Le Prince Immortel (TOME 1)

CHAPITRE 17

— Tu n'as pas l'air dans ton assiette depuis ce matin.

  Amira avait raison. Après l'exécution de Dan, je m'étais réfugiée dans les toilettes pour vomir mon petit-déjeuner. L'aura qui émanait de la salle m'avait donné mal au ventre. De plus, sa mort était si brutale, quelque chose que je ne m'imaginais même pas possible dans ces écoles.

  Mon amie n'insista pas sur la question et elle continua à déguster la purée dans son assiette. Gus et les Jumelles mangeaient loin de nous. Ils ne nous regardaient pas et ils nous évitaient depuis la matinée. Amira et les trois individus s'étaient disputés à la sortie de l'événement de la matinée : Gus trouvait inadmissible le jugement de ce dernier car les professeurs n'avaient aucune preuve physique contre Dan. Ils s'étaient contentés de ses propos pour lui trancher la tête. Cette conclusion était hâtive puisqu'elle avait fait perdre la vie d'un innocent.

  Pourtant, Dan avait affirmé qu'il était de mèche avec Julia pour l'aider à trouver cette immortalité, tant convoité. Le choix des étudiants pour une prochaine Expédition permettrait de découvrir des indices pour retrouver les traces de notre ennemie. Depuis le début de ces disparitions à travers le monde, personne n'avait trouvé Julia.

  Egdar était également présent dans la salle où il mangeait en compagnie de différents professeurs et de la capitaine du Conseil : Elane. Décidément, elle n'arrivait pas à se détacher de l'individu. Elle lui souriait, brandissait l'écran de son téléphone sous ses yeux et maintenait sa main sur les bandages blancs du jeune homme. L'ambiance semblait tellement différente entre nos deux tables. Egdar semblait fatigué puisque des cernes tombaient sous ses yeux. Son regard croisa parfois le mien, me dévisageant.

  Nous nous levâmes pour aller déposer les plateaux et ensuite, prendre la direction du couloir pour notre prochain cours. J'allais passer mes premiers cours avec ma seule amie, pour une durée de trois ans.

  Nous nous dirigions dans la salle et je remarquais que nous étions loin d'être les premiers. Nous avions du mal à avoir une place assise jusqu'à ce que nous soyons logées au fond à gauche, dans un petit espace.

  Amira sortit aussitôt un grand livre de plusieurs pages devant elle. Il était en cuir et portait en son centre, un magnifique rubis rouge.

  — Cela peut paraître absurde, chuchota mon amie. Ce bouquin est mon arme.

  Quand elle l'ouvrit, je fus surprise par la qualité et la quantité de textes mais aussi par les photos qui décoraient les centaines de pages. Ces images exprimaient des animaux, des lieux, des armes avec dessous, un petit texte marqué de son écriture. Cependant, dans la plupart de ces textes, je reconnaissais l'écriture qui avait été inscrite au dos de la photo dans ma chambre. La calligraphie n'était pas aussi belle que celle écrite au dos de la carte postale.

  — Tu sais lire et écrire cette langue ?

  Mon doigt resté planté sur cette écriture alors que notre professeur venait d'entrer dans la pièce. Il déposa ses affaires sur bureau avant de prononcer un récapitulatif pour les nouveaux arrivants au sein de l'Armée.

  — Bien sûr, je sais lire et écrire cette langue, chuchota Amira en prenant un stylo. Il s'agit d'une langue ancienne, permettant d'être compris par n'importe quelle créature. Mon père était un expert pour m'apprendre cette langue.

  Egdar demanda le silence. Il nous adressa un large sourire et mes joues ne pouvaient s'empêcher de rougir.

  — Les Uniformes sont classés selon leurs magies, expliqua Egdar en se tournant vers le tableau. En effet, vous n'avez jamais été attribué au hasard dans ces groupes.