Le Prince Immortel (TOME 1)

CHAPITRE 18

Le Roi Immortel était assis dans le salon. L'odeur du café émanait de la tasse devant lui. Entre ses mains, il tenait un livre et était plongé dans sa lecture. Le bruit venant de l'extérieur ne le gênait pas. Depuis la nouvelle, son serviteur ne donnait pas une seule minute de répit aux autres domestiques. Il voulait s'assurer que son maître soit protégé.

Les Prêtresses étaient au courant de sa disparition et donc qu'il était de retour. Depuis cette nouvelle, les bois étaient peuplés de monstres pour défendre le domaine du Roi. Le serviteur hurla deux ou trois fois sur plusieurs employés. Il replaçait quelques affaires dans la demeure, balayait le sol avec un balai plus grand que lui. Le serviteur examinait les bouquets de fleurs dans les vases. L'homme laissait les fenêtres ouvertes pour respirer l'odeur de la mer salée.

La légende du Prince Immortel ne tenait plus debout. Cet homme était devenu le Roi Immortel, celui de tout un peuple, l'un des plus puissants dirigeants. Supérieur aux Prêtresses, plusieurs peuples le respectaient pour sa grandeur mis à part les Anges. Ces êtres étaient des ennemis impitoyables pour les Démons. Le Roi maîtrisait des pouvoirs pour mener le monde à bien. Cet événement tragique n'était qu'une erreur, mais il ne pourra jamais réparer ses erreurs.

Cet individu venait de rejoindre sa chambre. Il s'écrasa contre les draps, parfumés au lilas avant de regarder autour de lui. Cet endroit éphémère était presque identique à la pièce d'origine, qui se trouvait dans son château. Les placards abritaient de nombreux vêtements qui lui appartenaient mais aussi, ceux de sa bien-aimée, à l'époque. Il souriait toujours quand il croisait toutes les robes qu'elle avait pu porter durant sa vie. Certains vêtements étaient encore parfumés de son odeur, un mélange doux et fruité. Plusieurs objets étaient disposés sur la coiffeuse, pour elle. Ses colliers, ses bagues mais aussi une brosse à cheveux l'attendait. Rien n'avait bougé depuis leurs rencontres.

Il se souvint d'abord de la douleur quand il fit séparer d'elle. Son âme venait d'être détruite à la seconde où son père était venu le chercher. Le corps inconscient de sa future épouse était allongé sur le sol, presque morte. La haine pour son père venait de naître lorsqu'il venait juste de la faire mourir sous ses yeux. Il s'était débattu de toutes ses forces, il avait tenté de lui résister mais en vain. En quelques secondes, il venait de perdre celle qu'il aimait.

Son père l'avait enfermé sous terre, parmi les condamnés à mort. Il l'avait enchaîné, battu, traité de la pire façon pour le laisser réfléchir à ses actes pendant plusieurs mois. Son paternel ne voulait pas s'attirer les foudres des Prêtresses. Il en avait même peur et refusait de se confronter à elle s'il devait le faire un jour. Il préférait perdre son titre de roi que de les voir pour être puni. L'ancien roi voulait protéger sa famille, d'une façon égoïste. Il était faible.

Le Roi immortel se souvenait des paroles affreuses, chuchotées à son oreille. Son père lui faisait perdre pied, l'insultait. Il profitait de la maladie de sa mère pour battre son fils avec une multitude d'objets douloureux.

Pendant des mois, sa force et son courage l'avaient abandonné. Il pleurait parfois à sanglots et il hurlait dans le plus profond des silences.

Jusqu'au jour où sa mère était venue lui rendre visite. Elle était malade et souffrante depuis plusieurs années et rien ne pouvait la soigner. Souveraine du royaume des Démons, elle avait ouvert le cachot pour se mettre face à son fils. La femme s'était mise à pleurer en s'excusant du sort qui était tombé sur son fils. Elle semblait malheureuse qu'il en soit arrivé ainsi. Elle était partie ensuite, sans dire un mot.

Le Roi avait entendu des paroles sages venant d'elle. Sa mère acceptait son amour pour une Humaine, elle avait tenté de retenir son époux pour éviter qu'ils soient séparés mais son mari n'avait rien écouté. Poussé par la haine et sa déception, il avait enfermé sa femme dans la chambre à coucher pour venir le chercher. Elle aurait voulu que les événements se passent autrement.