"Lydie Da Silva, vous êtes arrêtée pour le meurtre du Général Albert Faure", prononça Lombardeaux. Les invités étaient choqués, ils alternaient entre les "Oh mon Dieu, non pas toi, Lydie!" et les "J'en étais sûr, c'est elle la criminelle!". Joseph était certainement le plus étonné, en même temps, il avait fait confiance à cette femme. Il voulait tout de même savoir comment elle avait réalisé ce coup de maître. Il lui demanda alors "Mais comment tu as fait pour le tuer?
- Tout simplement, expliqua-t-elle, Marguerite et Henri étaient dans la chambre, apparemment pour chercher une arme, mais on sait tous qu'ils faisaient des cochonneries! Puis, Diane et toi, vous étiez en bas. J'avais clairement l'occasion d'attirer le vieux en haut.
- Mais, comment tu l'as attiré à l'étage, comme tu dis, s'enquit l'enseignant.
- Tout simplement, encore une fois, leur apprit cette femme aussi tactile que manipulatrice, c'est un gros pervers! Je lui ai proposé de faire des bêtises dans la bibliothèque, et il a accepté, comme un con. De plus, il voulait faire ça avec moi depuis le début de soirée.
- Mais pourquoi tu l'as tué, s'interrogea Marguerite, qui s'incrustait dans la conversation, je pense que même si cet homme a, selon tes dires, des idées des plus étranges, il ne mérite pas de mourir. Nous en avons eu un exemple dernièrement, maintenant qu'il n'y a plus de peine de mort dans ce pays, tu as tué un homme, mais ce n'est pas pour autant que l'on va te tuer à ton tour.
- C'est parce que j'en ai marre, dit Lydie, criant haro sur le baudet, marre de voir ces hommes, qui sont pour certains "la Gloire de la Nation", se comporter comme des sauvages, avides de faire l'amour, ceux qui détournent l'argent de leur entreprise pour s'acheter des biens immobiliers partout dans le monde, en général, ceux qui abusent de leur pouvoir et qui se croient supérieurs aux autres. Comment des hommes pareils peuvent-ils représenter la France? Sérieusement. J'en ai aussi marre de ceux qui se moquent de mes origines, à aucun moment je n'ai précisé en plus que j'étais gitane. En plus, vous vous dîtes être un pays ouvert, sans préjugés, vous idolâtrez votre président socialiste, mais tout ceci n'est qu'une ruse! Voilà, j'aurai agi, j'aurai réalisé un acte de résistance contre l'oppression française!
- Ta gueule la voleuse de poules, s'énerva Lombardeaux, encore, tu oses appeler ton crime un acte de résistance, tu n'as vraiment aucune pitié! Et si la France t'oppresse, tu n'as qu'à retourner en Espagne!
- Calmez-vous, s'il vous plaît, leur pria M.Mercier. De toute façon, Lydie ne va pas aller en Espagne de sitôt, c'est en prison qu'elle va passer un séjour. Lombardeaux, rentre chez toi s'il te plaît, je ne te laisserai pas partir avec elle de toute façon.
- Et pourquoi donc, s'exclama son associé, je vais juste l'embarquer dans une voiture, puis elle ira en prison.
- On ne sait jamais avec toi, je vais juste te laisser la bâillonner, puis tu t'en vas."
Les ordres du chef furent vite exécutés, Lombardeaux a mis un bâillon à la coupable, l'insultant une dernière fois, puis il est parti. Avant de la faire monter dans un véhicule avec des policiers, Henri demanda une faveur à Mercier "Est-ce que vous pouvez embarquer l'autre zouave qui parle tout seul s'il vous plaît?
- Oui, si vous voulez", répondit-il en me regardant.
Évidemment, vous pensez bien qu'il faut que je finisse de vous raconter cette histoire aussi passionnante que déconcertante. Je suis donc sorti de la voiture juste après qu'ils fassent monter Lydie. Je voyais la voiture, avec les gendarmes et la criminelle, disparaître au loin. Ils embarquaient le danger avec eux. En entrant dans la maison, les invités qu'ils restaient étaient soulagés, Mercier était encore ici. Joseph pouvait enfin se poser, pour lui, il avait grandement aidé les enquêteurs, mais finalement, en réfléchissant bien, Lydie était forcément la coupable, c'était bien elle qui était montée, seule, avec Albert, c'était à ce moment qu'elle avait sorti son couteau et l'avait poignardé. Henri, lui, aurait enfin pu partir, mais il restait, il avait sûrement envie de se reposer chez son ancienne amante, dormir enfin pendant cette longue nuit. Diane, elle, n'avait pas attendu l'arrestation de la coupable pour s'assoupir, elle avait ouvert ses yeux lorsque la Catalane a révélé avoir commis son crime, cela l'a choquée sur le moment, mais cela ne l'a pas empêchée de se rendormir quelques minutes après. Enfin, Marguerite avait perdu une amie, mais elle était soulagée de s'en être débarrassée, avec des minutes de recul, elle s'était rendu compte que ce n'était pas une bonne amie.
Monsieur Mercier était accoudé à la table de la salle à manger, Marguerite est allée le voir en le remerciant "Tu fais toujours un travail super, je ne te remercierai jamais assez. Au moins, j'aurai découvert le vrai visage de Lydie.
- Oui, c'est sûr, répondit-il
- Mais, tu sais, se confia la maîtresse de maison, maintenant, je n'ai plus l'envie d'organiser des soirées pareilles. Ce qui s'est passé m'a profondément dégoûtée...
- Oh, ne dis pas ça, tenta le gendarme afin de la réconforter, tu as encore Henri, Diane et Joseph. Tu les aimes bien?
- Oui, c'est vrai, il y a toi aussi. Maintenant que tu le dis, je pourrais t'inviter", sourit-elle.
M.Mercier constata qu'il était encore là, alors qu'il était très tard. Il expliqua alors à la propriétaire "Bon, Marguerite, je vais y aller moi, il est tard...
- Oh non, déjà, soupira-t-elle, pourquoi ne resterais-tu pas?
- Même si je ne travaille pas, je pense que je dérange, puis vous allez dormir, non?
- Mais, je viens de me souvenir que j'avais un dessert en plus, s'exclama Marguerite. Oh non! Tu restes, en plus, si tu ne travailles pas demain, c'est parfait! Tu vas voir, tu vas te régaler.
- Bon, si tu me proposes un dessert, accepta Mercier, je veux bien rester, haha! Qu'est-ce que tu as préparé comme petite douceur?
- La boulangère a fait des religieuses et des babas au rhum, mon chou, ria-t-elle. Bon, à table les amis!
C'est la fin de l'Acte 10. J'espère qu'il vous a plu comme d'habitude. Vous aurez découvert l'identité de la coupable, mais ce n'est pas pour autant la fin de cette histoire. Je continue alors d'écrire pour publier la suite, à bientôt pour l'Acte 11.
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Histoire à mourir debout
AlteleLe récit d'une femme et de ses invités lors d'une soirée mondaine.