CHAPITRE 13

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La douleur de mon bras était moins douloureuse grâce à la nuit que je venais de passer. Cependant, les habitudes de mes nuits restaient les mêmes : mes cauchemars m'avaient tellement secoué que j'avais fini par vomir.

Assise dans la salle de cours, je me sentais mal à l'aise dans cette nouvelle salle : elle était plus étroite et les murs gardaient une odeur de renfermer. J'observais la poussière qui venait s'accumuler sur le dossier des chaises mais aussi, sur les meubles adossés au mur. L'agencement des tables avait changé et nous étions maintenant que deux par tables. Encore une fois, Julie la petite Sorcière était à mes côtés.

Notre professeur Scott arriva quelques secondes après mon installation. Il avait coupé ses cheveux qui lui tombaient au-dessus de ses épaules. Sa veste en cuir était ouverte, laissant entrevoit son t-shirt blanc.

Scott alluma le projecteur. Il balaya le bureau de sa main — des particules de poussière s'envolèrent pour aller se reposer ailleurs.

— Bien, commença-t-il en s'essuyant les mains. Nous allons continuer le cours de la semaine dernière sur le Prince Immortel. Quelqu'un peut me rappeler son histoire ?

Il scruta la salle de ses grands yeux, espérant une main levée. Au fond de la salle, un jeune homme venait de lever la main. Je pris une grande inspiration, soulagée de ne pas exprimer ma timidité devant tout le monde et d'être interrogée. Un garçon, plus jeune que moi, se leva pour prendre la parole. Il portait un t-shirt bleu froissé, deux fois trop grand pour lui, avec un dessin délavé ressemblant peut-être à une plage.

— Nous avons étudié le cas d'une infraction aux règles par un amour interdit entre un Démon et une Mortelle. Son père apprit la nouvelle et enferma son fils pendant des années. Pris de colère et de haine, il sortit de la pénombre, tua son père et réduit le peuple en esclavage pour retrouver sa bien-aimée en ruinant la richesse et le paysage des villes. Cependant, les Prêtresses interviennent pour l'empêcher de commettre plus de désastres.

Il s'assit en reculant bruyamment sa chaise tandis que le professeur nous pointa du doigt, l'image du vidéo projecteur. Il nous montra deux œuvres : un tableau et l'autre une sculpture.

Le tableau montrait un paysage idyllique, presque imaginaire où se trouvaient trois femmes. La première était assise sur une branche épaisse d'un arbre. Ses longs cheveux blancs tombaient et embrassaient l'herbe juste en dessous de la jeune femme. Les rides lui couvraient le visage et lui donnaient un air chaleureux comme toutes les bonnes grands-mères du monde. Sa robe blanche était magnifique, digne des plus grands défilés de mode dans mon monde. Elle semblait faite par de grands couturiers : elle était couverte par de somptueuses plumes blanches, d'amas de tulles qui lui donnaient du volume. Sa robe était recouverte par une simple cape de couleur verte. En son crâne, elle portait un joli diadème, faites de feuilles de chêne.

La deuxième avait les pieds dans l'eau. Sa peau noire avait des touches de cuivres sous la lumière du soleil. Elle portait un bandeau orné de perles qui couvrait ses cheveux. Sa combinaison était similaire à du cuir brun sur son corps. Sur son bras gauche, elle avait un brassard en or avec une pierre en son centre de couleur azur.

La troisième était assise sur un rocher, au centre du tableau. Elle semblait incarner une guerrière, prête à en découdre. Elle me faisait penser à Athéna dans la mythologie grecque. En effet, son corps était recouvert par une armure massive dont le cuissard et le plastron étaient d'une couleur argentée. Ses cheveux blonds et courts n'étaient pas cachés par un casque, comme nous avions l'habitude de voir chez les guerriers. Elle brandissait une épée dans sa main gauche vers le ciel. Un nuage blanc était derrière son dos. Je fronçais les sourcils pour essayer de reconnaître ce qu'elle possédait. D'après un premier coup d'œil, il s'agissait probablement d'ailes.

Le Prince Immortel (TOME 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant