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01 juillet 2023-Esmeralda

How to I say goodbye- Dean Lewis

( Musique en haut )

Souriant aux personnes qui passent près de moi, je détourne très vite le regard, pour le concentrer sur la tombe de ma mère. Sa tombe... J'essaie du mieux que je le peux de cacher mes larmes, ne voulant absolument pas me mettre à pleurer devant tout le monde. Mais c'est lorsque que l'on annonce que nous pouvons déposer les roses sur sa tombe, que j'éclate en sanglots. C'était ses fleurs préférés... C'était... Je ne veux pas parler au passé d'elle. Je veux qu'elle soit à côté de moi, en souriant.

Doucement, je me rapproche, lui chuchote quelques mots, comme si j'avais l'espoir qu'elle puisse m'entendre, et lance ma fleur sur sa tombe. J'attends quelques secondes, par peur que si je pars, si je m'en vais, tous nos souvenirs passés à deux s'envoleront eux aussi, me laissant sans rien d'elle. Me laissant sans aucun souvenir de nos dix-neuf années passés ensemble. La main de ma tante qui me force à reculer, me fait revenir à la réalité. Me fait me rendre compte que de rester ici, près d'elle, ne changera strictement rien. Et à cette idée, mes larmes redoublent.

Son état s'est dégradé si vite... En seulement quelques jours, ces semaines et ces semaines de travail ont été réduites à néant. Très vite, bien trop à mon goût, elle a été placée sous respirateur. Si bien que j'avais interdiction d'aller la voir. De lui parler. De lui dire que je l'aime... Je devais me contenter de la voir à travers une fenêtre, branchée grâce à des vingtaines de fils. Je ne pouvais rien faire face à ça. Rien, sauf prier. Prier pour qu'elle s'en sorte. Prier pour que je puisse la reprendre dans mes bras, lui parler, passer du temps avec elle, comme avant. Qu'elle puisse revivre une vie normal, et moi aussi. Qu'on puisse refaire comme lorsque j'étais petite. Avant que cette foutue maladie la gagne.

Mais lorsque j'ai vu cette appel, j'ai compris. J'ai compris que tout ce que j'ai toujours redouté était arrivé. J'ai compris que c'était la fin. Ils n'ont rien eu à me dire. Absolument rien. Et c'est à ce moment là, que j'ai perdu une partie de moi. Que j'ai perdu foi en tout. Que j'ai arrêté d'espérer pour rien.

Alors, je suis retournée à Barcelone, pour préparer cette enterrement qui me briserait le coeur. J'y ai convié le peu de famille qui nous reste, et m'efforçant de garder la tête haute. Je faisais comme si tout allait bien, quand j'étais en compagnie de quelqu'un, mais dès que je me retrouvais seule, je pleurais. Je pleurais sans pouvoir m'arrêter. Je pleurais parce que je m'en voulais. Je m'en voulais de ne pas avoir pu lui dire tout ce que je ressentais. Mais je m'en voulais surtout parce que je n'ai pas pu lui dire que je l'aimais. Une dernière fois... Mais tout s'est passé si vite... Je n'ai rien plus faire. Absolument rien.

Je me force à sourire en voyant mon petit cousin, Carlos, arriver vers moi. Ce n'est qu'un enfant, et je n'ai pas envie qu'il me voit comme ça. Alors, comme je le fais depuis des jours, je me force à sourire. Je me force à faire comme si tout allait bien. Alors que je n'ai pas le cas. Tout ne va pas bien. Rien ne va surtout.

« Moi comprends pas pourquoi vous pleurez. M'annonce mon petit cousin.

- Parce qu'on est triste, voilà tout. Parfois, quand on est triste, on pleure. C'est comme un besoin.

- Mhhh. Mais moi pleure pas. Alors ça veux dire que je, pas triste?

- Peut-être pas. Mais moi je le suis. C'est pour ça que je pleure. Parce que c'était ma maman...

- Alors je vas te faire un câlin magique, comme ça toi plus triste.»

Je rigole doucement, avant qu'il ne se faufile dans mes bras. Mes larmes coulent toujours, certes, mais moins. C'est comme si la simple présence d'un enfant m'empêche de continuer de pleurer. Il arrive à me faire sourire, alors que depuis le vingt-deux juin, c'était devenu impossible. Personne ne pouvait me faire sourire.

Si j'avais su que de le prendre dans mes bras me ferais sourire, je l'aurais fait depuis longtemps. C'est dingue à quel point la simple présence d'un enfant peut me faire un bien fou.

[...]

Me retournant plusieurs fois dans mon lit pour tenter de m'endormir, je souffle en comprenant que c'est peine perdue. Pablo m'a envoyé un message, il y a quelques heures maintenant, me demandant si tout allait bien. Et depuis, je n'arrive pas à dormir.

J'ai envie de lui répondre. De lui dire que non, tout ne va pas bien. Lui dire que ma mère est morte. Lui dire que je n'ai pas été en capacité de faire ce qu'il fallait pour qu'elle guérisse. Que je n'ai rien pu faire. Mais je ne peux pas. Je ne peux pas car je n'ai pas envie qu'il est pitié de moi. C'est tout ce que je ne veux pas. Qu'il est pitié de moi.

Je sais qu'il est là pour moi. Je le sais. Mais je ne veux pas. Je veux apprendre à faire mon deuil seule. Je n'ai pas besoin d'aide. Je sais me débrouiller seule. Et c'est ce que je vais faire, comme je l'ai toujours fait. Je ferais mon deuil comme je le veux. J'apprendrais à vivre sans ma mère seule. Et si ça doit durer plusieurs années, ça durera plusieurs années. J'avancerais à mon rythme. Sans qu'on me force à me dépêcher. Sans qu'on ait pitié de moi. Et si il faut que personne d'autre ne soit au courant, et bien je le ferais.

A Pab':

Tout vas bien, oui. Je profite de mes derniers jours de vacances pour partir à Porto. Je ne pourrais pas te répondre, désolé.

Et voilà que je me mets à mentir. Que je me mets à lui mentir. A lui... Chose dont j'ai horreur. Pourtant, je deviens tout ce que je déteste être... Parce que je veux ravaler mes sentiments. Parce que, peut-être que si je ne l'avoue pas. Si je n'avoue pas que ma mère est morte. Elle restera à jamais auprès de moi... 

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Et coucouuuu.

Bon... 

Avec moi, c'était prévisible. 

Mais ça va être important pour la suite. 

Vous ne savez toujours pas pourquoi elle était froide avec Pablo au début, mais ça ne tardera pas.

N'hésitez pas à me donner vos avis sur l'histoire.

Ou même vos idées pour la suite.

Et même si vous n'aimez pas, vous pouvez me le dire! 

Je ne le prendrais absolument pas mal, sachez-le.

On se retrouve vendredi pour la suite!

Besos!

Triangle amoureuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant