Tic tac, tic tac, tic tac.
Le bruit de l'horloge qui était accrochée au mur se répercutait dans la pièce à mesure que les secondes défilaient, venant briser le silence qui s'était installé. L'atmosphère n'était pas pesante, juste feutrée et immobile.
Assise sur le canapé, les jambes repliées sous elle alors qu'un plaid reposait négligemment sur ses genoux, Juliette regardait par les grandes fenêtres la neige tomber et recouvrir le sol de son duvet blanc. La nuit s'abattait progressivement sur la ville et les lampadaires commençaient à s'allumer, lui donnant un air féérique.
Cette vue était reposante, elle avait le même effet sur l'esprit qu'un chocolat chaud devant un film de Noël avec une bouillotte en bas du dos, entouré d'une lumière tamisée et d'une odeur de pain d'épice. Un effet doux et apaisant.
Seulement, pour Juliette, elle lui procurait également un sentiment de nostalgie et de tristesse. Peut-être était-ce parce qu'il y avait moins de lumière la journée ou que sa solitude était particulièrement présente lors des fêtes de fin d'année, mais son cœur la faisait souffrir et son âme était fatiguée.
Dans trois jours, elle allait rejoindre ses parents et entamer des vacances de deux semaines. Trois jours à devoir garder bonne figure la journée et craquer le soir. Trois jours à devoir faire comme si tout son être n'était pas douloureux et son esprit mélancolique. Trois jours avant de pouvoir laisser libre cours à ce qu'elle ressentait réellement.
Trois jours de solitude, trois.
Les flocons étaient tellement épais. Ils venaient noyer les rayons des lampadaires, étouffant leur lumière et s'accrochant au sol froid avec fermeté. Réunis, ils formaient un tapis élégant et moelleux, craquant au contact du pas des passants.
La neige tombait, les secondes passaient et elle était assise sur le canapé, murée dans le silence.
« Tu sais Juliette, ne rien dire pourrait parfois être bénéfique si ce n'était justement pas l'un de tes problèmes. »
Cette dernière se détourna des fenêtres pour observer le Docteur Dumeil qui venait de prendre la parole pour la première fois depuis plus de dix minutes. Ses cheveux blonds étaient rassemblés en deux tresses distinctes et son pull en laine beige remontait jusqu'au haut de son cou. Un carnet ouvert sur les genoux, elle lui faisait face et attendait patiemment.
« Je n'ai rien à dire. » Répondit-t-elle en retournant à sa contemplation.
« Si c'était vraiment le cas, tu aurais annulé ton rendez-vous et tu ne serais pas assise devant moi à regarder par la fenêtre d'un air pensif. Il y a quelque chose qui te travaille et tu ne sais pas si tu veux en parler. »
La jeune fille baissa les yeux vers le rebord de la fenêtre sur lequel se trouvait un sapin miniature. Elle repensa à son appartement qu'elle n'avait pas pris le temps de décorer contrairement aux années précédentes. Son propre sapin dormait dans l'un de ses placards et n'aurait pas l'occasion de voir le jour.
Elle aurait pu le sortir, mais sa tête pleine de pensées l'en avait empêchée. Oui, quelque chose la travaillait, mais non, elle n'avait pas envie d'en parler. A quoi bon après tout ? Ça faisait déjà plusieurs semaines que le problème était là et elle ne pouvait rien y faire. En parler n'allait rien apporter de plus mis à part la ridiculiser davantage.
« Tout va bien. » Se contenta-t-elle de répondre, toujours sans se tourner vers sa psychologue.
Son mensonge était flagrant, même pour quelqu'un qui ne la connaissait pas du tout, alors il ne faisait aucun doute que la femme n'y croyait pas. Mais Juliette n'en avait rien à faire, elle ne pouvait pas la forcer à parler. Pas contre son gré en tout cas.

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On thin Ice
Teen Fiction[TERMINÉE] Seulement, pour elle, rien ne lui prodiguait autant de joie que de patiner avec lui. Elle savait désormais pourquoi elle avait voulu se lancer dans la danse sur glace. Le patinage était ce pourquoi elle se levait le matin et il n'y avait...