux tasses de thé. "Voilà pour vous messieurs-dames!". Chacun a alors bu sa boisson en parlant de tout et de rien, les invités avaient enfin repris une discussion calme, normale. Le temps s'était enfin arrêté lors de cette soirée agitée.



   C'est la fin de cet Acte 8, j'espère qu'il vous a plu encore une fois et je vais m'empresser de publier la suite, à bientôt!


Histoire à mourir deboutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant