Le malaise de trop

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Sebastian se sentait souvent observé dans les couloirs, et pas seulement parce qu'elle était toujours là, avec lui, ce qu'il nommait la chose. Il ne pouvait plus nié qu'elle était inhumaine, et juste une simple créature magique. Elle parlait et de plus en plus, surtout en classe de Lockhart, l'écrivain qui n'avait pas du tout sa place devant des élèves.

— Je ne comprends toujours pas pourquoi il est encore en vie, marmonna Blaise sur sa chaise, une table devant celle de Sebastian. Daphné... fais quelque chose... Pitié !

— Hein, quoi ? Répondit la jeune sorcière qui buvait les mots de son professeur si connu.

Blaise roula des yeux et se tourna légèrement pour regarder ce que faisait Sebastian.

Ce dernier lisait son manuel de métamorphose, s'avançant dans ses devoirs, profitant ainsi des cours inintéressants de Lockhart.

— Tu pourrais pas siffler à ton monstre pour nous débarrasser de ce prof ? Demanda Blaise, moqueur. Hein ? Ou le toucher ?

Sebastian eut un frisson et lança un regard noir à son camarade.

— Ne t'énerve pas, lui dit alors la chose. Sinon, on va avoir encore mal.

Sebastian rougit légèrement et détourna la tête. Il se concentra à nouveau sur la métamorphose, matière complexe et très dangereuse. Il soupira alors, abattu d'un coup. A quoi bon étudier ? Sa vie serait sûrement très courte et sinon, il allait finir fou, à cause de la douleur à chaque réveil de la malédiction. Il tourna la tête vers la fenêtre et observa le ciel, gris avec quelques nuages noirs qui se rapprochaient.

— Vas-y, lui dit la chose. Tu es un des meilleurs de ta promotion, personne ne dira rien si tu décides de te balader un peu.

Sebastian vit un hibou et pensa alors à ses parents. Il était effrayé de finir par mourir de douleur avant d'être rentré chez lui, que cela arrive alors qu'il serait seul à Poudlard. Il tourna la tête et observa ses camarades, qui s'ennuyaient en majorité mais étaient heureux, en bonne santé, avec des amis que tous pouvaient voir. Même Astoria ne souffrait pas autant que lui. Elle fatiguait plus vite, pouvait attraper froid au moindre changement de température mais elle avait quand même une belle espérance de vie, elle. Pas comme lui. Il le savait. Il le sentait. La chose aussi. Ça leur faisait peur. Ça les rendait triste aussi.

Il se forçait à manger à présent et surtout de ne pas partir trop tôt, au risque d'être encore pris pour celui derrière une future hypothétique attaque. Il s'obligea même à aller encourager son équipe malgré le temps, plutôt froid et humide. Il s'installa dans un coin d'un gradin, se retrouvant rapidement seul, avec bien deux mètres entre lui et les autres. Ils avaient peur de lui.

— Il a vraiment survécu à la mort, lui ? Demanda la chose, très curieuse.

Sebastian fixa le jeune attrapeur de Gryffondor. C'était vrai. Harry Potter avait survécu à un sort mortel. Il y avait de quoi être envieux.

— Papa doit savoir comment il a fait..., murmura Sebastian.

— Plutôt... comment ça s'est passé, répliqua la chose. Un bébé n'a sûrement pas le pouvoir de se protéger. Peut-être un de ses parents... mais... comment !? Ah... si seulement on le savait ! Peut-être qu'on saurait comment nous sauver !

— Nous sauver... et continuer à souffrir alors, marmonna Sebastian. Je... Je pourrais pas...

— La douleur peut rendre fou. Oui... Ah ! Je me sens si... hmmm ? Triste...

— En colère, dit Sebastian à voix basse. On... Nous sommes triste et en colère...

Nous. Sebastian commençait à accepter ça. Cette chose faisait partie de lui. Il ne pouvait fermer les yeux sur ce constat. Depuis, il avait remarqué qu'il n'avait plus de trous de mémoire dans ses journées, ou l'impression d'avoir fait quelque chose à travers le corps d'un autre. La chose était aussi moins violente. Elle savait beaucoup mieux contrôler la malédiction et ne l'avait pas réutilisé depuis l'année passé. Le problème venait surtout de lui, à présent. Il ne réagit à aucun moment du match, perdu dans ses pensées.

Âme NoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant