Chapitre 36

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Assis sur le canapé du salon, Louis regardait dans le vide, perdu dans ses pensées. Il jouait distraitement avec la bague qui se trouvait sur son majeur droit, essayant de donner un sens à ce qu'il ressentait.

Ce qu'Eléonore lui avait dit plus tôt dans la journée ne l'avait pas quitté une seconde. Il avait passé tout son temps libre à se demander si elle avait véritablement raison ou si, encore une fois, il se laissait influencer inutilement.

Malheureusement, et même s'il aurait préféré que la deuxième option soit la bonne, il avait l'impression que son inconscient lui disait qu'elle avait bien plus que raison et qu'il le remerciait de s'être enfin réveillé.

Sa drôle d'interaction avec Juliette n'arrangeait rien, la façon dont elle l'avait regardé le hantait. Il était persuadé qu'elle l'intimait à agir, à venir à elle avant qu'il ne soit trop tard parce qu'elle n'était pas capable de le faire.

Elle lui avait dit tant de choses en un si court instant, bien plus que durant l'intégralité de ces derniers mois. Il se sentait noyé sous le poids de ces informations et de la responsabilité qu'elles impliquaient. C'était comme si le temps était compté et qu'il n'avait plus le droit à l'erreur.

Mince, ce que cette réalisation voulait dire le terrifiait. Il avait passé des semaines à se convaincre qu'il ne ressentait plus rien pour Juliette mis à part l'amitié et l'affection qu'il lui avait toujours portée. Mais comprendre que ce n'était pas le cas et que ses sentiments n'avaient pas bougés était une sensation des plus horribles.

Il ne pouvait pas oublier que c'étaient ces mêmes sentiments qui avaient failli ruiner leur carrière et leur amitié. Sauf que ce n'était pas quelque chose qu'il était prêt à mettre à la poubelle et ce, peu importe si la situation était différente au jour d'aujourd'hui.

De plus, il devait penser à Elena. Il aimait beaucoup passer du temps avec elle, il aimait sa personnalité et ce qu'elle représentait. Tout était tellement facile en sa présence, il n'avait pas besoin de se poser de question, ni besoin de deviner ce qu'elle ressentait. Il n'avait pas d'amitié à briser, ni de carrière à mettre en péril.

Elle avait un effet apaisant sur lui et il n'était pas sûr de vouloir y renoncer. Il s'était également engagé auprès d'elle et il ne voulait pas la faire souffrir, elle ne le méritait pas.

Il était donc dans une impasse et vivait dans la contradiction permanente. Une partie de lui voulait quelque chose alors que l'autre voulait l'inverse, mais il y en avait aussi une troisième qui voulait tout envoyer en l'air et partir en courant dans la direction opposée.

Peut-être que c'était ce qu'il devait faire, il se poserait tellement moins de question et aurait enfin retrouvé sa tranquillité d'esprit.

Le garçon sursauta en entendant une voix l'interpeller. Il se retourna pour faire face à sa mère qui se tenait devant la table, les bras chargés en assiettes et couverts. Ses cheveux, qu'elle avait récemment décolorés et qui viraient sur un joli blond chaleureux, tombaient sur ses épaules et son regard marron le toisait avec attente.

Louis comprit rapidement qu'elle lui avait demandé quelque chose, mais qu'il n'en avait pas entendu un seul mot. « Quoi ? Non. » Son expression s'endurcit, ce n'était pas la bonne réponse. « Oui ? Quoi ? »

Sa mère leva les yeux au ciel et commença à mettre la table. « Tu pourrais nous aider tout de même, c'est pour toi que nous avons organisé ce repas. »

« La feignantise est innée chez les garçons maman, » déclara une nouvelle voix, « tu devrais le savoir depuis le temps. »

Louis se leva, fusillant sa sœur des yeux. Cette dernière avait délaissé ses lentilles pour ses lunettes qui agrandissaient son regard sombre et curieux, et entrait dans le salon avec plusieurs verres dans les mains. Un sourire mesquin sur les lèvres, elle l'observait d'un air suffisant.

On thin IceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant